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Sex shot, le nouveau polar de Michel Leydier

Par Magazinededicace

Sex shot, le nouveau polar de Michel LeydierEntrevue par Annie Gomiéro : Michel Leydier publie son dernier roman noir « Sex shot », chez Pascal Galodé Editeurs. Michel Leydier est un « vieux » routard du polar. Il a publié plusieurs romans noirs (chez Flammarion, Hachette…), ainsi que des recueils de nouvelles, tout aussi noires (chez Librio, Les Belles Lettres…). Nombre de ses nouvelles ont été publiées dans la presse : Ouest-France, La Montagne, L’Express… ou en collectifs. Il est également l’auteur de la biographie officielle de Jacques Dutronc (Seuil, 2010).

Certains de ses textes ont été adaptés par la RTBF ou France2. Sa nouvelle « Service de nuit » fut un des épisodes des Enquêtes d’Eloïse Rome diffusé sur France2. Michel Leydier sait aussi trouver le ton juste pour s’adresser à un jeune public : « Benjamin, fils de flic », édité chez Syros, est une série polar pour préados pour laquelle il a écrit six épisodes à ce jour. Polardeux au clavier de son PC, Michel Leydier connaît aussi très bien la musique. En effet, dans les années 80, l’écrivain fut agent d’artistes, manager et tourneur. Il a notamment travaillé avec un immense Québecois : Plume Latraverse, excusez du peu !

Le tout nouveau polar de Michel Leydier, « Sex shot », renoue avec un jus bien noir, une école française du polar qui ne mâche pas ses mots. « Sex Shot » pousse le battant des snuff movies : des mises à mort filmées à des fins mercantiles. C’est dire que la poignée maculée de cette porte de l’enfer est à tourner avec précaution, et Michel Leydier le fait aujourd’hui pour les lecteurs de Dédicaces.ca.

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Depuis quand méditiez-vous d’écrire un polar aussi dur que « Sex Shot » ? « Sex shot » est un vieux projet, si je puis dire. Le sujet est tellement délicat que j’ai dû m’y prendre à plusieurs reprises avant de trouver le ton qui convenait. On ne peut pas parler de snuff movies avec complaisance. Il faut suggérer les choses tout en faisant comprendre au lecteur qu’il s’agit d’horreur à l’état pur. D’où la difficulté. L’envie d’écrire sur le sujet m’est venue à la lecture (il y a une douzaine d’années) du roman de Gregory McDonald : « Rafael, derniers jours », où le thème du snuff était suggéré au début du livre. Je n’avais jamais entendu parler de ce genre de films auparavant et j’ai pris une telle claque que j’ai voulu en faire le thème central d’un de mes romans.

Les snuff movies sont du business, comme la drogue ou la prostitution. Pensez-vous que le polar français a su prendre le tournant de la mondialisation en dénonçant la triste réalité ordinaire et planétaire ? Est-ce votre démarche ? Non, je ne me pose pas ce genre de question lorsque je me lance dans un roman et je laisse le soin aux journalistes et aux spécialistes du polar de tirer (ou pas) ce type de conclusion. Ce qu’il convient de préciser, en revanche, c’est que le snuff movie n’est peut-être qu’une « légende urbaine », un énorme fantasme collectif. Je me suis quand même renseigné avant d’écrire sur le sujet, et il apparaissait alors que personne n’avait jamais été condamné pour avoir produit ou tourné de tels films, que ce soit en France ou ailleurs. Et c’est très bien comme ça. Maintenant que le polar ait aussi pour rôle de dénoncer les dysfonctionnements de nos sociétés, cela me parait une évidence, mais ce n’est pas nouveau. Et l’horreur n’a hélas pas attendu la mondialisation pour exister partout où l’homme se trouve.

Vous avez côtoyé des très grands de la musique comme Plume Latraverse, et nombre de grands bluesmen américains comme Luther Allison ou John Lee Hooker. Mais aussi des groupes africains comme Xalam, des anglais comme Wilko Johnson ou Alvin Lee… La musique influence-t-elle votre écriture ? Je pense que oui, mais là encore, je ne suis pas le mieux placé pour en juger. C’est aux lecteurs de trouver des influences. La musique est omniprésente dans ma vie, c’est un fait. Si j’avais eu des talents de musicien, j’aurais fait de la musique plutôt que des livres. La musique dépasse toutes les formes d’art, à mon sens. Il y a un rapport immédiat avec la musique, et surtout une universalité. Mes poils se dressent instantanément lorsque j’entends une musique qui me touche. Aucun livre ne m’a jamais procuré des sensations aussi fortes… Mais on me dit souvent que j’ai une écriture plus cinématographique que musicale. Ça me va aussi… Et puisque vous évoquez le grand Plume, je voudrais ajouter que je ne l’ai hélas pas côtoyé longtemps, car il a cessé de venir chanter en Europe très tôt après notre rencontre, mais je garde le souvenir d’un homme délicieux, et tellement drôle ! Et quelqu’un d’authentique !

