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Le village de l’Allemand de Boualem Sansal

Par Labibdadi

Le village de l’Allemand de Boualem SansalAuteur : Boualem Sansal

Titre : Le village de l’Allemand ou le journal des frères Shiller

Edition : Gallimard 2008

Quatrième de couverture : « Les narrateurs sont deux frères nés de mère algérienne et de père allemand. Ils ont été élevés par un vieil oncle immigré dans une cité de la banlieue parisienne, tandis que leurs parents restaient dans leur village d’Aïn Deb, près de Sétif. En 1994, le GIA massacre une partie de la population du bourg. Pour les deux fils, le deuil va se doubler d’une douleur bien plus atroce : la révélation de ce que fut leur père, cet Allemand qui jouissait du titre prestigieux de moudjahid… Basé sur une histoire authentique, le roman propose une réflexion véhémente et profonde, nourrie par la pensée de Primo Levi. Il relie trois épisodes à la fois dissemblables et proches : la Shoah, vue à travers le regard d’un jeune Arabe qui découvre avec horreur la réalité de l’extermination de masse ; la sale guerre des années 1990 en Algérie ; la situation des banlieues françaises, et en particulier la vie des Algériens qui s’y trouvent depuis deux générations dans un abandon croissant de la République.  » A ce train, dit un personnage, parce que nos parents sont trop pieux et nos gamins trop naïfs, la cité sera bientôt une république islamique parfaitement constituée. Vous devrez alors lui faire la guerre si vous voulez seulement la contenir dans ses frontières actuelles.  » Sur un sujet aussi délicat, Sansal parvient à faire entendre une voix d’une sincérité bouleversante.« 

Jamais une lecture de Sansal ne m’aura été si facile. Je me souviens de Harraga, dans lequel j’avais eu du mal, ainsi que L’Enfant fou de l’arbre creux, un roman d’une densité étouffante. Pour pouvoir le lire, et finalement l’apprécier quand même, il m’a fallu le faire à haute voix, et j’avais terminé sa lecture avec une belle laryngite !! Mais avec ce roman, Le Village de l’Allemand, ce fut étonnamment différent.

Moi qui aime la concision et la simplicité, j’ai beaucoup aimé ce livre, où deux frères se partagent la narration sous la forme d’un journal. A la mort de leurs parents dans un village reculé de l’Algérie des années 1990, l’aîné, Rachel, découvre le passé de bourreau de son père, ancien SS du IIIème Reich, reconverti en combattant de la libération de l’Algérie après la chute de l’empire nazi. Il cache ce qu’il considère comme un terrible secret à tout le monde, sombre dans un maelstrom noir et épouvantable, dont il en sortira suicidé. Et ce n’est qu’après que Malrich, le frère cadet découvre le secret de famille.

Vivant en banlieue parisienne, ils font, chacun son tour, un pèlerinage au bled,  se recueillir sur les tombes parentales, renouer un peu avec leur pays natal et y découvrir un pays gangréné par des maux nommés terrorismes islamistes et corruption généralisée des gouvernants.

Les deux frères, toujours chacun son tour, mais aussi chacun à sa manière, vont essayer de marcher sur les pas de leur père, cet homme mystérieux au passé insoupçonné, essayant de comprendre ce qui semble à jamais incompréhensible, la Shoah, dont il a été un maillon de cette chaine destructive, inhumaine, et pourtant…

Je ne sais pas pourquoi un auteur algérien est allé fouiller en abordant ce chapitre douloureux de l’histoire, la Soah, qui semble assez lointain de sa culture, de son histoire, ou alors, comme on le ressent, voulait-il faire une analogie entre les mouvances du terrorisme islamiste qui secouent le monde avec régime nazi d’Hitler qui l’a déjà fait lui, en son temps. On ressent l’avertissement, comme une alarme qui devrait être plus diffusée dans nos contrées musulmanes, où le bas peuple, malheureusement majoritaire chez lui, est victime de l’inculture que lui imposent ses gouverneurs, ce qui le rend très influençable, voyant mal la frontière entre l’islam, se propre religion, et l’islamisme importé d’ailleurs, et surtout d’un autre âge, incompatible avec notre ère. Le livre a été malheureusement censuré en Algérie.

Lecture agréable, qui plaira notamment aux amateurs d’histoire de la Shoah, dont j’en connais une, et qui trouvera son régal, régal effroyable tout de même, car ce livre nous touche profondément. C’est une lecture comme je l’ai dit plus haut facile, tellement qu’à un moment je me suis demandé si c’était vraiment Sansal qui en est l’auteur.

Le village de l’Allemand de Boualem Sansal

Boualem Sansal a été propulsé au devant de la scène littéraire algérienne après le succès franc, en France, de son premier roman, Le Serment des barbares que je lirai prochainement.


Filed under: Algerie, analyse, Critiques, Culture, Islam, littérature, Livres, reflexion, religion, roman Tagged: auteurs algeriens, Boualem sansal, Culture, le village de l'allemand ou le journal des frères Shiller, littérature, Livre, shoah

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