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Le trio de Jean-Philippe Viret émerveille le Duc des Lombards

Publié le 09 janvier 2011 par Assurbanipal

Jean-Philippe Viret Trio.

Paris. Le Duc des Lombards. Vendredi 7 janvier 2011. 22h.

Edouard Ferlet+ Jean Philippe Viret

La photographie de Jean-Philippe Viret et Edouard Ferlet est l'oeuvre du Républicain Juan Carlos HERNANDEZ.

Jean-Philippe Viret: contrebasse

Edouard Ferlet: piano

Fabrice Moreau: batterie

Concert de lancement de l'album "  Pour " du trio de Jean-Philippe Viret. Chronique à comparer avec celle d'un concert donné le 30 mars 2010 par le même trio au même Duc des Lombards.

Le chef commence seul en douceur, en profondeur. Son pur, chaud, en pizzicato, sans forcer. La beauté comme elle vient, comme elle va. Fabrice ajoute ses coups de baguettes, le piano enchante. C'est une sorte de valse décalée. Je ne le répéterai jamais assez: la musique est l'art de décaler les sons. Pas d'effet de manche. Il s'agit ici de tirer la musique vers le haut. Fabrice fait monter la pression. Le chef n'est pas en reste. Le piano ondule, serpente. Nouveau solo de contrebasse mais cette fois au milieu du trio. Fabrice est passé aux balais mais ne relâche pas la tension.

Le contrebassiste accorde son instrument. Piano et batterie le secondent. Puis la musique démarre en vagues souples et chaudes. Morceau avec une grande tension contenue, faussement paisible. Le batteur tient un maillet main gauche, une baguette main droite pour varier les sons et les plaisirs. Il repasse aux baguettes ponctuant de la main gauche ce qu'il construit de la main droite.Ca tourne bien comme une motocyclette dans les virages, se couchant à l'entrée, se relevant à la sortie. La part du chef c'est celle du contrebassiste en solo au milieu du trio. C'était " Les mots rebelles " et " Not yet " de JP Viret.

" Co errance " (Viret). Au Duc des Lombards, il est possible de dîner pendant le concert. Le pianiste profite de la générosité d'un spectateur pour reprendre des forces en plein concert. Morceau agité, fracassé. C'est bien la " co errance " et non la " cohérence ". C'est fougueux, tumultueux. Ca vibre, bouge, grogne. Puis ça se calme progressivement tout en restant tendu. Edouard triture les cordes de son piano avec le manche d'un maillet. Viret tapote ses cordes avec l'archet. Fabrice caresse les tambours, fait vibrer les cymbales. Cela devient étrange tout en gardant la pulsation. Viret passe l'archet sous les cordes, frottant le bois. Cela donne un son soufflé, curieux.

Retour au calme avec la contrebasse aux cordes pincées et relâchées. Ca monte lentement en puissance à trois. Nom de Zeus, que c'est beau! La salle est pleine et le public attentif. Cela fait plaisir à voir. C'est paisible et puissant. C'était " Le ré grave " (Viret)  basé sur la note la plus grave de la contrebasse.

" Page 345 " (Ferlet). Edouard commence avec sa seule main gauche. Il joue avec, lance, s'arrête, creusant les graves, entrecoupés de longs silences. Elle est marquée, cette page! Le groupe enchaîne. Les baguettes hachent menu le tempo. Ca dépote!

" La barge rousse " (Viret). Il s'agit d'un oiseau migrateur capable de faire 11500 km sans escale et sans ravitaillement. Combien d'honnêtes pères de famille, d'épouses vertueuses, de jeunes filles en fleur et de beaux jouvenceaux pourraient prétendre en faire autant? C'est un morceau magique comme le vol de cet oiseau. Ca plane. Edouard joue dans les cordes du piano, JP Viret fait vibrer celles de la contrebasse alors que la batterie frémit sous les maillets de Fabrice. Une grande vibrations nous emporte très haut, très loin. Edouard joue du cymbalum dans le corps du piano avec ses maillets. Ca sort de la musique pour documentaire animalier genre Nicole la Hulotte. (Pour en savoir plus, lisez La Hulotte, le journal le plus lu dans les terriers).

" Peine perdue " (Viret). Début à l'archet, vif. Edouard se lance dans la course. Un morceau qui sonne comme une course éperdue, une voiture qui file dans la campagne à la poursuite de la bien aimée perdue. Fabrice ponctue à son tour vif et subtil aux baguettes. Il y a tout un film dans cette musique. Vu le titre, il semble que le héros n'arrivera pas à temps. Le temps s'écoule plus vite que les kilomètres parcourus. Il pleut, il vente, il fait nuit. Un ralentissement soudain. Ca repart doucement. Fabrice passe aux balais sur un passage plus calme, à la tension contenue. Viret travaille à l'archet. Ca grince, vibre, tournoie. La course folle, éperdue, a repris. Paul arrivera t-il à temps pour sauver la belle Jessica des griffes de l'infâme Joss?

Il y eut un RAPPEL mais je me le garde pour moi. Mademoiselle F et Mademoiselle A ont apprécié elles aussi ce concert. Le trio de Jean-Phillippe Viret est une valeur sûre qui n'est pas prête de se démonétiser. Investissez dedans lectrices prudentes, lecteurs avisés.


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