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La Néerlandaise de Charleville, Australie

Par Argoul

Sous sa conduite, Rob et son camion nous amènent sur le plateau dominant la station. 2010 est la seconde bonne année de pluie. Le paysage verdoyant déploie son long tapis entre les arbres et la terre ocre. Entre les branches fleuries d’eucalyptus le Moquelia pointe son nez : feuilles de houx de nos forêts et fleurs rouges ! Un peu plus loin, le fermier nous montre une « mine » de fer. Pourquoi aucune exploitation de ce minerai ? L’analyse qu’il en a fait faire indique une très faible teneur en fer. Et pour finir la matinée, nous cherchons des opales dans ce qu’il reste d’une petite « mine » à ciel ouvert tandis qu’au milieu du bush qui fleure bon, le fermier nous prépare un savoureux thé agrémenté de cookies ! Nous savons que la chance de trouver des opales commence à partir de 10/15 m de profondeur. Mais nous avons oublié nos pelles et pioches, alors… next time better ?

La Néerlandaise de Charleville, Australie

Adieu Carisbrook, nous quittons notre hôte par la piste. A 11h55, nous avons roulé pendant 300 km, rencontré aucune voiture. C’est pourtant une voie principale, de terre, certes, mais une voie principale ! Les estomacs crient famine, Rob nous arrête à Jundah pour l’achat d’un casse-croûte mais il n’y a rien à se mettre sous la dent. La région est inondée 3 semaines après les pluies tombées dans le Nord, quand il pleut bien sûr ! Par téléphone David nous commande des sandwichs ; à fond la caisse, Rob mène son destrier blanc, à 14h nous arrivons à Welfort.

La Néerlandaise de Charleville, Australie

L’en-cas est avalé en vitesse, et nous repartons, il reste encore 2h30 de route. Les paysages qui défilent, sont variés. Nous traversons d’abord le très large « delta » de la « rivière » Cooper Creek qui s’est étalée gourmande et généreuse à la fois dans cette plaine en recouvrant tout. Sur la route, des panneaux tous les 200/300 m indiquent la hauteur de l’eau, jusqu’à 1 m. C’est dire que l’eau tombée au nord de l’Australie il y a 1 mois a baigné les sols : tout est vert. Ici, on mesure la difficulté d’être paysan dans ce vaste pays. Au dire des paysans, ils préfèrent l’inondation à la sécheresse et on les comprend !

La Néerlandaise de Charleville, Australie

Le bruit du camion effraie beaucoup de kangourous : des petits, des grands, des roux, des gris, des émeus, des oiseaux. Les kangourous s’éloignent à grande vitesse, puis ayant pris de la distance face au perturbateur se dressent sur leurs séants et regardent passer ce drôle d’engin. Il nous reste encore 40 km à parcourir lorsque nous bifurquons à gauche de la route principale. Le soleil décline lentement dans une féérie de jaunes et oranges, direction Ray Station, là où nous passerons deux nuits.

La Néerlandaise de Charleville, Australie

Enfin la délivrance pour Rob et nous tous. Le propriétaire Marc nous accueille à la croisée d’un chemin. Distribution des chambres, toilette, excellent repas préparé par Sandra, l’hôtesse, et au lit. Oh ! Surprise, dans la cuvette des WC, une petite grenouille vert-émeraude prend son bain dans une eau de récupération couleur sable. Elle n’est pas sauvage, mais surveille l’intrus qui vient interrompre son bain.

La Néerlandaise de Charleville, Australie

Le lendemain, découverte des lieux après un petit-déjeuner fort copieux. Pour faire connaissance des lieux, le tour du propriétaire à bord de notre camion-bus. Visite des maisons familiales, rencontres florales, canines, ovine, découverte de la vie des Irlandais immigrés depuis le début du 19e siècle. Les maisons, blotties dans des oasis de verdure, sont pleines de souvenirs.

La Néerlandaise de Charleville, Australie

10 h, thé et gâteaux very british. Fin de la visite matinale, retour au réfectoire : une somptueuse assiette froide préparée avec amour et couleurs par Sandra. Pas de temps à perdre, on part découvrir des « mines d’opale » sises sur les 700 km2 de la propriété. La terre a été labourée en surface pour que nous puissions découvrir plus facilement les trésors enfouis. Les Aborigènes lors de leurs périples connaissaient les lieux où s’abreuver, tels ces trous d’eau naturels. What time is it? Four o’clock tea : thé rouge, gâteaux maison, bananes et biberon pour le bébé kangourou orphelin. Retour en flânant, un peu moins de soleil qu’hier mais aucune pluie. Sandra à nouveau aux fourneaux pour concocter le dîner. Préparons la valise.

Le lendemain matin, c’est fini, nous avons fait nos adieux à nos hôtes. Quelle expérience : 6300 moutons, 800 bestiaux, 3 enfants en pension, deux chiens, un bébé kangourou orphelin. Pour nourrir le bétail, 2 bulldozers, avec entre eux une grosse chaîne, avancent de concert pour ratiboiser les arbres qui deviennent du fourrage pour le bétail. Parfois, Marc et Sandra ont le blues alors ils partent se ressourcer à la ville pendant quelques jours, voir du monde, aller au cinéma, faire AUTRE CHOSE.

La Néerlandaise de Charleville, Australie

La conduite sur les petites routes est spéciale. Rob roule au milieu de la chaussée. S’il aperçoit une voiture, un 4×4, il se serre un peu à gauche. En Australie, on conduit toujours à gauche ! S’il entrevoit un road tain venant en face, il va circuler sur le bas-côté gauche souvent aplani et désherbé et laisse ainsi la voie royale au road train avec ses 3 remorques. Sur les routes un peu plus larges et matérialisées, les voitures, les petits camions roulent à 100 km/h, nous sommes doublés allégrement par des road train à 3 remorques. Ici, en Australie, place aux road trains, qu’ils doublent, on ne se mesure pas à ces monstres !

La Néerlandaise de Charleville, Australie

En marchant à la recherche d’un casse-croûte, nous sommes hélés par une dame assise sur un banc : « D’où venez-vous ? ». C’est une Néerlandaise qui a vécu à Paris puis en Suisse, et qui habite maintenant près de Charleville, au centre d’une immense région d’élevage. Elle entendait parler français avec un drôle d’accent par des individus qui ne ressemblaient pas à des Français de France, trop bronzés et très mélangés ! Quelques phrases échangées tandis qu’elle attend Monsieur pour repartir dans leur station. Elle prend le temps de nous poser des questions sur notre origine, ce que nous faisons en Australie, avec le camion-bus qu’elle a aperçu. J’échange quelques mots de néerlandais avec elle. Elle n’en revient pas ! Une Parisienne qui vit à Tahiti, qui visite l’Australie, qui parle un peu le néerlandais… Mais comme toute bonne Néerlandaise qui se respecte elle n’oublie pas de me demander quel prix de pension nous avons payé dans les deux stations où nous avons séjourné ! Elle aimerait compléter ses revenus avec du tourisme à la ferme !

Hiata de Tahiti



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