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Interview de François Montmirel (auteur et éditeur): “Il n’y a jamais eu autant de joueurs de poker qu’aujourd’hui”

Publié le 07 février 2011 par Tournoispoker

Éditeur, auteur, consultant, joueur de poker international et cofondateur de l’École Française de Poker (EFP), François Montmirel, dont le blog (www.over-pair.com) fait référence, sait de quoi il parle lorsqu’il est question de poker en France! Son interview publiée dans le nouvel IGA Magazine:

Interview de François Montmirel (auteur et éditeur): “Il n’y a jamais eu autant de joueurs de poker qu’aujourd’hui”

Auteur et éditeur d’ouvrages sur le poker depuis près de trente ans, vous êtes l’un des observateurs les plus avertis du monde du poker français. Pouvez-vous, des années 1980 aux années 2010 nous résumer votre vision de l’évolution du monde du poker en France?

Ce serait difficile, il s’est passé tant de choses! Le premier déclic a été l’instauration des premiers tournois européens, en 1990, en Angleterre et en Autriche. 1993 a été l’année des premiers MasterClassics d’Amsterdam, premier grand festival international codifié à l’américaine. En 1995, l’Aviation Club de France ouvre sa salle de poker, puis devient vite un acteur majeur en Europe. Dès lors, la France faisait partie du train pokérien. À partir de 2002, 2004 en France et en Europe, le poker est devenu un marché de masse, ce qui n’était pas le cas auparavant. De grands médias s’y sont intéressés (d’abord Eurosport puis Canal+), mobilisés par une synergie intelligente avec les producteurs, eux-mêmes capables de fournir de bons spectacles nourris en amont par des opérateurs toujours plus dynamiques. Et la France a eu une locomotive que n’a eue aucun autre pays en la personne de Patrick Bruel, qui a choisi de s’investir à fond dans le poker après quelques hésitations. Vu ce qu’il est devenu, ce fut sans doute son meilleur coup de poker. Avec le recul, la flambée du poker constitue un exemple réussi de développement éclair d’un business qui s’est créé à partir de quasiment rien. Pourtant, les éléments de ce business étaient déjà présents au départ: les premières rooms en ligne se sont créées dès 1999, le premier poker TV show date de la même année (Late Night Poker) et le poker était déjà répandu dans beaucoup de casinos et cercles depuis de nombreuses années. Le déclic, je pense, a été la création du WPT en 2002, qui a testé un modèle économique générateur d’activité et qui a joué le rôle de turbo dans la pratique du poker. Car on oublie souvent ce point: il n’y a jamais eu autant de joueurs de poker dans le monde qu’aujourd’hui. Pour moi qui ai suivi l’évolution du poker de près depuis 1976, qui suis passionné par ce jeu, c’est un résultat que je n’aurais jamais pu imaginer.

Le vrai changement a-t-il eu lieu il y a quelques mois, avec l’ouverture du marché “légal” ou quelques années auparavant, quand le poker en ligne est devenu populaire?

On l’oublie souvent, mais l’effervescence pokérienne avait déjà commencé en Europe dès le début des années 1990, avec la création de nombreuses salles de poker dans presque tous les pays. Qui se souvient de l’EPPA (European Poker Players Association), créée en 1999, et dont j’ai été un temps le responsable français? Qui se rappelle que Thomas Kremser, aujourd’hui un des meilleurs promoteurs du poker en Europe avec l’EPT, a été d’abord directeur du Concord Card Casino de Vienne, mettant à l’épreuve le monopole des casinos autrichiens? Il y a bien un avant et un après Moneymaker (premier champion du monde WSOP provenant des sélections en ligne, en 2003), c’est indéniable, mais j’ai l’impression que, pour le public, “l’avant” n’était que désert et ténèbres. C’est absolument faux. En 2003, l’Europe avait déjà rattrapé tout son retard avec les États-Unis en matière de poker live, et les grandioses MasterClassics d’Amsterdam en étaient déjà à leur dixième édition… Voilà pourquoi, s’il y a eu la révolution en ligne en France en juillet dernier, c’était parce que de forts remous s’étaient déjà produits dans les vingt années précédentes. Aujourd’hui, on sent bien que le marché français est en pleine ébullition. Des rachats sont en cours ou ont eu lieu, des fusions aussi. Le poker a donné de bien meilleurs résultats que ceux escomptés, en termes de CA, que le turf et les paris sportifs. Cela en a étonné plus d’un. 2010 a été une année charnière pour la France, bien plus que 2007 qui avait vu l’ouverture du poker dans les casinos. Cette fois, le monopole d’État est tombé, le modèle online non encadré n’a plus cours en France, et tous les joueurs doivent se plier à des contraintes qui, en fait, auraient dû constituer les conditions de jeu originelles. C’est pourquoi beaucoup de joueurs ayant connu “l’ancien régime” se sentent floués. En réalité, nous sommes passés d’un état de non-droit qui ne pouvait perdurer, à un état de droit, qui est censé durer. Les nouveaux arrivants, eux, n’ont pas cette frustration. Chaque jour qui passe dilue un peu plus cette frustration, et bientôt, presque plus personne n’en parlera, à part quelques râleurs irréductibles.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris, ces derniers mois, depuis que l’ouverture est effective en France? En bien et en mal?

