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Jusqu'à toi, le premier film de Jennifer Devoldère (2009)

Publié le 05 février 2011 par Vivons_curieux

Jusqu'à toi, le premier film de Jennifer Devoldère (2009)Parfois, il y a des films comme ça que vous ratez à leur sortie en salles pour une raison ou pour une autre et qu’il vous faut attendre la sortie en DVD pour une séance de rattrapage. Jusqu’à toi appartient à cette catégorie de films pour Vivons curieux. Est-ce l’attente qui vous marine le désir pendant plusieurs mois (six généralement pour un DVD, sept pour ce film, et Dieu sait que c’est long sept mois d’attente !) la fraîcheur de Mélanie Laurent, le talent de Valérie Benguigui ou encore le charme de Justin Bartha ? Autant de questions sans réponse qui tournent dans l’esprit séduit de Vivons curieux ! depuis la projection du film. Qu’on se le dise tout de suite, ce qui suit est clairement subjectif mais sincèrement assumé. Il se pourrait que plus d’un esprit soit séduit.

Qui dit premier film, dit première fois. Premières écritures, premier scénario, premières mises en scène, et première réalisation. C’est avec toute l’indulgence des premières fois qu’il faut regarder Jusqu’à toi, le premier film de Jennifer Devoldère, d’autant plus quand on s’attaque à un genre cinématographique que l’on a essoré jusqu’à la moelle. Car malgré les apparences, la comédie romantique n’est pas un genre qui se manipule aussi facilement. Au mieux, il évoque le thème récurent du sentiment amoureux avec subtilité et légèreté sans jamais sombrer dans le pathos, les plus sceptiques lui reprocheront sa frivolité. Au pire, il est abordé avec la délicatesse et la sensibilité d’un fermier perché sur sa moissonneuse-batteuse, vous écrasant le cœur avec ses sabots badigeonnés de bons sentiments, de mièvreries et de musiques soi-disant romantiques. Un peu tout ce que l’on peut retrouver dans un Coup de foudre à Nothing Hill.

Jusqu’à toi n’est pas de ce genre-là. D’abord, parce que côté musique, Jennifer Devoldère n’est pas tombée dans le cliché traditionnel. Le style est branché, parfaitement choisi pour ce genre : comment résister à la gouaille de Mélanie Laurent avec une ouverture de film sur le Mouthwash de Kate Nash ? Ensuite, parce que contrairement aux autres comédies romantiques, les dialogues sont étudiés, concis, d’une précision à chaque moment d’introspection. Jusqu’à toi raconte l’histoire de Chloé, une jeune femme qui, après avoir récupéré la valise d’un inconnu, tombe amoureuse de son contenu et se livre alors à un jeu de piste pour en retrouver le propriétaire. C’est là toute l’originalité du film : traiter le genre différemment en ne faisant rencontrer ces deux personnages qu’à la fin du film. Bien souvent, dans une comédie romantique, la relation amoureuse est abordée de façon chronologique, depuis sa naissance à la difficulté de vivre en couple.

Une approche novatrice qui permet de s’intéresser davantage aux personnages qu’au couple en lui-même. Centrée sur sa personne, Chloé est une fille soucieuse de 26 ans qui essaie de noyer sa solitude en ne vivant qu’à travers les livres et les films qu’elle emprunte au vidéo-club de son quartier. L’histoire de la valise devient alors un moyen de mettre un peu de piment dans une vie routinière dont elle ne maitrise pas tous les codes sociaux qui s’imposent à elle. Jack est quant à lui un jeune américain un peu pommé qui semble avoir perdu toute illusion, qu’elle soit sociale ou amoureuse, l’un n’allant pas sans l’autre. Au fil du film, on apprend ainsi à découvrir ces deux personnages atypiques mais tellement humains et attachants à travers leurs attentes, leurs espoirs mais aussi leurs craintes et leurs déceptions, forcément quand on parle du sentiment amoureux. C’est peut-être là toute la force de ce long-métrage : filmer les prémices d’une relation amoureuse plutôt que la relation en elle-même, car le quotidien est souvent synonyme d’ennui. Et d’ennui dans ce film, il n’en est jamais question. Jennifer Devoldère s’inspire de la comédie romantique américaine et britannique pour en faire un OVNI, un Objet Vidéo Non Identifié à la française. Un exercice de style plus que réussi.

Sortie en DVD le 10 février 2010


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