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« Pour qui sonne le glas » ?

Publié le 14 janvier 2011 par Roodyedme

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La catastrophe du 12 janvier demeure pour l’instant une terrible leçon que nous prenons du temps à digérer. Au moment où j’écris ces lignes, il est 4h56, le 12 janvier 2011. Et je me dis que le souvenir de nos morts devrait nous conduire à plus de responsabilités. Et que le souvenir de cette balafre meurtrière qui a défiguré le tissu social haïtien devrait se traduire par une meilleure résolution pour la nouvelle année qui devra voir s’éloigner le spectre de la guerre civile rampante que ne cesse de nous promettre les machinateurs de nos troubles.

Que valent en effet les manœuvres futiles d’Etat-major pour le contrôle d’un pouvoir d’Etat en faillite face à tant de désolation ? Vraiment dans notre cas, la politique ne saurait suffire, il faut une nouvelle éthique de la responsabilité. Un réveil civique dans les plus hautes sphères d’une société meurtrie en détresse de régénérescence. Déjà, dans une nouvelle « sociologie prospective », le responsable d’une ONG suisse déclarait cette semaine « On ne sauvera pas Haïti de la pauvreté », comme pour dire que les Haïtiens eux-mêmes se condamnaient à l’humanitaire. Un ambassadeur d’une puissance amie,  renchérit : « ils ne savent même pas ou ils veulent construire leur administration ». La seule manière de s’inscrire en faux par rapport à ces constats forcément douloureux est de se mettre au travail. D’envisager plus sereinement les bases de la reconstruction, loin de la tour de Babel médiatique de l’après 12 janvier 2010.

Nous n’avons pas encore comme le constatait une fois le Dr Pompilus dans Anténor Firmin, repris dans un ouvrage du sociologue Claude Souffrant, démenti les sombres prédictions de Gobineau qui voyait l’avenir de notre pays comme une histoire cyclique de massacre des opposants par des groupes au pouvoir. A tour de rôle.

Il prédisait en plus la désertification actuelle comme la résultante d’un désordre institutionnel qui devrait être le lot de la première république noire.

Aujourd’hui que de nouvelles prédictions se formulent, il serait temps de mettre en déroute la « malédiction » de Gobineau, non pas cette fois-ci à travers une réfutation théorique, mais dans la construction résolue d’un nouvel Etat et d’une société axée sur la connaissance et non la mystification.

Au lendemain de la catastrophe, les principaux éditorialistes prenant la pleine mesure de l’événement incitaient à rebâtir en mieux la « Maison » nationale. Force est de constater que nous sommes encore hébétés et pliés sous le poids d’une tragédie, certes sans précédent. L’Etat décérébré n’a point de boussole et la communauté internationale au début généreuse se perd dans le chaos haïtien, certaines ONG y ajoutant leur propre désordre.

La nature dit-on a horreur du vide, elle n’attendra pas pour poursuivre avec son lot saisonnier de cyclones et de « lendemains qui tremblent » pour reprendre le titre d’un colloque qui a lieu à Genève autour de la problématique haïtienne.

Un an après la catastrophe, le monde entier a les yeux  fixés sur le défi haïtien, la société haïtienne tambourine bruyamment aux portes rebelles d’un changement qui se fait attendre. L’intérêt pour ce pays meurtri grandit tout de même  à l’intérieur comme à l’extérieur. Il n’y a qu’à voir cette mobilisation sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter ou une masse critique de jeunes militants s’intéresse de plus en plus à l’avenir de leur pays. Et malgré failles et choléra, ces jeunes clament leur désir de revenir au pays natal et d’en découdre aves les forces invisibles et fatales du sous-développement, lesquelles sont de tous les temps et de tous les régimes.

De ce côté, l’espoir ne mourra pas. Mais il est plus que temps que ce pays habitué aux défis et au combat permanent commence à se délester de ses décombres et à combler ses failles civiques à terme plus létales que les failles géologiques. C’est la meilleure sonnerie que nous pourrions dédier à nos morts.

Pour cela, la révolution doit se faire ! Elle sera civique, morale et politique. Elle devra balayer les vielles méthodes et faire disparaitre les démagogies et les archaïsmes d’un management intéressé, dysfonctionnel, infirme et conservateur.

Le leadership politique nouveau devra cesser de puiser dans les gisements radioactifs du populisme facile, et évitera surtout de faire l’autruche sous la crasse qui empuantit nos rues blêmes et abandonnées.

Roody Edmé

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