La réaction dans les forums a été très dure, alors que cette loi était connue partout depuis des mois! J’en ai parlé dans mon blog pour la première fois en mars 2009, soit plus d’un an avant son application! Et je ne suis pas le seul. Tant qu’elle n’était pas appliquée, elle était assez peu condamnée par les joueurs. C’est quand le jour est venu où les joueurs ont dû rouvrir de nouveaux comptes qu’ils se sont dit: “Mince, finalement c’est bien réel!” Je trouve cette réaction puérile. D’autant que, les critiques oublient souvent de dire que la loi leur a fait un cadeau magnifique, à savoir leur amener un nombre énorme de joueurs débutants aux tables. Je ne prétends pas que cela compense ce qu’ils ont perdu, mais pour les plus pointus, je ne serais pas étonné que ce soit le cas. Avec d’autres, j’avais fait des démarches en 2009 sous la bannière de l’École Française de Poker auprès d’élus pour essayer d’infléchir le projet de loi, qui a d’ailleurs été infléchi. Mais les joueurs qui ont tiré à boulets rouges sur l’Arjel à partir de juillet 2010 ont mené un combat d’arrière-garde. La lourdeur administrative ne permet pas de rectifier les lois chaque matin! Quand une loi est votée, elle ne sera pas amendée avant de nombreux mois. En l’occurrence, celle-ci a prévu un bilan après 18 mois, c’est-à-dire à la fin de cette année, donc nous devons nous estimer heureux. Le joueur, d’une manière générale, comprend mal pourquoi on le prend pour un malade, et on ne peut que l’approuver. Car presque toujours, ce n’est pas un malade, mais un passionné. Les joueurs et les élus ne parlent pas le même langage. Les joueurs voudraient que les prélèvements baissent, ce qui est légitime. Or, du côté du gouvernement, des prélèvements élevés sont la garantie que le joueur ne jouera pas éternellement. Le gouvernement n’a que faire de faire plaisir aux joueurs. Ce qu’il recherche au contraire, c’est endiguer le jeu au maximum. Pourtant, on ne peut pas traiter un joueur de poker comme on traite un ivrogne ou un toxicomane. Nous sommes dans un dialogue de sourds. Nous devons espérer néanmoins que les mois passants, les autorités comprendront que les joueurs de poker n’ont rien à voir avec des parieurs ou des joueurs de casino. J’en connais d’ailleurs peu qui jouent au PMU, aux paris sportifs ou à la roulette. C’est une population à part. Côté positif, je suis surpris par la vivacité des sites et par ceux qui y jouent. Le dynamisme de la communication, les offres promotionnelles sont exemplaires. Nous avons ici des multinationales qui usent de notre culture pour nous parler poker, qui emploient des VIP français comme ambassadeurs, et c’est exactement ce qu’il fallait faire pour lancer le produit poker online. Bien sûr, on peut toujours critiquer le contenu de certaines campagnes, mais franchement, vu ce que l’on voit aux États-Unis, nous pouvions craindre bien pire. Résultat: les joueurs français plongent à fond, au point que le leader des rooms a réuni plus de 20.000 joueurs le 29 décembre 2010 dans un tournoi à 1 euro! Et que ce même opérateur organise chaque dimanche un tournoi doté de 200.000 euros garantis! C’est à peu près 250.000 dollars, soit le quart du Sunday Million, et je trouve que c’est énorme pour un “petit” pays comme la France. D’autres rooms connaissent un grand succès, et je trouve que la France montre une vigueur pokérienne inattendue. Donc bravo aux opérateurs et aux joueurs.

Quelles sont, selon vous, les modifications que la loi peut encore apporter dans le domaine du poker en ligne?

