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[Critique] “Je suis un no man’s land”, désert fertile

Par Kub3

Article initialement publié le 22 décembre 2010

“Ça vous fait quoi de venir chanter dans votre région natale ? Ça vous fait pas un drôle d’effet ?” demande en ouverture une journaliste à Philippe. Devenu célèbre, l’artiste, incarné précisément par Philippe Katerine, revient sur les terres de son enfance le temps d’un concert à l’issue duquel il va basculer dans un curieux rêve éveillé. On aurait tort de pousser la chansonnette dans les orties.

[Critique] “Je suis un no man’s land”, désert fertile

Ce qui d’emblée fait un “drôle d’effet”, c’est de voir Katerine dans un rôle à la fois si proche de sa propre biographie, et en même temps si éloigné de l’attitude volontiers trublionne qu’on lui connait sur scène. Le réalisateur (et ami de longue date de la star) Thierry Jousse installe son personnage dans un no man’s land, entre-deux subtil entre Philippe et Katerine, pour mieux le questionner sur son identité.

De fait, Philippe va se perdre pour mieux se retrouver. C’est par l’arrivée de Chloé, jouissivement interprêtée par Judith Chemla, que l’égarement commence – dans un grand éclat de rire. Cette fan nymphomane, qui n’est pas sans rappeler une certaine Anna M, va le forcer à sortir de ses gonds… et le paumer. Le faire rompre avec sa vie d’icône, l’obliger à rentrer à la fois chez lui et en lui.

Dans l’onirisme, le propos est léger, frais comme ces apparitions nocturnes de Julie Depardieu (par ailleurs compagne bien réelle de Katerine) en fée sylvaine ornithologue. Philippe se retrouve la double victime d’un coup de foudre et d’une drôlatique malédiction, qu’il doit prendre le temps d’apprivoiser tour à tour.

Lorsqu’il se fait plus terre-à-terre et aborde la question familiale, le film perd toutefois une partie de cette grâce. Le temps se fait parfois long et l’intrigue souffre, comme son héros, d’un petit ventre mou. On aurait notamment aimé des retrouvailles plus gourmandes avec un Jackie Berroyer ici sous-exploité. Pour autant, la caméra ne cesse de parler et le tableau de cette coupe de cheveux maternelle dans une cour de ferme au porche béant, ouvert perpendiculairement sur des grands chemins à la Giono, résonne comme une invitation au voyage spirituel.

Tantôt tapi au fond des bois, dissimulé dans la pénombre nocturne ou caché sous une table à manger, Je suis un no man’s land vient susurrer des mots doux au creux de la paupière. Après Les Invisibles, bien nommé car passé injustement inaperçu en 2005, Thierry Jousse poursuit sur la louable voie d’un cinéma de l’intime. Mais c’est encore le personnage de Philippe lui-même qui, le temps d’une chanson, résume le mieux l’impression qui se dégage de ce joli songe d’une nuit d’été : “Juste marcher lentement / Juste marcher à travers champs”.

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[Critique] “Je suis un no man’s land”, désert fertile

En salles le 26 janvier 2011

Crédits photos : © Nicolas Comment


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