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Sarko héros godardien

Publié le 30 novembre 2007 par Jean-Philippe Immarigeon

« Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire ? »

On a finalement compris la différence entre Ségo et Sarko : l’une et l’autre n’ont aucun projet, aucune pensée, aucune idée. Ce qui les différencie, c’est que les Français s’en étaient aperçus pour la première avant les élections. Nous avons après six mois de pouvoir un président à bout de souffle qui se répète comme un disque rayé. Il veut faire travailler davantage – y compris le dimanche – ceux des Français qui comptent déjà parmi les plus gros travailleurs du monde, avec un des taux de productivité individuel les plus élevés, alors que le taux de chômage reste élevé et que des millions d’heures supplémentaires n’ont toujours pas été payées.

« Allons-y Alonzo ! » Et pour aller où ? Sarko n’en sait rien lui-même, c’est désormais clair, tout le monde l’a compris. « Le ministère est très décidé, mais il ne sait pas à quoi ! », écrivait-on à l'époque du dernier gouvernement de Charles X. Que dire alors de la fine équipe au pouvoir aujourd’hui ? Sarko avait dit qu’il irait chercher la croissance avec les dents : il renonce au volontarisme et revient vers la pensée unique ultralibérale et mondialiste. En matière de politique étrangère, c'est le retour de la realpolitik la plus vile, méprisante et cassante avec les faibles, pleutre et servile avec les puissants. On s’y attendait de la part d'un homme en mal et en manque d'autorité depuis sa tendre enfance. « Le mot “rupture” ne m’a jamais fait peur », a dit Sarkozy devant le Medef en août 2007. En fait de rupture, sa politique économique néolibérale est convenue et prévisible, elle est celle orchestrée depuis trente ans par l’OMC (ex-GATT) et le FMI. » Sarko l’Américain, p. 96. Voilà un petit bonhomme qui, comme toutes les intelligences limitées et les caractères faibles, est d’une consternante prévisibilité. Avant même qu’il n’ouvre la bouche, que ce soit à la tribune du Congrès US ou dans la petite lucarne, on sait ce qui va être dit.

La seule surprise, c’est par quel truisme sera dit sa prochaine abyssale ânerie. « Je sais où je vais, je veux aller très loin, mais je veux aller plus loin... » C’est beau comme du Pierre Dac. Mais c’est d’une bêtise consternante. Une rhétorique creuse de mots qui ne veulent rien dire, d’un homme qui s’écoute parler, encore une fois vautré sur son fauteuil élyséen en équilibre sur un pied et un bout de fesse, et qui se cache « derrière sa fausse imitation de ce qu’il croit être américain, comme par exemple le croisement de jambes, semelles complaisamment exhibées aux invités ou aux hôtes. » Sarko l’Américain, p. 19.

Plus grave, nous avons un président qui a perdu tout sens des réalités, qui ne sait rien de la vie des Français, qui ne sait même pas comment fonctionne le marché du travail, les heures supplémentaires, le marché locatif, etc… et qui propose des mesures qui n’en sont pas, qui sont déjà en place ou qui ne provoquent que des haussements d’épaules ou des cris d’effroi.

« Si le verbe est confus, l’action l’est tout autant. On a du mal à comprendre la ligne de la politique sarkozienne, de déclarations à l’emporte-pièce en reculades à peine niées : l’absence d’un verbe cohérent et d’une réflexion aboutie en sont de toute évidence la cause. » Sarko l’Américain, p. 113. Aucune idée parce qu’aucune réflexion. Marseille ou Baverez, les petits marquis du sarkozysme, c’est le degré zéro de la pensée et on s’en aperçoit dans l’absence totale de vision d’un président qui dit tout et son contraire, et se contredit sans s’en rendre compte (en a-t-il même les capacités intellectuelles ?). « A l’inverse de ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy n’est pas un homme cultivé. Et ce ne sont pas des porte-plumes qui peuvent compenser une pensée pauvre. » Sarko l’Américain, p. 110.

Sarko coincé

« Ça peut marcher un temps, mais dans une France depuis toujours frondeuse qui ne s’est jamais soumise qu’aux princes qui lui inspiraient du respect, l’alchimie est bien plus subtile que dans une Amérique société d’ordre, où le président est par principe toujours obéi comme l’était le seigneur du donjon. » Sarko l’Américain, p. 112.

Sarko le fou ? En tous les cas un président qui n’aura rapidement de choix qu’entre monter en charrette comme Charles X, ou grimper dans les arbres comme Paul Deschanel.

Rendez-nous Cécilia !


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