C’est une question importante parce qu’à la fin de l’année, un premier bilan sera fait et c’est là qu’il faudra apporter des propositions. Paradoxalement, le succès du poker en ligne, supérieur aux attentes, risque de jouer à l’encontre des intérêts des joueurs. Après avoir interdit les rakebacks, les députés remettent en cause le principe des bonus à l’inscription. Nous ne sommes vraiment pas sur la voie d’une diminution du taux de commission, car s’ils estiment qu’il y a trop de joueurs, c’est parce que l’État ne prélève pas assez. Je sais, c’est une logique bizarre, mais il me semble que nous sommes à fond dans cette logique depuis la chute de Lehman Brothers! En revanche, rien ne s’oppose apparemment à une ouverture des rooms à des clients étrangers légalisés. Ce serait une bonne chose, par exemple, que les marchés européens légalisés, l’Italie en tête, permettent une totale liberté de leurs joueurs. Je ne vois pas en quoi cela peut gêner nos élus puisque nous restons entre Européens encadrés par des lois européennes. Cela donnerait un coup de fouet aux offres, les lobbies doubleraient ou tripleraient en nombre de tables, les dotations aussi, le choix des joueurs serait élargi d’autant, et ce, sans le moindre danger supplémentaire pour personne.

Pensez-vous qu’il va y avoir de nombreux “morts”, qu’il ne restera que quelques acteurs dans quelques années? Ou qu’il y a de la place pour tout le monde ou presque?

Certains avaient prédit que cette loi tuerait le poker en ligne en France, et c’est l’inverse qui se produit. Néanmoins, le ticket d’entrée sur ce marché va devenir de plus en plus cher. Pour ouvrir une room aujourd’hui, il faut déjà posséder une clientèle, et être soit une grande chaîne télé, soit un opérateur téléphonique, soit un grand groupe de presse, soit un réseau social… Une PME qui démarre de zéro n’a aucune chance. Donc, il y aura des morts, comme dans tout marché compétitif et de masse de haute technologie, mais sous forme de fusion, acquisition. C’est d’ailleurs le meilleur moyen qu’aura un opérateur de grandir: par voie externe.

Qu’est-ce qui va changer dans les années qui viennent, en matière de poker en ligne? Misez-vous sur le développement du jeu sur mobile?

Du fait des rachats de parts de marché, d’ici à 3 ans, il devrait y avoir 4 ou 5 opérateurs de poker en ligne en France. La technologie étant ce qu’elle est, d’autres formes de consommation du poker peuvent surgir et se développer rapidement. Vous citez le mobile, mais je pense que cette manière de jouer restera loin derrière le PC, simplement pour des raisons d’ergonomie. Les acteurs externes à ce marché ne voient pas que la façon même de mener une partie de poker a été considérablement modifiée par le online.Tous les joueurs qui gagnent en ligne s’aident de trackers et de HUD, c’est-à-dire de tableaux de bord qui vous donnent des informations en continu sur les adversaires, et qu’un petit écran de mobile est bien incapable d’afficher. Il est amusant de constater que si les opérateurs ont une barre de plus en plus haute à l’entrée de ce marché, c’est aussi le cas pour les joueurs. De nos jours, un débutant qui se risque dans des parties en ligne à 0,10-0,20 par exemple n’a aucune chance de gagner sauf à être un génie. Il lui faut d’abord assimiler des outils que possèdent la plupart de ses adversaires. Cela explique en partie pourquoi le poker sur mobile ne sera jamais un poker relevé, mais plutôt un poker récréatif, sauf pour quelques pratiques spéciales comme le jeu à deux. Quant aux innovations, les principales ont déjà été faites à mon avis. Le poker en 3D ne fonctionne pas alors qu’on aurait pu y voir un gros potentiel. La dernière en date est le Rush Poker, formidable, car elle épargne le temps du joueur et exploite à fond ce qui sépare le plus le online du live, à savoir la rapidité de traitement des données. Pouvoir quitter une table avant que le coup soit terminé, quand on sait qu’on ne va pas y rester de toute façon, est une invention qui paraît évidente aujourd’hui, mais à laquelle personne n’avait pensé avant 2010.

En tant qu’éditeur d’ouvrages de référence, les vôtres ainsi que ceux de Doyle Brunson, Dan Harrington, Daniel Negreanu ou encore Mike Caro, avez-vous le sentiment que les joueurs de poker sont de plus en plus nombreux à vouloir améliorer leur niveau?

Les joueurs qui cherchent à améliorer leur niveau sont de plus en plus nombreux parce que le niveau général s’est amélioré aussi. Il y a une sorte d’appel d’air qui pousse les joueurs lucides à faire davantage d’efforts pour progresser. Il était facile de battre la NL100 en 2005, mais cela exige aujourd’hui une véritable expertise. C’est pourquoi je concentre dans ma collection principale, Poker Expert, les textes les plus relevés, les plus profonds, émanant de personnalités reconnues. Ma dernière publication le montre. Poker Cash 3 Online, de Dan Harrington, est à ce jour le manuel le plus abouti sur le jeu en ligne. Cependant, si un manuel peut faire faire un vrai bond tactique à un joueur, c’est loin d’être toujours le cas. D’abord, à peine 10% des joueurs de poker lisent des manuels. Ensuite, d’expérience, je sais qu’un lecteur d’un livre de poker n’en applique pas plus de 10% en moyenne. Parce que l’auteur fait part de son expérience, et nous vivons chacun des expériences différentes. Après un tournoi âpre, un lecteur peut se dire: “Maintenant, j’ai compris ce que Brunson voulait dire en parlant de tel concept.” Ajoutons à cela les lecteurs qui achètent des livres pour se rassurer. Dire qu’on a lu tout Harrington peut être bien vu, de même que citer un concept abscons, et cela compte dans les conversations entre joueurs et dans les forums. Vous voyez que je reste lucide sur l’impact des manuels tactiques sur le niveau de compétence générale des joueurs. Ils sont un des éléments de progression d’un joueur parmi d’autres.

