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TOURISTES de l'UNIVERS - CHAPITRE II

Publié le 25 janvier 2011 par Abarguillet

TOURISTES de l'UNIVERS - CHAPITRE II

Touristes de l’Univers (suite)

   Précisons ici que je ne suis ni historien, ni homme de science mais que les propos que je tiens dans cette rubrique sont inspirés de grands esprits scientifiques tels que Galilée, Newton, Einstein, Trinh Xuan Thuan, George Smoot, Hubert Reeves et maints autres (ce qui n’exclut pas quelques déraillements de ma part). Poursuivons donc cette odyssée de l’homme dans sa quête de compréhension de l’Univers.

Les notes (1), (2), etc. réfèrent à la toute fin du texte.

Chap. 2. De Galilée à Hubble

   Dans le chapitre 1, nous avons vu l’homme primitif vivre dans un Univers animiste où tous les êtres et toutes les choses étaient dotés d’un esprit au même titre que lui-même. Puis, il y a environ 10 000 ans, l’homme remplaça son Univers animiste par un Univers mythologique où des dieux multiples régissaient tout dans cet Univers. Puis, leur succéda le Dieu unique du Moyen Âge (hérité du Judaïsme et de l’Islamisme) qui aurait dicté les Saintes Écritures contenant l’explication de tous les mystères de l’Univers. On concevait dès lors que Dieu avait juché l’homme au sommet d’une échelleplantée sur la Terre, elle-même au centre de l’Univers. Et voilà, tout était dit. Il ne restait plus qu’à lire la Bible et à vénérer ce Dieu tout-puissant qui réglait tout l’Univers.

   Au plan scientifique, depuis l’Antiquité et jusqu’au Moyen Âge, on voyait la voûte céleste comme une sphère surplombant la Terre et sur laquelle étaient greffées les étoiles et les planètes. Ces astres étaient tous sur un même plan et tournaient autour de la Terre immobile au centre de cette sphère extérieure.

La chose se comprend car, lorsque encore de nos jours, on contemple le ciel, on a vraiment l’illusion d’être immobile au milieu d’un vaste carrousel.

   Lorsque Copernic et Galilée osèrent prétendre que la Terre n’était pas au centre de l’Univers, ils contredirent donc non seulement les Saintes Écritures mais aussi les conceptions de l’Univers qui prévalaient à l’époque.

Expansion de la pensée scientifique

   Il ne faut pas croire que les avancées de Copernic et Galilée furent des mouvements isolés. Le mouvement culturel et artistique de la Renaissance, qui s’étendit environ du XIVe siècle au début du XVIIe siècle, avait déjà commencé à faire redécouvrir les philosophes de l’Antiquité et à remettre en question les conceptions rigides du Moyen Âge. L’évolution de la pensée s’étendit au monde scientifique et c’est ainsi que, au XVIe siècle, l’astronome danois Tycho Brahe établit que les étoiles se déplacent et que les cieux ne sont pas immuables, contrairement aux dires d’Aristote. Il établit aussi que la grande comète de 1577 avait une orbite elliptique et non circulaire, ébranlant ainsi un autre "dogme" d’Aristote de la soi-disant perfection des cieux voulant que tous les mouvements des astres soient circulaires. Puis l’astronome allemand, Johannes Kepler que Tycho Brahe avait engagé comme assistant, énonça les lois qui gouvernent le mouvement des planètes et dont la NASA se sert encore aujourd’hui pour combiner les rendez-vous de ses sondes spatiales avec la lune et les planètes. Mais qu’est-ce qui retenait les planètes dans les cieux ? Mystère pour le moment.

C’est l’Anglais Isaac Newton qui, vers 1666, trouva réponse à ce mystère en énonçant la loi de la gravitation universelle trouvant ainsi solution à l’énigme des planètes qui demeuraient en suspens dans les cieux sans pivoter sur les sphères cristallines imaginées par Eudoxe et Aristote et sans être poussées par les anges de Thomas d’Aquin. En gros, disons que cette loi de la gravitation veut que tous les corps s’attirent les uns les autres en fonction de leurs masses et de leurs distances. Plus ils sont massifs et rapprochés, plus ils s’attirent. Moins ils sont massifs et rapprochés, moins ils s’attirent. Une espèce de jeu d’équilibre qui, au niveau des astres, les fait se voisiner sans s’écraser les uns sur les autres, du moins généralement. Mais pourquoi en est-il ainsi ? C’est Einstein qui, trois siècles plus tard, apportera réponse à cette question. Nous y reviendrons.

