Magazine Société

Cohn-Bendit sur la gauche : « un suicide politique de grande ampleur »

Publié le 21 janvier 2011 par H16

Je suis Taggé par mon collègue blogueur Romain Blachier de Lyonnitudes : il me demande ce que je pense de Cohn-Bendit, tant dans son opinion de la gauche actuelle que dans ses déclarations au Parlement Européen concernant la Tunisie…
Avant de répondre et histoire de situer le contexte, voici ce que déclare donc Danny concernant la gauche, les prochaines élections et la montée de Marine Le Pen :

« Je ne vois pas la gauche gagner et je ne vois pas Sarko gagner ! Sarko est fort et en face, on peut tout faire pour un suicide politique collectif de grande ampleur (…) Pour moi, le meilleur candidat aujourd’hui est DSK »

Et concernant la Tunisie et le renversement de Ben Ali, on a eu droit à une petite ventilation d’exaspération de sa part, vitupérations qu’on peut voir ici :

Je résume donc : d’un côté, DCB nous explique donc que la gauche a toutes les cartes en main pour perdre, et de l’autre, que le Parlement Européen devrait se bouger un peu les fesses pour accompagner le peuple tunisien dans son basculement vers la démocratie.

Sans surprise, je ne vois pas comment on peut être en désaccord profond avec le politicien sur ces deux sujets. Ni même sur le fait que DSK soit, très vraisemblablement, le seul candidat réellement crédible à gauche actuellement. En pratique, Cohn-Bendit est, bien qu’écolo de circonstance et socialiste de convenance, un fin observateur de la vie politique, notamment française, en connaît très bien les petits rouages et les glauques coulisses, et son analyse est généralement assez bonne dès lors qu’il ne s’agit pas de statuer sur les partis ou les mouvements dans lesquels il prend part et pour lesquels il n’hésite alors pas à ressortir une langue d’un bois solide et compact.

Oui, la gauche est en train de se préparer à perdre. La multiplication des candidat(e)s folkloriques et leur actualité plus pittoresque que pertinente fleure bon la déroute, l’éparpillement et les egos incontrôlables. Ego surdimensionné qui pourrait d’ailleurs jouer des tours à DSK s’il se présentait pour de bon.

Oui, le Parlement devrait se montrer un tantinet plus à l’écoute des peuples, lui qui n’a que le mot démocratie à la bouche sans, très manifestement, savoir de quoi il parle. Il est d’ailleurs parfaitement éclairant de constater qu’il aura fallu plusieurs jours après la chute du dictateur Ben Ali pour que le président du groupe socialiste (Martin Schultz) annonce, très discrètement, qu’il était maintenant exclu de l’Internationale Socialiste dont il faisait partie depuis les années 70 (on attend d’ailleurs avec impatience la même décision pour Laurent Gbagbo) ; on comprend mieux, à ces informations, la mollesse d’une grosse partie de l’hémicycle européen à dénoncer les agissements d’un socialiste encarté, fut-il dictateur.

Danny Cohn-Bendit, Vieux Roublard de la politique

C’est inhabituel, finalement : je suis d’accord, sur ce sujet et sur l’analyse, avec Cohn-Bendit et, par voie de conséquence, avec Romain Blachier. Ce n’est pas si surprenant, en réalité : les hommes politiques sont très souvent ignares dans bien des domaines, roublards et terriblement intéresses voire cyniques pour beaucoup d’entre eux, mais (et c’est notamment vrai lorsqu’on arrive aux niveaux les plus élevés de la politique nationale ou européenne) leurs analyses politiques, lorsqu’elles sont menées à froid et qu’elles ne les concerne pas directement, sont généralement intéressantes.

J’en reste à la conclusion de mon précédent billet sur le sujet des élections 2012 : le second tour promet d’être indescriptible.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


H16 229672 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine