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Rachid Badouri "Arrête ton cinéma !"

Par Gjouin @GilbertJouin

Théâtre Trévise
14, rue de Trévise
75009 Paris
Tel : 01 45 23 35 45
Métro : Grands Boulevards / Cadet
Ma note : 6/10
Présentation : Pour la première fois en France, Rachid Badouri présente son spectacle Arrête ton cinéma !. Fan de Michael Jackson qu’il imite à la perfection, Italian lover gominé, Chinois plus vrai que nature, gangsta rappeur, stewart, ou organisateur de soirées latines, il enfile tous les costumes avec une aisance folle et met le feu aux planches avec son sens inné de la « dance » qui rythme tout le spectacle.
Mon avis : Rachid Badouri arrive chez nous annoncé à grand renfort de trompettes. Ex-révélation du Festival Juste pour rire, il est devenu en trois-quatre ans une immense star de l’humour au Québec où sévit, paraît-il, une authentique « badourimania ». Comme nombre de ses collègues chanteurs ou humoristes, il a franchi l’océan pour tenter de conquérir le public français.
Je pense, qu’effectivement, il va trouver ici son public. Mais je ne suis pas convaincu que ce soit le plus large possible ; le plus inter-générationnel en tout cas. Il va plaire aux jeunes, ça c’est pratiquement certain, et moins aux plus âgés car, chez lui, la forme est bien plus efficace que le fond. Ceci dit, pour être honnête, il a plus d’atouts dans sa manche que de mauvaises cartes.
Les premières informations que l’on reçoit de lui sont très positives. Il est élégant, sympathique, très expressif, il bouge et danse avec une facilité insolente, et il fait admirablement la poule qui se déplace... Tout de suite, il annonce la couleur : il est certes né à Montréal, mais ses origines, comme son nom l’indique, sont marocaines (« Le ghetto arabe au Québec, c’est moi ! ». Alors il va jouer énormément sur cette double culture. Et, pour la matérialiser de façon plus concrète, il va utiliser un personnage omniprésent dans son spectacle, son père. Car Rachid est écartelé entre tradition et modernité. Les Etats-Unis, tout proches, sont bien plus fascinants pour lui que la terre de ses racines. Il se sent plus d’affinités avec un Travolta époque Tony Manero dans Saturday Night Fever qu’avec un Chaabi. Il veut jouer les latin lovers, pas les berbères lovers. Ce qui, bien sûr, dépasse l’entendement du paternel. Le jeune homme puise dans cet antagonisme quelques saynètes savoureuses. Il évoque aussi les problèmes d’intégration de son père, sa découverte des idiomes québécois et ses difficultés avec l’apprentissage de l’anglais. Mais il s’en sert surtout pour illustrer le conflit des générations.
En effet, le spectacle de Rachid Badouri est très autobiographique. Il nous raconte sa vie, ses différents jobs, ses rencontres, son boulot de stewart, on le voit grandir. A 9 ans, il est fan des ninjas et de Michael Jackson, puis il se passionne pour le rap ; à 16 ans, il découvre le Maroc ; à 18, il aspire à devenir « Gino boy ». Au grand dam de son père, il se fait appeler Ricardo et teste les effets de la vodka sur les filles. Enfin, il succombe à une boulimie de films. Cette cinéphilie galopante est prétexte à un de ses meilleurs sketchs dans lequel il se livre à une scène d’action des plus épiques sur une bande-son redoutablement efficace.
Tout au long de son show, tout est prétexte à danser, une discipline dans laquelle il excelle véritablement. Mais ce qui est bien, c’est qu’il n’en rajoute pas. Il sait arrêter ses chorégraphies avant qu’elles ne tournent à la démonstration.
Pour conclure, Rachid Badouri tient remarquablement la scène. Il a de la tchatche, du bagou, il a un corps et un visage en caoutchouc et, surtout, comme je le disais en préambule, il est extrêmement sympathique et chaleureux. Le public l’adopte facilement… Maintenant, si je ne me suis pas foncièrement ennuyé, j’ai trouvé son spectacle gentillet, avec une sensation de déjà vu et de déjà entendu, même s’il a une vraie personnalité. Et, à mon goût, ça manque un peu de matière. Néanmoins, je suis sûr qu’il va fédérer un public jeune, prompt à s’emballer devant ses pas de danse, ses grimaces et ses accents. C’est tout le bonheur que je lui souhaite car on voit que, même s’il est facile, il a énormément travaillé pour en arriver là.

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