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Interview d'Etienne Barillier (1/5)

Publié le 10 janvier 2011 par Acdehaenne

Etienne Barillier est un essayiste que j'ai eu la chance de découvrir grâce au podcast du Palais des Déviants. En ce début d'année, il vient faire un immense cadeau au Blog de A.C. de Hænne en nous accordant une magnifique interview...

A.C. De Hænne : Pour commencer, serais-tu d'accord pour nous donner quelques détails biographiques te concernant ?

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Étienne Barillier : Bien sûr ! Je suis un enseignant, d'une petite quarantaine d'années. J'ai longtemps collaboré à des revues, à des sites d'informations, comme celui de la Yozone, j'ai aussi développé quelques projets personnels sur la toile. En 2006, j'ai franchi le pas de l'écriture en participant au splendide projet de la Bibliothèque Rouge, aux Moutons électriques, en prenant la charge de la biographie de Fantômas. J'ai enchaîné en me lançant dans la rédaction de Steampunk !, cette fois pour la nouvelle collection d'essais du même éditeur.

A.C. : Au début du mois de décembre, tu étais à Elven, pour le Festival des Littératures Populaires. À cette occasion, tu as donné une conférence sur Fantômas. J'ai eu l'immense plaisir de t'entendre via un podcast proposé par le site d'ActuSF. Peux-tu nous donner plus de détails sur cette manifestation ?

E.B. : Il s'agit d'une manifestation annuelle qui dure le temps d'un

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week-end. Elle est constituée d'une première journée, ouverte au public, avec des communications portant sur un thème unique. Le deuxième jour est un petit salon du livre, dédié à cette littérature que nous aimons tant. L'édition de cette année était consacrée au centenaire de Fantômas, le Maître de tous et de tout ! J'ai eu le plaisir d'en être l'invité d'honneur, d'y rencontrer de nombreux amateurs et érudits, aussi sympathiques que passionnés.

A.C. : Tu as publié « Les Nombreuses Vies de Fantômas » dans la collection de la bibliothèque rouge des Moutons électriques. Que peux-tu nous dire de ton intérêt pour ce grand antihéros de la littérature populaire ?

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E.B. : Ah. Fantômas, je le fréquente depuis ma jeunesse. Il représente une figure unique en littérature, aussi bien par son rythme d'écriture incroyable - trente-deux romans publiés en trente-deux mois - que par la figure du Mal absolu qu'il incarne. Il est dans notre culture nationale, dans notre imaginaire collectif, comme une référence permanente, mais un peu oubliée, car les livres ne sont plus tellement lus.

Les gens savent que le Fantômas des films de Jean Marais et Louis de Funès n'est qu'une pantalonnade, qu'il y a autre chose derrière, quelque chose de bien plus violent, drôle et terrible.

Fantômas est un personnage qui a rencontré un immense succès populaire tout en étant une référence dans les milieux intellectuels surréalistes. Fantômas apparaît aussi bien chez Queneau que Magritte, Cendrars qu'Apollinaire. La création de Pierre Souvestre et Marcel Allain demeure comme un jalon incontournable de la littérature populaire de la Belle Époque. Il revient au cinéma bientôt avec Christophe Gans derrière la caméra. Je suis curieux de découvrir les premières images.

Le Maître du crime va sûrement frapper de nouveau. Mais où ?

A.C. : Pour écrire cet essai, tu as dû lire les 32 romans de la série écrite

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par Pierre Souvestre et Marcel Allain. Tous ne sont pas disponibles en librairie. Comment t'es-tu procuré l'œuvre complète ?

E.B. : Les seize derniers romans sont disponibles dans deux volumes dans la collection Bouquin, avec un important travail éditorial de Francis Lacassin. Il s'agissait alors de compléter les seize premiers volumes qui étaient encore distribués à l'époque. Malheureusement ils ne le sont plus ! On les trouve aisément chez des bouquinistes, chez Abebooks bien sûr dans diverses collections. Mais attention : certaines se vendent à prix d'or !

Espérons que Bouquins complète l'intégrale. L'année 2011 serait idéale pour ça.

A.C. : En écoutant ta conférence, et celles des autres intervenants, il y avait une question qui me brûlait les lèvres. Je sais qu'il y a eu une adaptation cinématographique signée dès 1913 par Louis Feuillade. Que penses-tu de celle de 1964 avec Jean Marais et de Funès ?

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E.B. : Je l'aime pour ces qualités et ses défauts. Ce sont des comédies populaires qui n'ont qu'un rapport lointain avec les romans. Les films n'ont même que peu de liens de l'un à l'autre, avec une continuité limitée au retour du trio de personnages principaux, tandis que les personnages secondaires disparaissent d'un épisode à l'autre.

Il est intéressant de voir comment certains thèmes des romans apparaissent en filigrane, s'imposant presque sur des scénarios assez convenus, pour ne pas dire médiocre. Je pense au thème du double, avec le personnage de Fantômas auquel Jean Marais prête son corps et sa gestuelle, tandis que la voix est celle de Raymond Pellegrin. Il est dommage que les films n'aient pas tenté, même un peu, d'aller vers des territoires plus ambitieux.

Les films sont rapidement devenus des véhicules le génie comique de de Funès, sur fond d'une parodie gentille des films de James Bond.

Les films de Louis Feuillade sont par contre des merveilles... aussi bien

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pour le style de Feuillade, que pour la fidélité des adaptations. Le coffret DVD édité par Gaumont est indispensable dans toutes les vidéothèques dignes de ce nom.

A.C. : Venons-en à présent à ton autre centre d'intérêt littéraire : le Steampunk. Début 2010 sortait, toujours aux Moutons électriques, mais dans la collection de la Bibliothèque des Miroirs cette fois-ci, ton superbe essai consacré à ce genre particulier de l'Imaginaire. Ce livre, j'avais eu l'immense plaisir de le chroniquer ici et là. On te sent passionné par ce sujet. D'où te vient cette passion ?

Voilà, c'est tout (?) pour aujourd'hui. La suite arrive dès demain...

A.C. de Haenne


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