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La vie comme réservoir à la fin du « Guépard »

Publié le 15 janvier 2011 par Sheumas

L’une des beautés du roman de Lampedusa, « le Guépard » c’est cette méditation sur la vie et l’épuisement progressif de son héros (dimension qui ne peut apparaître aussi profondément dans la belle version cinématographique de Visconti).

   La fin du roman est en effet axée sur les pensées du prince Salina et l’écrivain sicilien écrit là quelques unes des plus belles pages autour de ce thème qui a inspiré bien d’autres auteurs. Ainsi ce rapprochement particulièrement bien senti entre la vie humaine et un « réservoir » qui finit par s’épuiser...

   Le passage développe subtilement cette métaphore du réservoir qui assimile ce qu’il y a d’impalpable dans la vie (les idées, les émotions, les sentiments). L’approche est de type matérialiste (et rappelerait en cela la philosophie de Diderot) : la vie s’échappe du corps du vieil aristocrate en « vapeur au-dessus d’un étang »... Lampedusa écrit que la vie est comme une vapeur, une « nappe » qu’ont formée toutes les années d’un homme.

   Le personnage est mourant dans un hôtel de Palerme, avec vue sur mer, et cette réflexion acquiert une largeur supplémentaire dans ce contexte : la fin de vie d’un homme finit par s’élever tel un petit « résidu » face à l’immense océan.

   « C’était un lundi de la fin juillet, à midi, et la mer de Palerme, compacte, huileuse, inerte, s’étendait devant lui, invraisemblement immobile... » 

Je la connais cette « mer de Palerme », j’y ai vécu moi-même tant d’heures lumineuses que ce détail fait frissonner !


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