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La fin de l'évolution ?

Publié le 31 janvier 2011 par Svtcolin

La fin de l'évolution ?Si j’étais un peu moins scientifique, et si je maitrisais un peu plus l’art des mots, je me serais certainement plus intéressé à la philosophie.  Je regrette aujourd’hui de n’avoir été plus attentif aux propos de mon professeur lors de mon année de terminale.  Mais ! Grâce soit rendue à la plasticité cérébrale, il n’est jamais trop tard pour s’ouvrir à de nouveau domaines et l’épistémologie et la philosophie des sciences font partie de ces derniers. Aussi c’est en tant que novice enphilosophie et que je voudrais vous entretenir du problème du finalisme !
Le finalisme contre le mécanisme. Le finalisme c’est l’idée  qu’il existe un aboutissement, une fin àl’univers et que tous les phénomènes qui s’y produisent, conduisentinéluctablement vers cette fin.  En cesens l’idée du finalisme est à priori indissociable de la croyance en un Dieu. Pour prendre un exemple : l’aile a été créée pour le vol.Cette idée du finalisme s’oppose au principe du mécanisme, pour lequel chaque phénomène possède une cause qui lui est propre et la cause précède forcément le phénomène. Pour reprendre l’exemple précédent on  peut dire que c’est l’aile  qui permet le vol.Devant l’implacable logique de ce raisonnement,les finalistes suggèrent que la fin est ultime en exécution mais première en intention (« Finis est prima in intentione, ultima inexecutione » dit Aristote) : si les ailes permettent le vol c’est parce qu’elles ont été conçues pour cela : c’est plus où moins de l’intelligent design…Une idée qui date d’Aristote finalement !
La fin de l'évolution ?[Platon, à gauche, devise gaiment avec son disciple Aristote ,à droite, dans les couloirs du Lycée - ou école péripatéticienne, qui tire son nom du terme grec peripatein, « se promener ». La légende dit qu'Aristote enseignait au Lycée en se promenant. Tableau: L'Ecole d'Athènes - Raphaël, vers 1510]
D’une façon générale la pensée scientifique se veut rigoureusement mécanistique et cherche donc les causes etles mécanismes de chaque phénomène. Ainsi la théorie de l’évolution exclue en bloc, et elle a raison de le faire toute idée d’un perfectionnement ou de finalisme dans l’évolution.
Le finalisme et l’idée d’une fin...Ceci étant, le finalisme renvoi également à l’idée d’une fin, dans le sens de la terminaison. Et je voudrais ici réfléchir au concept théorique d’une fin de l’évolution biologique.La fin de l'évolution ?Fukuyama envisage l’idée d’une fin del’Histoire, en précisant que l’admission de plus en plus large d’un modèle  démocratique, d’une voie de la raison, devrait logiquement conduire à une fin de l’Histoire c'est-à-dire à l’absence d’événement historiques majeurs tels que les guerres par exemple. C’est une idée un peu utopique, mais malgré tout assez séduisante. On peut d’ailleurs imaginer que l’accélération des échanges,la mondialisation, ainsi que la mise en place de systèmes de régulation,de plus en plus réactifs, devraient faciliter cette fin de l’Histoire; ce gain en stabilité.Pour moi ce concept est à envisager dans le cadre de la théorie des jeux : il existe une solution optimale, logique,« mathématique » à tous les problèmes. Si cette solution optimale (ou pas) est connue elle devrait logiquement s'imposer. (Voir l’article sur le dilemme du prisonnier)
L’équilibre d’Hardy-Weinberg : finde l’évolution ? Mais revenons à mon idée: sur le modèle de la fin de l’Histoire, peut-il y avoir théoriquement une fin àl’évolution ? Pour qu’une telle fin se réalise il« suffit » de maintenir constante les fréquences alléliques, en terme plus simple il faut que le "contenu génétique" présent dans ne population ne varie pas d'une génération à l'autre. L’approche mathématique de ce problème a été envisagée par le mathématicien britannique Godfrey H. Hardy (photo ci-dessous) et indépendamment par le physicien  allemand Wilhelm Weinberg en1908 : c’est la fameuse loi de Hardy-Weinberg. Quelles sont les conditions d’applicationde cette loi ? La population doit tout d’abord être de taille infinie, afin d’éviter la dérive génétique ;  et les flux migratoires sont nuls. La reproduction doit se faire de façon aléatoire : c’est la panmixie (on considère une espèce diploïde). Il n’y a ni mutation ni sélection dans la population considérée.Si toutes ces conditions sont réalisées alors la fréquence des allèles ne varie pas d’une génération à l’autre. Autrement dit, il n’y a pas d’évolution! De la à conclure que l’évolution  biologique a une fin, il y a un pas que je ne franchirai pas. La fin de l'évolution ?Cependant, si les conditions de l’équilibre de Hardy-Weinberg sont utopiques, peut-on toutefois imaginer que l’Homme s’en rapproche suffisamment par ses moyens technologiques pour atteindre statistiquement cet équilibre ? (j’insiste sur le point d’interrogation). En effet la médecine rend la sélection naturelle négligeable ; la démographie et les capacités de transport à l’échelle mondiale limitent la dérive génétique. etc. En conclusion, dans les conditions actuelle la vitesse d’évolution de la population humaine est négligeable (et oui l'Homme du futur ce n'est pas pour demain!). Wikipédia présente  également un exemple concret de population de papillons Callimorpha qui répondent statistiquement (via un test du χ2)à la loi de Hardy-Weinberg.
Conclusion : La fin de l'évolution ?Un roman d’anticipation pourrait tout à fait imaginer, suite à une crise de la biodiversité causée par l’Homme par exemple, qu'un faible nombre d'espèces présentes sur Terre occupent la totalité desniches écologiques et répondent à cet équilibre de Hardy-Weinberg. On aurait alors une fin à l’évolution… Je clos ici mon délire pseudo-philosophique que je vous invite à alimenter, où critiquer comme bon vous semble! Pour ma part, j’ai en quelque sorte réglé ma frustration philosophique, pour un temps au moins. Mais assurément ce n’est pas ma seule frustration et  je regrette également de ne pas être plus bricoleur. La notion de « bricolageévolutif » chère à S.J. Gould et F. Jacob qui s’oppose au finalisme vous attend donc dans un prochain article !
Liens Wikipédia:

Merci à J. Reigner pour cet article.[Retour à l'accueil]


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