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Eolien en mer : l'objectif est confirmé...la route est-elle dégagée ?

Publié le 24 janvier 2011 par Arnaudgossement

éolien en mer carte.jpgCe mardi 25 janvier, à l'occasion d'un dicours prononcé à Saint Nazaire, le Président devrait annoncer le lancement de l'appel à projets tant attendu, pour la création de parcs éoliens au large des côtes françaises. Mais si l'objectif est confirmé - installer 3000MW d'ici à 2015 - les moyens pour l'atteindre demeurent encore flous ou complexes (carte Le Figaro). 


On ne peut que se réjouir qu'aprés des mois d'attente, que l'Etat annonce enfin cet appel à projets et confirme sa décision de procéder à la création de cinq parcs éoliens au large de de Saint-Nazairen du  Tréport (Seine-Maritime), de Fécamp (Seine-Maritime), de Courseulles sur-Mer (Calvados) et Saint-Brieuc. La France va peut être passer de 0 à 3000MW en quelques années.

Toutefois, si l'objectif est clarifié, les moyens pour l'atteindre ne le sont pas encore tout à fait. Le cadre juridique applicable à la création de ces parcs demeure dense et complexe.

Certes, la loi Grenelle II du 12 juillet 2010 a dispensé ces projets de la procédure de permis de construire. Certes, les éoliennes en mer n'auront pas à être implantées au sein d'une zone de développement de l'éolien pour pouvoir bénéficier d'un tarif d'achat aujourd'hui fixé à 13 centimes.

Cependant, la procédure de création d'un parc éolien demeure encore longue  : débat public (éventuellement), rédaction d'une étude d'impact, concession d'utilisation du domaine public maritime, raccordement, création des schémas de façade maritimes et...appel à projets. Il faudra également passer de nombreux contrats, bâtir un financement de projet etc.. J'avais écrit ici un article sur quelques contraintes, issues de la loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010, qui risquent de peser sur le développement de l'éolien marin. 

Par ailleurs, il faut malheureusement s'attendre à une pluie de recours en justice et l'on sait que ces derniers ont enlisé le projet de parcs éolien en mer au large de Veulettes sur Mer pourtant décidé... en 2004.

En définitive, il convient cependant de regarder le verre à moitié plein et se féliciter qu'enfin, une bonne nouvelle surgisse dans le paysage des énergies renouvelables. L'éolien en mer représente une aventure extraordinaire laquelle permettra notamment un progrès formidable des connaissances scientifiques relatives à la biodiversité marine.

AFP : La France se lance dans l'éolien en mer

PARIS - Pour la première fois, des éoliennes vont se dresser au large des côtes françaises: Nicolas Sarkozy doit lancer, mardi à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), l'appel à projets attendu depuis plusieurs mois pour la construction de 600 turbines en mer à l'horizon 2015.

L'appel à candidatures, comme l'annonçait en octobre l'ex-ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, devrait concerner l'installation de 3.000 megawatts (MW) en mer pour un investissement de 10 milliards d'euros environ.

Cinq sites devraient être retenus, selon le Figaro, pour accueillir ces premières éoliennes offshore françaises, qui ne seront pas opérationnelles avant 2015, de Saint-Nazaire au Tréport (Seine-Maritime) en passant par Fécamp (Seine-Maritime), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Saint-Brieuc.

Au terme de plusieurs mois de tergiversations, les modalités de l'appel à projets ont été arbitrées jeudi par le gouvernement. Nicolas Sarkozy doit en détailler les modalités mardi et la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet présenter le projet en Conseil des ministres mercredi.

Le ministère espère que ce projet donnera un "nouveau souffle" au Grenelle de l'environnement alors que le moratoire imposé à la filière photovoltaïque soulève depuis quelques semaines des interrogations sur les ambitions environnementales du gouvernement.

A travers le Grenelle, la France, pour atteindre un objectif de 23% d'énergie renouvelable dans sa consommation d'énergie en 2020, veut se doter d'un parc éolien de 25.000 MW, dont 6.000 MW en mer. Aujourd'hui, l'éolien terrestre fournit moins de 2% de la consommation française.

La France se lance dans le bain de l'éolien en mer alors que la Grande-Bretagne, leader européen, a déjà installé plus de 1.300 MW et le Danemark plus de 850, selon l'Association européenne de l'énergie éolienne.

L'objectif du gouvernement est de permettre le développement d'une véritable filière industrielle française dans l'éolien (11.000 emplois actuellement) alors que les grands fabricants sont aujourd'hui danois (Vestas), américain (GE Energy), chinois (Sinovel) ou allemand (Enercon).

Alstom, l'un des deux groupes français avec Areva pouvant fabriquer des turbines, a annoncé la semaine dernière son association avec EDF Energies Nouvelles pour équiper en exclusivité, à partir de 2013, les parcs éoliens en mer développés par l'électricien.

Selon le Syndicat des énergies renouvelables (SER), près de 200 entreprises françaises sont susceptibles de profiter du développement de l'éolien en France.

