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LAVINIA de Ursula K. Le Guin

Par Phooka @Phooka_Book

LAVINIA de Ursula K. Le Guin
Editions L'Atalante311 pages18 euros
Présentation de l'éditeur:

Comme Hélène de Sparte j’ai causé une guerre. La sienne, ce fut en se laissant prendre par les hommes qui la voulaient ; la mienne, en refusant d’être donnée, d’être prise, en choisissant mon homme et mon destin. L’homme était illustre, le destin obscur : un bon équilibre.
Dans l’Énéide, Virgile ne la cite qu’une fois. Jamais il ne lui donne la parole. Prise dans les filets du poète qui n’écrira l’épopée des origines de Rome que des siècles plus tard et sans avoir le temps de l’achever avant sa mort, Lavinia transforme sa condition en destin. De ce qui sera écrit elle fait une vie de son choix. Et cela dans la douceur amère et la passion maîtrisée que suscite son improbable position : elle se veut libre mais tout est dit.
L'avis de Phooka
Quelle claque!
Comment parler de ce roman de Ursula Le Guin!
Je peux commencer par la fin et dire que je suis définitivement devenue une Le Guin addict. Après avoir lu Terremer et les deux premiers tomes des Chroniques de l'Ouest, Dons et Voix , elle a réussi à me surprendre à nouveau et à me scotcher en passant encore un niveau au dessus avec ce Lavinia. De la fantasy historique de le plus belle facture.
Lavinia, une femme dont Virgile parle très rapidement dans les Eneides et dont personne ne sait rien. Alors Ursula Le Guin va combler cette lacune. Elle va en faire une héroïne, elle que personne ne connait et dont personne ne chante les louanges. Lavinia, fille du roi de Latium, est une fille très ordinaire, une princesse vierge. Elle vénère son père et comme il est coutume à l'époque, elle croit aux présages et aux augures. En accompagnant son père dans le lieu sacré où ils vont seuls se recueillir, elle entend la voix d'un poète dans sa tête, un poète mourant (Virgile dont le nom n'est pas prononcé) et qui regrette de ne pas avoir fini son long poème sur la vie d'Enée (Les Eneïdes). Lavinia apprend donc en songe qu'elle se mariera avec un étranger qui mourra 3 ans plus tard et non avec un de ces prétendants actuels dont fait partie Turnus, fils du roi d'Ardea un royaume voisin . Le beau Turnus au caractère emporté et dont la mère de Lavinia est totalement sous le charme. Lavinia refusera ses prétendants suivant cette prophétie, et elle attendra cet étranger qui arrive un beau jour par bateau..cet étranger c'est Enée, l'un des héros de la guerre de Troie, guerrier vieillissant mais toujours beau et valeureux. Il arrive sur les côtes du Latium (près de Rome actuelle) pour s'y installer avec le reste de son armée en paix. Mais Turnus furieux d'avoir été rejeté par Lavinia lui déclare bien sûr la guerre...
Tel est le début de l'histoire de Lavinia, qui pour préserver sa virginité pour un Troyen, va être la cause de la guerre...Au travers de la vie de tous les jours des femmes entourant Lavinia et de Lavinia elle même, nous en apprenons beaucoup sur les liens qui se tissent entre les différentes classes de la société, mais aussi sur les croyances et la façon de vivre de cette époque. On se rend compte que la fille de roi a pour meilleure amie une fille de paysan, puis plus tard une esclave.  On voit la vie des hommes à travers les yeux des femmes et surtout la guerre vue par les femmes. Cette façon de raconter la guerre donne du recul. Ce n'est la violence du combat, non, c'est la violence des sentiments. Voici deux petits extraits extraits de la même page et qui expliqueront mieux que mes mots ce que je veux dire.
Je ne sais pas combien de temps ça a duré. Je agrippais à la balustrade, avec Maruna et d'autres femmes, et partout sur les toits et les remparts se tenaient des femmes et des enfants pour voir des hommes tuer des hommes.
et un peu plus loin sur la même page..
Mais on voyait celles qui voyaient, perchées sur les remparts au dessus. Certaines regardaient mourir leur fils ou leur mari, égorgé par une épée de bronze devant la porte fermée de la ville.
Le récit se passe 7 ans après la fin de le guerre de Troie et si je n'ai jamais pu m'enlever le Troie de Gemmel  de la tête, ce roman n'a rien à voir ! C'est une vision différente, pleine de réflexions, de traditions, de prophéties et de rêves et pourtant tout aussi violente sinon plus...

Ursula Le Guin est une magicienne, une magicienne des mots et des idées. Elle est définitivement une auteur à ne manquer sous aucun prétexte et son Lavinia est une pure merveille !
Merci beaucoup à L'Atalante de publier d'aussi beaux romans.

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