Prévalence de la raison

  

Toutes ces découvertes sur le fonctionnement de l’univers eurent pour résultat qu’on se mit à croire que la raison humaine pouvait, en fin de compte, tout expliquer, sans que l’on ait à recourir à des divinités.

Au XVIIIe siècle, on entra ainsi dans l’ère du rationalisme qui, comme le définit le dictionnaire est «une tournure d’esprit qui n’accorde de valeur qu’à la raison». Donc rejet de toute intervention divine et, particulièrement, des Saintes Écritures, pour expliquer le fonctionnement de l’Univers. La science était considérée comme quasi-infaillible, comme capable de vaincre toutes les misères et maladies qui assaillaient l'humanité depuis toujours, comme capable de répondre à toutes les questions et en particulier aux questions philosophiques : Où sommes nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ? Pourquoi sommes-nous sur Terre ? (C. Marchal). (1)«Plus besoin de Dieu pour faire tourner la machine. Il suffisait que Dieu donne la pichenette de départ et tout fonctionnait tout seul.»(2)

Et, du même coup, entrée en scène du déterminisme : un principe qui, en somme, permet de prédire avec certitude les résultats d’une situation si on connaît à l’avance tous les «ingrédients» du problème. On se disait donc, par exemple, que si une pierre était jetée en l’air il suffisait de connaître sa position et sa vitesse initiales pour prédire à quel instant, où et à quelle vitesse elle allait tomber.

Donc, le XVIIIe siècle connut ainsi le triomphe de la raison. (3)

L’explication de l’Univers par la raison

  

Cette ouverture d’esprit sur la raison et la science s’étendirent évidemment de plus en plus à la vision de l’Univers.

Au XVIIIe siècle, sir William Herschel établit que le Soleil et tout notre système solaire font partie d’un immense troupeau d’étoiles, une galaxie (depuis lors appelée «Voie Lactée»). Tiens, tiens, tiens, le Soleil et son troupeau de comètes demeurent-ils alors au centre de ce troupeau (en supposant que ce soit vraiment le Soleil qui tourne autour de la Terre comme le soutenaient Copernic, Galilée et leurs successeurs) ? Mais oui, répondent en chœur les bâtisseurs de l’échelle qui avaient juché l’homme au plus haut échelon de cette échelle, car rien n’empêche alors de laisser l’homme au centre de l’Univers.

Mais, en 1918, Harlow Shapley détruit cette nouvelle illusion en délogeant le soleil de cette place centrale pour l’installer dans la banlieue de la Voie lactée. Nos bonhommes n’aiment pas  l’idée : ils dégringolent de plusieurs échelons sur leur échelle déjà chambranlante.

À ce moment, on s’imagine que la Voie lactée constitue tout l’univers : notre galaxie devient une grosse goutte d’étoiles au milieu d’un océan de vide et il est quand même rassurant de se dire que l’homme est intégré à cette grosse goutte qui constitue tout l’Univers.

Mais voilà que, en 1924…

À l’aide du télescope du Mont Wilson en Californie, Edwin Hubble établit qu’il existe d’autres galaxies en dehors de la Voie Lactée. Dès lors, notre soi-disant immense galaxie ne devient à son tour qu’une goutte parmi une multitude d’autres gouttes contenant chacune une infinité d’étoiles. Pour nos vaillants défenseurs de la suprématie de l’Homme au sein de l’Univers, c’est la dégringolade : ils se retrouvent le cul sur la première et unique marche de leur échelle presqu’entièrement démolie.

Comment s’en tireront-ils ? C’est ce que nous verrons au prochain chapitre.

(1)  Sans oublier cette ultime question philosophique que pose Woody Allen : «Qu’allons-nous manger au souper ce soir?»

(2)  Trinh Xuan Thuan «La mélodie secrète» Éd. Gallimard 1991

(3) Et voilà que notre petit bout de cul se trouve une nouvelle échelle pour dominer le monde.   Mais n’oublions pas que cette nouvelle échelle fut à son tour durement ébranlée par la mécanique quantique dont vous trouverez la référence sous la rubrique «La physique pour le nuls» (Capsule de physique No 3) du 4 novembre 2010.

Pour consulter la liste complète des QUESTIONS QUE L'ON SE POSE, cliquer  ICI

 

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