Afin d'encadrer ce développement et éviter l'explosion des volumes comme dans le photovoltaïque, l'Etat ne fixera pas de tarif de rachat pour l'éolien en mer. Ce sont les industriels candidats qui proposeront dans leur projet un prix de revente de l'électricité à EDF.

Un arrêté ministériel fixe actuellement le rachat de l'électricité éolienne offshore à 13 centimes d'euro le kW/h, mais ce tarif "ne permet pas une rentabilité suffisante des projets", selon Marion Lettry, responsable éolien au SER, rappelant que ce prix se situe en Allemagne "entre 16 et 18 centimes".

"C'est le consommateur qui va payer", dénonce la Fédération environnement durable (FED, 740 associations et collectifs opposés aux éoliennes) qui fustige le "subventionnement" de l'énergie éolienne alors que "ça ne va créer aucun emploi en France", selon son vice-président Michel Broncard.

Mais au-delà de la bataille économique, les industriels vont devoir aussi livrer celle de l'opinion, comme l'illustre la forte opposition rencontrée au Tréport par l'imposant projet (141 éoliennes, 700 MW) de la Compagnie du Vent (filiale de GDF Suez).

(©AFP / 24 janvier 2011 16h40)

afp / L'éolien en mer, une course d'obstacles

PARIS - Avant d'installer un parc éolien en mer, un grand nombre de signaux doivent être au vert: il faut du vent, bien sûr, pas trop de profondeur, éviter les oiseaux et les bateaux, perturber le moins possible la pêche... et convaincre que les mâts ne gâchent pas la vue.

Preuve de la complexité de l'équation: une étude d'impact d'un projet d'éoliennes en mer coûte un à deux millions d'euros, soit parfois jusqu'à dix fois plus cher que pour une ferme à terre, selon Jean-Mathieu Kolb, directeur adjoint du projet des Deux Côtes, à la Compagnie du Vent, filiale de GDF-Suez.

Après neuf pays européens, tous du nord de l'Europe, la France doit présenter mardi un appel d'offres pour installer ses premiers mâts au large des côtes nord-ouest du pays, qui peuvent produire jusqu'à 50% de plus d'énergie que les turbines sur terre.

"Les premières contraintes sont le vent et la profondeur", explique le responsable de la Compagnie du Vent qui promeut le "projet des deux côtes" au large du Tréport, dans la Manche.

Sur la façade ouest de la France, ça ne souffle pas assez de la Vendée jusqu'à l'Espagne, et en Méditerranée, le dénivelé est trop abrupt. "En face de Nice, on passe la barre des 1.000 mètres de profondeur à 5 km des côtes. C'est énorme!", souligne M. Kolb.

"On peut installer dans des conditions techniquement et économiquement acceptables des éoliennes jusqu'à 25, voire 30 mètres de fond", précise-t-il.

Mais les pales doivent aussi être suffisamment loin du rivage pour gêner le moins possible les riverains.

"A 15 km, une éolienne de 150 m est perçue comme une allumette de 1 cm placée à 1 mètre de l'oeil", indique à l'AFP Paul Néau, spécialiste d'études d'impact des éoliennes sur l'environnement.

Mais son bureau d'étude Abies relève que l'acceptation des pales à l'horizon dépend également "du lien au lieu" et de "l'utilité accordée à l'objet".

Il faut aussi un raccordement électrique d'envergure sur le rivage à proximité, s'assurer que les pales ne sont pas installées sur un terrain miné --raison avancée en 2006 par la préfecture de la Seine-Maritime pour refuser une première mouture du "projet des deux côtes"--, ou encore une zone protégée.

Autre contrainte: les bateaux. Sept à huit cents passent par jour par le détroit du Pas-de-Calais, soit 20% du trafic maritime mondial.

Et il faut également lever les yeux. "Il y a de la migration sur tous les littoraux", explique à l'AFP l'ornithologue Sylvain Albouy.

Si l'écrasante majorité des oiseaux contournent les pales, une succession de parcs éoliens pourrait les amener à effectuer un slalom fatigant. Sans compter que les éoliennes pourront être fatales aux plus faibles, ou en cas d'intémpéries, dit-il.

Sous l'eau en revanche, si la vie peut être perturbée par les travaux, une riche biodiversité tend à se créer autour des "récifs artificiels" que sont les mâts, indique, de son côté, Paul Néau.

Sur terre enfin, il faut aussi composer avec les pêcheurs, souvent vent debout à l'idée de voir leur zone d'activité amputée, ou leurs chalutiers empêtrés dans les câbles installés au fond de l'eau.

Une fois ces conditions remplies, installer un parc en mer coûte cher. Selon l'Agence Internationale de l'Energie (AIE), les investissements ainsi que les coûts de fonctionnement et de maintenance peuvent être près de deux fois plus élevés que pour le terrestre.

Mais pour Jean-Mathieu Kolb, le jeu de l'offshore, où "il y a plus de vent, par ailleurs, plus régulier", en vaut la chandelle.

Par rapport à l'éolien terrestre, "on peut aller du simple au double en terme de productivité" et "être deux fois moins cher en terme du KW parce qu'on produit plus", assure-t-il.

(©AFP / 24 janvier 2011 19h18)


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