Magazine Culture

No country for old men, traque sans merci dans un Texas désespéré

Publié le 19 janvier 2008 par Christophe Greuet

A peine un an après sa parution française, le roman de Cormac McCarthy se voit porté à l’écran. Après une échappée réjouissante dans la comédie, les frères Coen reviennent au film très noir qui les a fait connaître, et signent probablement l'un de leurs meilleurs films. Une traque sanglante et hautement brutale qui prouve que non, ce pays n'est définitivement pas pour le vieil homme.


En juin 1980, les plaines arides du Texas sont sillonnées par Anton Chigurh (Javier Bardem) un chasseur de primes brutal qui, armé d’un fusil à air comprimé, multiplie les victimes sur son passage. Arrêté par la Police locale, Chigurh s'enfuit après avoir brutalement assassiné l'officier qui l'a capturé. L'enquête est prise en main par un shérif vieillissant, Ed Tom Bell (Tommy Lee Jones). En parallèle, Llewelyn Moss (Josh Brolin), un jeune chasseur de chèvres sauvages découvre un échange de drogues qui a mal tourné et fait de nombreuses victimes. Sur les lieux du drame, Moss trouve une mallette contenant deux millions de dollars et un émetteur. Décidant de prendre la fuite avec l'argent, il va devenir la cible de Chigurh. Entre les deux hommes commence alors une traque sans merci, sous l'oeil impuissant de Carla Jean (Kelly McDonald), la femme de Moss, et d'un Bell anéanti par la violence des meurtres perpétrés.
No country for old men fait partie de ses très rares films qui semblent avoir trouvé une adéquation parfaite entre réalisateurs, scénario et casting. Qui mieux que les frères Coen aurait pu adapter un roman aussi violent et mélancolique que celui de Cormac McCarthy ? Probablement personne, tant les deux frères sont ici à leur aise dans ce Texas ultraviolent qu'ils avaient dépeint lors de leur premier film, Sang pour sang. Pourtant, ce savoir-faire aurait probablement moins d'ampleur sans les performances hors du commun des trois acteurs principaux. Au premier plan, Bardem campe un tueur sanguinaire implacable, auquel l'acteur donne une dimension métaphysique d'exception. Dans le rôle du "vieil homme", Tommy Lee Jones fait une performance aussi minimaliste que profonde, dans un film habité par le ressentiment. Enfin, Brolin est un voleur torturé, dont la pathétique fuite en avant masque une terreur rampante et persistante.
A ce trio s'ajoutent deux personnages supplémentaires, qui habitent chaque plan du film. En premier lieu, ce Texas oppressant, théâtre de la décadence d'une société encore traumatisée par le Vietnam. Les frères Coen donnent à ce décor une épaisseur palpable, grâce à de longs plans fixes et quasi muets, témoins funestes d'une violence aride et moite. Quant à elle, la mallette tant convoitée est l'un de ces fils rouges caractéristiques des grands thrillers. Le spectateur devient à son tour traqueur de ce symbole d'une cupidité hautement meurtrière.
Les dernières scènes du film viennent parachever le sentiment de malaise qui a torturé le spectateur pendant plus de deux heures. A l'image du roman qui l'a inspiré, No country for old men renferme cette violence des actes et cette perdition des sentiments, sinistres composantes d'un cauchemar sans réveil.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Christophe Greuet 373 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine