Magazine Politique

Le suivi judiciaire et la récidive

Publié le 04 février 2011 par Alex75

235pxlanternerochefort2.jpg 

L’actualité est marquée par l’épilogue tragique de l’affaire Laetitia. Ce drame relance le débat sur le suivi judiciaire et sur la récidive. Il y a d’ailleurs quelques jours, à St-Nazaire, le président de la République déclarait que la récidive n’est pas une fatalité. C’est un rituel désormais attendu. A chaque crime odieux, Nicolas Sarkozy reçoit la famille de la victime, compatit à sa détresse, puis annonce une nouvelle loi plus répressive. Son ministre de l’intérieur dénonce le laxisme des juges, les syndicats de magistrats protestent, défendant leurs collègues qui n’ont fait qu’appliquer la loi, et se plaignent de la baisse d’effectifs. La gauche dénonce la politique compassionnelle et sa surenchère répressive. Et puis on referme le dossier, avant l’éclatement de la prochaine affaire. 

Mais derrière ce balai médiatique et politicien parfaitement réglé, on touche d’abord à une question essentielle, une méchante affaire de gros sous, à savoir le manque de places en milieu carcéral (60 000 places de prison en France). A titre de comparaison, le Royaume-Uni en possède 80 000. Le calcul est vite fait, il nous ainsi manquerait, au moins 20 000 places. Un programme de construction  a bien été décidé, il fut un temps. Mais on y a renoncé pour cause de restriction budgétaire. Alors pour dissimuler la disette, on organise un rationnement. Depuis 2004 et la loi Perben, on favorise les libérations conditionnelles, et on multiplie les remises de peine. Le prisonnier qui effectue plus de la moitié de sa peine, devient presque une exception. Une politique qui sera couronnée par la loi de 2009, amenant quasi systématiquement, les juges à libérer les condamnés à des peines inférieures deux ans, parce que « de tout de façon, les prisons sont bourrées », comme dans la réplique de Philippe Noiret à Thierry Lhermitte dans le film « Les ripoux ». Pour des raisons prosaïquement budgétaires, la droite s’est condamnée à la schizophrénie d’un discours répressif et d’une législation pour le moins laxiste. Et la gauche fait semblant de la critiquer sur son discours, sans toucher au fonds du dossier. 

Le suivi judiciaire et la récidive  

Ce débat porte aussi sur des idées. Depuis les années 70, la gauche française a fait sienne une idéologie à la fois hostile à la prison et compréhensive envers les criminels. La prison est criminogène, était-il déclaré. Elle pousse à la récidive, elle transforme les petits délinquants en grands criminels. La prison représentait aussi une société répressive. Les maîtres à penser des années 70 - Deleuze, Foucault - expliquaient que le fou n’était pas fou, que le violeur - assassin n’était pas un criminel, mais avant tout une victime d’une société coupable de réprimer ses désirs et pulsions. Il fallait donc protéger le fou et le déviant de cet ordre social répressif, que voulait lui imposer la société : policiers, juges, prisons, asiles. Bien-sûr cette soupe idéologique a depuis lors été nuancée, contestée, partiellement élaguée, édulcorée. Mais elle a imprégné toute la société française, a endoctriné les nouvelles générations, s’est répandue partout, des universités aux salles de rédaction, en passant par les tribunaux et les prétoires. Et cette alliance entre les contraintes budgétaires de la droite et l’idéologie compassionnelle de la gauche, particulièrement symptomatique de notre société, se conjugue ainsi dans un mélange explosif.

   J. D. 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Alex75 175 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines