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Le déjeuner sous l'herbe (By Moana)

Publié le 12 janvier 2011 par Lifeproof @CcilLifeproof

Les fêtes de fin d'année. C'est Noël et le jour de l'an.

On va avoir des cadeaux, on va se réunir en famille, mais surtout, surtout… on va bouffer comme des chancres! Au menu de Noël: saumon, chapons aux marrons, huîtres, oursins, foie gras, purée de pommes de terre aux truffes, plateau de fromages, buche et 13 desserts… le tout arrosé de bons vins et de champagne! Bref! La crise de foie assurée!

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 Daniel Spoerri, Tableau-piège Restaurant City Galerie, 1963

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Le 23 avril 1983, Daniel Spoerri organise un grand banquet où il convie 120 personnalités du monde de l'art contemporain. Au milieu de ce repas de tripailles, le banquet est enterré dans une tranchée de 60 mètres de long dans la pelouse. (Rappelant à Spoerri la Shoah par balles dont fut victime son père). Tables, nappe, vaisselles, restes de repas sont recouverts par des mètres cubes de terre. Cette performance intitulée l'enterrement du "tableau-piège" marque la fin de cette série.

L'enterrement du "tableau-piège", Jouy-en-Josas, Yvelines, 23 avril 1983

Flash back. En 1968, Daniel Spoerri ouvre un restaurant à Düsseldorf où il sert les plats qu'il prépare. A la fin des repas de ses clients, il piège tout ce qui reste sur la table en les collants, les figeant ainsi dans un état d'abandon. En les passant par la suite de l'horizontalité de la table à la verticalité du mur, on se retrouve face à une vue complètement loufoque pour nous: Cette vue n'est pas du tout naturel. Elle fiche le tournis. Il les nomme donc tableaux-pièges.

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Mettre le paquet II, 1965

Mais par cette symbolique forte, Daniel Spoerri nous questionne sur notre civilisation. Notre belle et grande culture sera elle aussi fossile. Notre quotidien le plus anodin sera un jour le sujet d'une équipe de recherches fouillant nos restes qui leur seront inconnus.

Il nous parle aussi du corps posé dans la terre, subissant la résilience du lieu, capable de faire corps avec celui-ci. De l'intégrer. De le digérer. De le cicatriser. De le faire disparaître.

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Des archéologues de l'équipe de l'INRAP, Jouy-en-Josas, 5 juin 2010

Voilà comment Daniel Spoerri humanise sont œuvre. En enterrant, comme on enterre un être cher, son dernier tableau piège. En le fêtant avec ses amis pour se souvenir de lui. Et en l'exhumant enfin pour voir à quoi ressemble son "être cher" après 17 ans sous la terre.


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