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La deuxième mort de Louis-Ferdinand Céline

Publié le 22 janvier 2011 par François Collette

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Voilà une polémique bien française, une polémique dont la France a le secret et qui fait le bonheur des médias… français. Louis-Ferdinand Céline, la « victime expiatoire », s’en serait donné à coeur joie en répliques cinglantes, antisémites et accusatrices, s’il était toujours vivant.

Que la République célèbre le génie littéraire de Céline, cinquante ans après sa mort, le 1er juillet 1961 ? C’est ignoble et indigne, selon Serge Klarsfeld qui, tel un dictateur, apostrophe et exige : Sarkozy, Fillon, Mitterrand, retirez-moi cet infâme personnage de la liste des Célébrations Nationales !

Et ça marche ! Vite fait bien fait car il fallait éteindre l’incendie. Le « courageux » Frédéric Mitterrand fut commis d’office à la basse besogne. Avec l’accord de ses supérieurs, il s’empresse d’obtempérer à la requête du Maître, au nez et à la barbe du Haut Comité qui, sous sa tutelle, avait répertorié « l’infâme » dans son recueil 2011 de personnalités et évènements marquants de l’Histoire de la Nation. L’image de la République était sauve et Maître Klarsfeld pouvait retourner à ses dossiers. 

La démarche de Serge Klarsfeld, président de l’association des Fils et Filles de déportés juifs de France (FFDJF), est évidemment parfaitement respectable et nul ne peut lui contester le droit de s’être indigné, au nom de tous les siens bien moins médiatisés, ni d’avoir enfoncé le clou au sommet de l’Etat. Ce qui est « remarquable » dans cette histoire, c’est l’empressement de l’Elysée à satisfaire le diktat du « chasseurs de nazis ». Empressement d’autant plus remarquable qu’il survient juste après la tiède et discrète condamnation du régime Ben Ali.

Fallait-il inscrire Céline, ne le fallait-il pas ? C’était risqué car l’opinion publique française reste profondément marquée par les réminiscences de son Histoire. Le Haut Comité aurait peut-être dû être plus prudent. Même si Céline est un écrivain majeur du 20ème siècle, son œuvre littéraire, novatrice et révolutionnaire pour l’époque, est malheureusement assombrie (euphémisme) par un antisémitisme forcené, atavique et obsessionnel. Faut-il le rappeler, les célèbres pamphlets, écrits avant-guerre, sont toujours interdits de réédition (Bagatelles pour un massacre et L’école des cadavres).

Finalement, tout ce raffut n’est qu’une tempête dans un verre d’eau de Vichy.


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