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le président Nicolas Sarkozy est mort

Publié le 10 janvier 2011 par Despasperdus

Le week-end dernier, la médiacratie et la blogosphère ont célébré le quinzième anniversaire de la disparition du président François Mitterrand. Exercice de circonstances et quelque peu convenu...

Trop à notre goût d'où ce billet déjanté, mais pas trop, œuvre de fiction, un peu, nous avons imaginé que le président de la République - issu des rangs du Front de gauche - prononçait l'éloge funèbre du Président Nicolas Sarkozy.

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« Mes chers compatriotes,

Le président Nicolas Sarkozy est mort ce matin. Les français ont appris avec émotion la disparition de celui qui les a emmené dans une ténébreuse aventure.

Je voudrais saluer la mémoire de l'homme mais aussi rappeler sa banalité et sa mégalomanie.

Nicolas Sarkozy, c'est une catastrophe, grand amateur de bling bling, le shopping était pour lui une respiration naturelle.

Sa langue de camelot fut toujours la traductrice fidèle et sensible de sa cupidité.

Nicolas Sarkozy c'est une volonté.

Volonté de servir certains intérêts particuliers, l'oligarchie et le capitalisme, volonté de détruire le bien commun, les droits sociaux et les services publics qui permettent aux plus humbles de vivre décemment.

L'Europe, une Europe ultra-libérale dans laquelle la France soumise à l'Allemagne conservatrice de Mme Merkel occupait une place de seconde zone. Le monde, la France risée de la communauté internationale, ayant perdu toute ambition et indépendance en intégrant les forces de l'OTAN.

Mais aussi une façon de malmener notre démocratie jusqu'au népotisme, une démocratie manipulée, pervertie avec le débauchage de personnalités de l'opposition, le contrôle des médias et la ratification du traité de Lisbonne. Nos institutions en ont été discréditées.

En politique, Nicolas Sarkozy fut profondément respectueux de l'oligarchie et c'est pourquoi il décida d'abolir l'impôt de solidarité sur les grandes fortunes et les droits de succession. Respectueux aussi des intérêts de ses amis fortunés pour lesquels il devenait le VRP lors de ses déplacements à l'étranger. Il ne cessa d'intervenir partout où ils étaient bafoués.

Ses choix étaient clairs, et il les a toujours fait au nom du Capital.

Mais Nicolas Sarkozy, c'est d'abord et avant tout, je crois une vie paradoxale, au sommet de la pyramide sociale et en même temps, une vie intérieure stérile et misérable.

Certaines existences sont paisibles et engrènent des jours semblables et parsemés d'inconvénients et d'événements privés.

Le président Nicolas Sarkozy, au contraire, donne le sentiment d'avoir lutté contre sa propre vie, il a violenté son siècle et son peuple.

Plus de 50 ans passés au cœur de l'arène politique, au cœur des choses en train de s'accomplir : la guerre, la roublardise, la traitrise, les complots, les petits arrangements entre amis, les coups de pouce, les mandats électoraux à Neuilly, les ministères dont tout jeune il assume la charge, la campagne présidentielle de Balladur, ses amis politiques encombrants, le 1er cercle, l'appartement de l'ile de la jatte. Les deux quinquennats enfin où il démontrera toute sa petitesse et son étroitesse d'esprit, imprimant la marque de ses talonnettes, son style rabougri à la France, les années 2000.

Mais Nicolas Sarkozy n'est pas réductible à son parcours. S'il niait sa vie c'est parce qu'il avait la passion des séries américaines. Passion qui nourrissait et entravait son être ubuesque.

Le vice dans toutes ses formes dans les jours et les nuits au château, la vie d'Auteuil Neuilly Passy, la vie de la bande du Fouquet's, vices privés et vertus publiques, cette oligarchie qu'il a admirée, presque charnellement.

Il connaissait notre pays jusqu'aux limites du périphérique, et partout, il avait une relation d'affaires, un donateur, un banquier, un actionnaire, un maitre et un serviteur. Car il avait la passion du pouvoir et de l'argent, la fidélité que l'on doit à ses créanciers était pour lui un dogme qui l'emportait sur tout autre. Et il suscita en retour de fidèles clientèles au travers des années, des nominations, des privatisations, et des affaires.

Ma situation est singulière car j'ai été l'adversaire du président Nicolas Sarkozy et je suis aujourd'hui son successeur. Tout cela tisse un lien particulier où il entre du dégout pour l'homme d'État qu'il ne fut jamais et de la pitié pour l'homme privé qui a été renversé par une vieille voiture qui ne satisfaisait aux normes du grenelle de l'environnement.

De cette relation avec lui, contrastée mais ancienne, je retiens l'obstination quand elle est soutenue par l'aveuglement, l'entêtement de mettre la finance au cœur de tout projet, le poids aussi de l'inculture.

En ce soir de deuil pour notre pays, j'adresse à Lady Gaga Bruni-Sarkozy et à sa famille le témoignage de mes plus sincères condoléances.

A l'heure où Nicolas Sarkozy entre dans l'histoire je souhaite que nous méditions son message.»


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