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Surprise, surprise

Publié le 27 janvier 2011 par Egea

1/ A propos de la Tunisie, j'ai déjà évoqué que malgré "l'évidence" de certains commentateurs (selon qui "c'était totalement prévisible"), la chose n'était pas anticipable. Certes, elle était explicable avec des ressorts de longue durée que j'ai essayé de mettre à jour après coup (voir mon billet). Certes, il est possible que certains spécialistes de la Tunisie aient pu prédire ce qui s'est passé, mais force est de reconnaître :

Surprise, surprise
(croissance économique africaine)

personne n'a dit que cela se passerait comme cela, et à cet instant-là, et en liaison notamment avec les contrecoups de la crise financière.

2/ Autant dire qu'il s'agit d'une "surprise stratégique". Au sens propre. On peut certes se retourner vers les prospectivistes qui clament qu'il faut écouter les signaux faibles, cela n'a pas suffit.

3/ J'étais sceptique sur la possible contagion au reste du monde arabe. Apparemment, un mouvement s'amorce en Égypte, voire au Yémen. Pour l'instant toutefois, les choses demeurent limitées. Un point particulier cependant : il y a en Égypte une sorte de cogestion entre le pouvoir et les islamistes, les premiers gardant le contrôle politique, les seconds gardant le contrôle social. Ce qui explique qu'il n'y ait finalement que peu d'islamistes dans les manifestations. Même s'il semble que les Frères aient décidé de participer aux manifestations (sait-on jamais?). Surtout, il est intéressant de noter le retour de cette notion de "monde arabe" qu'on n'avait pas vue depuis vingt ans....

4/ Il reste que la question ne concerne pas seulement le monde arabe, mais en fait toute l'Afrique. Pour le coup, les signaux faibles le signalent bien plus clairement : il y a un fort désir d'imitation de la Tunisie en Afrique noire, où les kleptocraties sont légions (et vont de pair avec des gérontocraties décalées par rapport aux jeunesses des populations). Cet hiver, j'ai longtemps médité un billet sur la transition démocratique en Afrique, mentionnant des élections qui s'étaient bien passées : je ne l'avais pas publié à cause bien sûr des événements en RCI, même si le désir est toujours là. Mais il est fort possible que "l'extension du domaine de la lutte" (encore une fois, je suis houellebecquien sans le savoir) soit une réalité. Et que la croissance africaine s'accompagne (comme en Tunisie) d'une volonté démocratique d'autant plus sensible que le soft power européen est proche.

5/ Si cela était vrai, cela confirmerait l'émergence africaine, qui est au fond la vraie grande nouvelle de ces trois ou quatre dernières années. Même si ces transitions risquent d'apporter aussi du désordre à notre proximité. Bref, l'Afrique revient dans les radars.....

Surprenant ? Cela montrerait en tout cas la nature multiple de la Tunisie : j'ai classé le précédent billet dans "Méditerranée" après avoir hésité à le mettre à "Proche Orient", et je m'aperçois que j'aurais aussi bien pu le classer dans "Afrique". Ces catégories fuyantes sont bien embêtantes.....

réf :

  • quelque chose est en train de bouger en Afrique.
  • tous ivoiriens, tous tunisiens
  • un billet d'il y a quinze mois sur la succession de Moubarak, où je n'envisage pas une révolte populaire....! Or, elle est aujourd'hui possible, non ? Surprise, surprise.....

O. Kempf


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