Vous avez écrit plusieurs recueils de nouvelles noires et avez participé à de nombreux recueils collectifs. Pourquoi ne pas broder autour de chaque nouvelle, et en faire un roman? Une nouvelle, en l’étirant, ne donnera jamais un bon roman et vice versa. Ça ne se construit pas de la même façon. Une nouvelle est un coup de poing, quand un roman serait plutôt un long bras de fer. La nouvelle tient sur un point d’orgue que quelques pages suffisent à amener. Si vous développez « Matteo Falcone » de Prosper Mérimée, ça deviendra très vite ennuyeux. De même, si vous synthétisez « Voyage au bout de la nuit », ça donnera un synopsis sans âme. Chaque histoire que l’on cherche à raconter impose sa longueur et exige une construction adéquate. Si l’histoire est bonne et que malgré tout ça ne fonctionne pas, cela veut dire que vous vous êtes trompé de format, ou d’angle.

Vous connaissez les Etats-Unis et le Canada. Projetez-vous d’écrire un polar qui se situerait au Québec ? Euh… J’ai passé trois mois aux États-Unis il y a plus de trente ans, et je n’y suis jamais retourné. Ça a pourtant été une expérience inoubliable, j’ai traversé le pays de part en part, de New York à Los Angeles, au volant d’une coccinelle Wolkswagen, avec mille péripéties à la clé. Un vrai western ! Quant au Canada, je n’y ai hélas jamais mis les pieds. Impossible, donc, dans ces conditions, de situer une histoire là-bas.

Vous animez régulièrement des ateliers d’écriture en milieu scolaire, ou dans les clubs du troisième âge. De quoi parlez-vous à votre public? De Jacques Dutronc, ou de polar bien noir ? J’ai effectivement animé de nombreux ateliers d’écriture, pour toutes sortes de public, je le fais moins aujourd’hui, faute de temps. Mais quand cela m’arrive encore, je suis bien sûr davantage invité à y parler de polar que de Dutronc, bien que rien ne l’interdise. Il faut savoir s’adapter au public en face de soi. Les enfants en général ne savent pas qui est Dutronc. En revanche, piquer la trousse du copain ou se faire racketter en sortant de cours, ils savent tout de suite de quoi on parle, et là on est déjà dans le polar. Mais je peux tout aussi bien leur parler de foot ou du top50…

Vous vous occupez actuellement de la novélisation exclusive de la série télévisée « Foot 2 Rue » de France 3 avec une trentaine d’épisodes parus à ce jour, et plus d’un million et demi d’exemplaires vendus pour cette série, chez Hachette. Comment expliquez-vous le succès de cette série ? C’est une série qui parle de foot, un sujet qui passionne les enfants, et pas que les garçons. J’ai accepté ce travail d’adaptation car pour une fois, me semble-t-il en tout cas, on s’adresse à des enfants en dénonçant la violence ou les mauvais côtés du sport (dopage, tricheries…) au profit de valeurs plus nobles comme le respect, le fairplay, la solidarité… Par ailleurs, les personnages de la série sont intelligemment campés et les intrigues bien menées. Je pense que tout cela fait le succès de la série. Et bien sûr, ça passe à la télé, donc…

Comment faites-vous pour passer d’un genre à un autre ? Je dirais que c’est plus salutaire qu’autre chose. Il faut que l’écriture demeure un plaisir. Et la routine a tendance à user le plaisir. Je pense que je me lasserais si je n’explorais pas régulièrement de nouveaux champs d’écriture. Et je suis loin de les avoir tous épuisés. Écrire pour les enfants, par exemple, entre deux romans noirs, est très rafraichissant pour l’esprit.

Quels sont vos projets ? Je termine un recueil de nouvelles noires pour les éditions Pascal Galodé, qui sortira en mai 2011. Il s’agit de textes ayant pour fil conducteur le Maroc, pays où je suis né et où j’ai vécu jusqu’à l’âge de dix-huit ans. J’ai plusieurs autres projets en chantier, mais tant que les choses ne sont pas finalisées avec un éditeur, je préfère ne pas en parler, peut-être par superstition…

Sex shot, par Michel Leydier
Pascal Galodé Editeurs, Coll. «Thriller»
ISBN : 978-2-35593-1130
Bibliographie de Michel Leydier

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Entrevue par : Annie Gomiéro
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