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La Guerre des mondes

Par Ledinobleu

Couverture d'une édition de poche du roman La Guerre des mondesLes dernières années du XIXe siècle, dans le Surrey, au sud-est de Londres. Un météore écrasé s’avère être en fait un cylindre de métal. Une construction artificielle. Et extraterrestre. Les promeneurs et les badauds s’en régalent et les autorités ignorent quoi en faire. Jusqu’à ce que le sommet du cylindre se dévisse et qu’une machine de guerre gigantesque en sorte pour exterminer à l’aide d’un « Rayon Ardent » tous ceux qui se trouvent à proximité. Bientôt, d’autres cylindres tombent à leur tour, dont sortent d’autres machines : la Terre est envahie…

Peu d’œuvres sont plus importantes dans la science-fiction que celle d’Herbert George Wells auquel le genre doit la plus grande partie de ses thèmes principaux, ou du moins ceux qui comptent parmi les plus fondateurs. Ainsi La Guerre des mondes introduit-il, dès 1898, la notion d’invasion de la Terre par des extraterrestres – en l’occurrence, des martiens. Ce thème se verra repris dans un nombre incalculable de productions du genre depuis ce roman originel, sur tous les médias, et au point de devenir un truisme de la science-fiction, voire un de ses clichés les plus éculés… C’est-à-dire, compte tenu de la prépondérance de la guerre – et donc des invasions – dans l’histoire humaine, une illustration d’un des aspects les plus sombres de l’humanité.

Beaucoup virent dans ce roman une condamnation, voire une dénonciation, ou à tout le moins une représentation, du colonialisme. Des rumeurs tenaces affirment que Wells aurait trouvé l’idée de ce roman au cours d’une conversation avec son frère sur les conséquences – désastreuses pour les autochtones – de l’arrivée des Européens sur l’île de Tasmanie… D’où les nets accents anti-impérialistes attribués à cet ouvrage depuis sa publication, et quelle que soit la nationalité de cet impérialisme – anglais, japonais, allemand, américain, chinois, etc. Et des accents d’autant plus fondés qu’on sait bien comment se termine les occupations en général.

Bref, La Guerre des mondes critique surtout cette manie du plus fort à imposer sa loi sous prétexte qu’il se sent menacé, et sans forcément l’être vraiment d’ailleurs ; c’est-à-dire, à y regarder de plus près, cette facilité avec laquelle les puissants rejettent leurs problèmes sur les autres au lieu de tenter d’y trouver une solution acceptable par tous – toute ressemblance avec l’actualité récente du monde financier est tout à fait volontaire… C’est en somme un discours tout autant éternel que généralisable à l’ensemble des activités humaines, et qui fait ainsi de La Guerre des mondes un réel chef-d’œuvre de la littérature, même bien au-delà du clivage des genres…

Dernier point digne d’attention, du moins dans le contexte bien personnel de ce blog : ce roman est aussi, et dans les limites de mes connaissances, la première fiction de l’Histoire à proposer des « mechas réalistes » – car c’est bien ce que sont les tripodes des martiens : des machines géantes et à l’image de leur pilote mais aussi produites en série, comme de nombreux « robots » de l’animation japonaise (1) ; ce qui somme toue convient très bien à l’époque de la rédaction de ce récit où les productions de la Révolution Industrielle prenaient un peu plus de place à chaque jour nouveau, dans la vie quotidienne comme dans les arsenaux militaires.

En dépit de son centenaire bien entamé, La Guerre des mondes conserve encore toute sa force et sa spécificité : loin de se cantonner au genre de la science-fiction seulement, cet ouvrage brille surtout par une illustration aussi pertinente qu’éternelle de certains des travers les plus pernicieux de la nature humaine.

Motivationnal poster sur le thème des tripodes martiens de La Guerre des mondes

(1) je pense bien sûr à l’anime Mobile Suit Gundam en particulier, ainsi qu’à toutes les autres œuvres du courant « Real Mechas » qu’il a inspiré et dont la liste est bien trop longue pour se voir reproduite ici.

Adaptations :

Le nombre d’adaptations de cette œuvre sur divers médias atteint des proportions pour le moins exceptionnelles ; en voici une sélection :

- au cinéma : La Guerre des mondes, en 1953, par Byron Haskin et La Guerre des mondes, en 2005, par Steven Spielberg.

- en musique : Jeff Wayne’s Musical Version of The War of the Worlds, en 1978, un album de rock progressif par Jeff Wayne, qui devint une comédie musicale en 2006 sous le titre The War of the Worlds.

- en jeu vidéo : Jeff Wayne’s The War of the Worlds, un RTS pour PC développé par Rage Software en 1998, mais aussi un TPS pour la Playstation développé par Pixeilogic ltd. la même année.

- en pièce radiophonique : le 30 octobre 1938, par Orson Welles et la troupe du Mercury Theatre ; cette adaptation demeure célèbre pour avoir fait croire à de nombreux auditeurs que la Terre se faisait en effet envahir par les martiens…

- en comics : La Guerre des mondes (H.G. Wells’ The War of the Worlds), en 2006, par Ian Edginton et D’Israeli ; ouvrage disponible aux éditions Kymera.

La Guerre des mondes (The War of the Worlds), Herbert George Wells, 1898
Gallimard, collection Folio n° 185, mai 2005
322 pages, env. 6 €, ISBN : 2-07-030855-3

- l’avis de Bruno Della Chiesa sur nooSFère
- les œuvres d’H. G. Wells sur e-books libres et gratuits


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