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Numeros de series - Oz sweet Oz

Publié le 18 janvier 2008 par Benjamin Mialot
OzEn tant que blog d'une haute qualité intellectuelle (tant qu'il n'est pas interdit de rêver, j'en profite), L'Ombre du Z. se devait bien de se pencher un jour sur Oz, soit l'une des meilleures séries télévisées jamais produites, en dépit de son interruption à la sixième saison. Et je pèse mes mots.
Oz, c'est le diminutif d'Oswald, une prison de haute sécurité. En son sein se trouve Emerald City, un quartier expérimental, où sous la direction du dénommée Tim McManus, une équipe travaille à la réinsertion de tout un panel de criminels. Evidemment, il aurait été trop facile que cela fonctionne tranquillou : rivalités, coucheries, arnaques, meurtres, viols, émeutes, violences policières, traffics... Sur fond de tensions communautaires, la série produite par HBO déroule tout le catalogue de l'humanité en péril (personnel d'encadrement compris), sans concessions, mais aussi sans effets de manches gratuits. Ici, contrairement à Prison Break par exemple, l'image n'est pas clinquante, les personnages n'ont pas l'étoffe des héros et l'action n'est pas trépidante. Au contraire, qu'ils s'agisse des prisonniers, matons ou employés, le glamour a foutu le camp depuis longtemps et le rythme est celui d'un quotidien gavé de désillusions. D'où une série d'une dureté implacable, où les protagonistes ne font souvent pas long feu. Avant d'être aussitôt remplacés dans cet échéquier aux mouvements imprévisibles.
Ce qui n'empêche pas l'expression d'une certaine fascination, un rien morbide, pour toutes ces personnes lardées de failles, qui un jour égorgent leur prochain avant de, dès le lendemain, pleurer l'absence des leurs. Il faut dire qu'à ce titre, le casting est magistral et, par conséquent, irradie de charisme. Qu'ils s'agissent des Irlandais, des homeboys (les blacks), des musulmans, des nazis (brotherhood), des latinos, des italiens, des gays ou de ceux qui gravitent en électrons libres, c'est à se demander si la production n'a pas réussi à débusquer, à chaque fois, l'acteur idéal. On croise d'ailleurs quelques tronches connues comme Adewale Akinnuoye-Agbaje et Harold Perrineau (Mr Eko et Michael dans Lost), Christopher Melon et Bradd Wong (Law & Order : Special Victims Unit) ou encore J.K. Simmons (J. Jonah Jameson dans Spider-Man, Ladykillers...). En résulte une impressionnante galerie de destins en porte-à-faux, où l'on croise aussi bien un black dodu qui essaie de s'en sortir par le slam qu'un autre qui joue les guides spirituels, des petites frappes, des mafieux, des tueurs professionnels ou un avocat alcoolique qui a renversé une gamine, Tobias Beecher (phénoménal Lee Tergesen), lequel symbolise à lui seul la réthorique de la série en son état de pauvre type qui va devenir un psychopathe en puissance : on ne naît pas criminel, n'en déplaise à Nicolas Sarkozy, grand amateur de L'Ombre du Z..
De fait, contrairement à ce que l'enrobage pourrait laisser entendre après une vision partielle, Oz n'est pas qu'une boucherie naturaliste (souci du réalisme dans les faits, réalisation sans chichis, pas de trame continue mais une succession de journées comme les autres). Nombre de questions de société y sont en effet abordées (système pénal et carcéral américain, importance du politique dans de tels établissements, peine de mort, religions, homosexualité, relations père-fils...), et ce à travers une tonalité critique marquée (le gouverneur véreux) et une palanquée de références culturelles. Ainsi, chaque épisode est l'occasion pour le paraplégique narrateur (qui est également un protagoniste comme les autres) de nous causer des tragédies grecques, de Napoléon et de plein d'autres trucs métaphoriques, porté par une plume qui fait systématiquement mouche. Autant de tentatives réussies de ne pas se complaire dans la violence et le show, malgré le degré assez invraisemblable de méfaits qui surviennent, qui permettent de gratifier Oz du qualificatif "coup de poing", employé à tort et à travers alors que c'est bel est bien des bijoux de noirceur tel que celui-ci qui le méritent.
Oz - Casting
Oz
(HBO) - 1997-2003
Verdict du Père Siffleur
Père Siffleuret demi

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