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Hortefeux, les abattoirs et les musulmans

Publié le 11 janvier 2011 par Bernard Girard
C'est une histoire édifiante que nous a racontée ce matin Jean-Claude Nouët, le Président de la Fondation Droit animal, éthique et sciences.
D'après une enquête de l'OABA 28% des gros bovins, 43% des veaux et 62% des ovins-caprins sont en France abattus sans être au préalable étourdis alors même que la loi impose cet étourdissement depuis plus de trente ans et n'accorde de dérogation qu'aux abattages rituels pour les viandes cacher et halal.
Toute cette viande n'est évidemment pas consommée par des musulmans ou juifs particulièrement pieux.
En fait, les abattoirs profitent de la dérogation pour raccourcir leur processus de production au risque de faire souffrir les animaux pendant de longues minutes (un bovin égorgé peut, d'après Jean-Claude Nouët, rester conscient jusqu'à 14 minutes avant de mourir). La situation est intolérable pour tous ceux qui sont sensibles aux souffrances des animaux. Loin d'être des ayatollah de la défense des droits des animaux, ils demandent seulement que la méthode d'abattage utilisée soit indiquée sur les étiquettes de viandes de boucherie. Ce qui parait de bon sens, ne devrait gêner personne et pourrait inciter les abattoirs à faire preuve de plus de respect pour les animaux qu'ils abattent. Le sujet est abordé à Bruxelles. Principal opposant : le ministre de l'intérieur (et des cultes) Brice Hortefeux : "je m'y oppose formellement, pas question d'inquiéter la population musulmane!"
Venant d'un ministre de l'intérieur condamné pour injure raciale, cette "délicatesse" laisse rêveur. D'autant plus que l'on ne voit pas bien pourquoi les musulmans seraient choqués : bien au contraire, un étiquetage obligatoire offrirait une garantie à ceux qui ne veulent manger que de la viande abattue selon les rites. Mais voilà : l'Islam a donné lieu à tant de dérapages que l'on n'ose plus prendre des mesures de bon sens dès lors qu'elles pourraient être mal interprétées. Les dérapages à la Hortefeux ont des conséquences inattendues. Dommage pour ces animaux et pour les consommateurs qui préféreraient que les animaux dont ils mangent la viande ne souffrent pas trop.

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