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Be Punk !

Par Cyriltuloup

Prodige du cinéma déjanté, SLC Punk ! est resté injustement méconnu. Dans la même veine que Trainspotting, la comédie s’ouvre à quelques réflexions mais se distingue surtout par son hystérie, sur le fond comme sur la forme.

On ne voit que très peu de punks au cinéma. Le mouvement politique et culturel fut porté à l’écran par grand nombre de documentaires, sans vraiment s’affirmer dans d’autres registres. Il y a quand même eu le célèbre Orange Mécanique, grand doigt contre l’autorité militaire et les gouvernements. De son côté, Fight Club s’attribue l’adjectif punk avec sa philosophie anarchiste et sa révolte contre la société de consommation. Sort également du lot le meilleur film de Danny Boyle, Trainspotting, où des jeunes défoncés à l’héroïne vivent en marge de la société. SLC Punk ! se rapproche plus de ce dernier, dressant un portrait comique des communautés sans se prendre au sérieux. Le réalisateur pèse la balance et nuance judicieusement les idées, le tout sous un humour taré. Sans se prêter à la morale, SLC Punk ! est la comédie typiquement jouissive. Allez en trouver des rebelles à Salt Lake City, capitale de l’Utah. Seuls deux caïds animent la ville, Bob et Steve. Le premier porte une jolie crête iroquoise alors que le second s’est teint les cheveux en bleu. Le père de Steve incite le jeune homme à poursuivre ses études à Harvard, mias ça ne l’enchante pas vraiment. On suit les aventures barrées des deux rebelles, entre soirées et concerts alcoolisés.

Be Punk !

Loin des chantiers battus, la réalisation soumets quelques plans arrêtés où la parole l’emporte sur l’action, rendant le film bien plus intelligent qu’il n’y paraît. Les contre plongées fourmillent et hissent nos protagonistes, jusqu’à créer un sentiment de domination. Et c’est par là que SLC Punk ! impose une technique expérimentale, une réalisation décalée se confirmant avec des angles de vue inhabituelles. La tension prends place sous une BO explosive (Dead Kennedys, The Ramones, The Stooges, The Adolescents…), et atteint son apogée lors d’un concert qui part dans tous les sens. En parlant de concerts, l’un d’eux servira de prétexte à Steve et à une nana pour s’envoyer en l’air, faisant l’amour dans un coin de la salle pendant que les autres les regardent sans mépris. Pas de haine, pas de dégoût, du sexe sauvage qui se dessinera dans une dimension plus érotique lorsque ce même Steve tombera amoureux d’une poupée brune. Quelques hostilités en soirées et un combat contre des skinheads nazis suffisent à peindre une violence virile où les affrontements se font à grand coups de battes de baseball. Des combats de rue comme on les aime, où protéger son pote importe sur tout le reste. Ce qui est fort avec ce SLC Punk !, c’est qu’il garde relation avec les normes sociales (on ne perds pas de vue le père de Steve) et qu’il mêle drôlement bien le drame à la comédie. Le réflexion sur l’idéologie tient plutôt de l’implicite mais s’intéresse à la fois à ses causes et conséquences, l’ensemble mené par des personnages perforants et des acteurs très justes. Mais le trip aurait pu aller encore plus loin, et c’est bien le seul regret que nous laisse le film, vraie délire à ne surtout pas interpréter comme une illustration exhaustive de la réalité, mais comme du cinéma punk sur des punks. Un régal.

SLC Punk ! de James Merendino (U.S.A, 1h37, 1999).
Comme il n’est jamais sortit en France, on ne peut se le procurer que sur des sites de ventes en ligne, en VO sous titrée seulement.


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