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De Soie et de sang

Publié le 17 janvier 2011 par Iti1801

De Soie et de sang, Qiu Xiaolong Après avoir lu – pour ne pas dire dévoré – La Danseuse de Mao et Mort d’une héroïne rouge, c’est avec plaisir que je me suis plongé dans cette enquête de l’inspecteur Chen. Enquête qu’il refuse d’abord, car notre héros souhaite se consacrer à l’obtention d’un diplôme de littérature – qui est sa véritable passion ; il est devenu policier par « défaut » – et surtout est officiellement sur une autre affaire (des expropriés qui n’entendent pas se laisser faire par des fonctionnaires corrompus et qui pour se faire ont sollicité un avocat star qui monte).

Comme toujours, le sujet est d’actualité et permet d’appréhender les mutations que connait la Chine actuellement. Mutations qui dépassent l’ancienne génération qui ne reconnaît plus son pays, et parfois regrette les années « révolutionnaires ». Mais surtout Qiu Xiaolong montre à quel point est encore prégnante la présence de Mao et surtout que son « héritage » marque encore les esprits. Ainsi, près de 30 ans après la révolution culturelle, ses séquelles se font toujours sentir…

Toutefois, la trame principale de ce roman policier reste l’affaire que refuse Chen. On pourrait s’attendre à une investigation banale, de routine et on comprendrait qu’il la délègue à l’inspecteur Yu. Mais il s’agit d’un serial killer qui sévit dans la capitale économique chinoise : des jeunes femmes sont retrouvées mortes, sans avoir été violées, simplement vêtues d’un qipao (qui donne son titre au roman dans la version originale : Red Mandarin Dress, et qu’on aurait été inspiré de garder) déchiré, laissant découvrir le bas ventre…. Et cela ne doit pas se savoir, car officiellement une telle déviance ne peut exister dans la République populaire… C’est donc un sujet extrêmement sensible et on comprend mieux pourquoi ses supérieurs auraient préféré voir l’inspecteur Chen s’y consacrer.

Ce roman est sûrement un des meilleurs Qiu Xialong (en tout cas, le meilleur que j’ai lu jusqu’à présent) d’une part par la qualité de l’intrigue (un serial killer ça court pas les rues en Chine, pas comme aux USA…) mais surtout par la réflexion sous-jacente développée sur « l’universalité de la psychanalyse ». Bon, c’est pas dit en ces termes, mais l’inspecteur Chen tout en réfléchissant au sujet de son mémoire est amené à se poser des questions sur le complexe d’Œdipe et la psychanalyse. Forcément, ses collègues qui n’en ont jamais entendu parler (la psychologie est une science toute nouvelle en Chine[1]) n’y voient là qu’une nouvelle lubie de Chen, mais n’osent rien lui dire : si ça permet de faire avancer leur recherche du coupable et l’arrêter ! Mais tout n’est pas si sérieux (je dois d’ailleurs sûrement un peu trop extrapoler), et les voyages culinaires exotiques valent aussi le détour (ainsi, cette cervelle de singe vivante calmera certains amateurs, même les plus avertis…)

Décidément Qiu Xiaolong ne déçoit pas et j’ai hâte de jeter dans les prochaines aventures de l’inspecteur Chen.

Notes

[1] à ce propos voir l’article consacrée dans le Nouvel Obs de la fin de l’année dernière


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