Plantu - Le Pen - Mélenchon : une caricature lourde de sens...

En découvrant pour la 1ère fois le dessin de Plantu représentant côte-à-côte Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon habillés en nazis, le bras droit levé et lisant le même discours intitulé "tous pourris", nous fûmes abasourdis.

Un caricaturiste a tous les droits, et c'est bien ainsi. Une caricature procède à des raccourcis et des rapprochements qui peuvent être drôles et didactiques pour illustrer des faits. Celle de Plantu est lourde de sens...

Quand tu luttes sur le terrain contre les injustices sociales, t'engages aux côtés des travailleurs sans-papiers en donnant régulièrement, par exemple, des cours de français, participes à des actions contre la pauvreté et la pénurie de logements, ou prends part à des rassemblements contre le racisme, par exemple, pour protester contre la tenue d'un rassemblement nommé Assises de l'islamisation, il est forcément douloureux de découvrir un tel dessin qui met l'un des responsables du Front de gauche sur le même plan que la cheftaine du Front national.

Dans un 1er temps, tu considères ce dessin injuste et infamant parce qu'il est la négation même de tous les combats et idéaux du Front de gauche.

Ensuite, tu te dis que Plantu a raté un épisode... Sans doute s'est-il arrêté au titre du bouquin de Mélenchon, qu'ils s'en aillent tous, et l'a-t-il assimilé au "tous pourris " de l'extrême droite : une erreur qui démontre qu'il n'a pas lu le livre parce que ces deux expressions n'ont rien en commun, idéologiquement et historiquement...

Après réflexion, tu en déduis que le caricaturiste - qui est une star des médias et un individu bien informé - a exprimé clairement ses idées, à l'instar de July qui assimile les "nonistes" du dernier référendum à des xénophobes et à des anti-européens, de Demorand qui adopte volontairement une attitude méprisante, ou de Dély qui fait un portrait à charge en s'arrangeant avec les faits...

Finalement, la campagne présidentielle est lancée !

Depuis le mouvement des retraites qui fit connaitre un peu plus le Front de gauche, tout est permis contre Mélenchon, au point qu'un Huchon ose déclarer :

«Son langage est proche de celui de l'extrême droite, mais c'est plus grave que Le Pen ! Il incarne le populisme d'extrême gauche.»

Tous les coups sont permis comme l'illustre ce dessin intitulé "l'ascension des néo-populismes" qui range dans le même sac la gauche fidèle à Jaurès pour construire une République sociale et les fascistes :

• Socialisme = fascisme ?

• République sociale = Etat français de Vichy ?

• Front de gauche = front national ?

La ficelle est trop grosse.

Aussi, ce dessin est pour le leader du Front de gauche de la bonne pub auprès des classes sociales qui se sentent méprisées par l'oligarchie et ses serviteurs.