Vous avez co-fondé avec Bruno Louy et vous co-dirigez l’EFP, École Française du Poker. Avez-vous l’impression que le niveau des joueurs progresse véritablement? Les “fishs” sont-ils moins nombreux?

Dans le cas du marché français, le poker est tellement populaire en ce moment que les nouveaux joueurs sont légion, ce qui amène aux tables un flux continuel de novices. Mais cet effet va s’affadir avec le temps. Il est contrecarré par la courbe d’expérience qui est une donnée de base de la progression pokérienne. Un joueur régulier, à moins d’être un ignare, va forcément progresser. S’il est studieux, il progressera rapidement, et s’il ne l’est pas, il progressera lentement – mais il progressera. Comparez les sujets des forums de l’EFP en 2007 à ceux de 2011 et vous serez surpris du net progrès du niveau d’analyse. Nous ne nous en rendons pas bien compte, mais nous vivons actuellement la transmutation progressive d’un jeu qui se construit pierre par pierre, qui se codifie. Le poker d’aujourd’hui n’est plus le poker d’hier, et pas encore le poker de demain. C’est une époque passionnante.

Pensez-vous que la plupart des joueurs qui découvrent le poker en ligne puissent être tentés par le poker en “live”? En somme, êtes-vous optimiste pour les casinos et les
cercles?

Votre question me renvoie presque 10 ans en arrière. À l’époque, tous les joueurs de poker de France pratiquaient en parties privées ou en cercle. Les dirigeants de cercles avaient une peur bleue de ce poker sur internet qui prenait de plus en plus d’ampleur. Ils s’imaginaient que, parce qu’il suffisait d’un clic, tous leurs joueurs resteraient chez eux pour jouer au poker, ce qui viderait les salles brick & mortar. La réalité qui a suivi, nous le savons tous, a été inverse. L’internet a amené des centaines de nouveaux joueurs dans les cercles, avides de croiser le fer en direct avec de la chair humaine. Et cela a été constaté partout dans le monde. Aujourd’hui, live et online vivent en parfaite harmonie, et la consécration, pour un joueur, reste de gagner des tournois live. Gagner des tournois online n’est pas encore reconnu car ces victoires, pour la plupart, restent dans l’ombre et sont peu relayées par les médias. J’ajoute que les vidéos des tournois online sont nettement moins attractives que celles des tournois live, et cela, nous n’y pourrons jamais rien.

Quelles sont vos rooms préférées? Où jouez-vous et pour quelles raisons? Pensez-vous que les rooms légales sont en quelque sorte complémentaires, s’adressant à des publics différents?

Désolé, mais je ne vais pas citer de noms de rooms car je reste indépendant face aux médias. Avec le temps, il n’y a pas de mystère, on s’aperçoit que les rooms leaders ne le sont pas pour rien. Elles ont la plateforme client la plus ergonomique, les promotions les plus attirantes et le service clients le plus sérieux. À titre personnel, je les ai toutes essayées et je me cantonne à 4 rooms différentes. Si certains de vos lecteurs sont perdus face à la floraison des offres légales, qu’ils aillent sur le site www.Poker-Agenda.fr, outil indispensable et gratuit pour choisir les meilleures offres. Aujourd’hui, les rooms légalisées en France viennent d’horizons divers, et effectivement elles s’adressent à des publics différents. Prenez par exemple une room accolée à un site de paris sportifs. Elle s’adresse d’abord à ses clients parieurs, mais aussi aux autres parieurs. Un joueur de poker “pur sucre” n’ira pas jouer instinctivement dans une telle room. C’est une très bonne chose car cela segmente les clientèles et rend le poker plus universel. Sans parler des logiciels de poker gratuit qui fleurissent un peu partout sur le net. Car tant que c’est gratuit, aucune licence n’est requise.

Utilisez-vous unVPN, vous permettant d’utiliser une IP étrangère et de jouer sur des sites n’étant pas réservés aux joueurs français? Pensez-vous que les joueurs qui refusent de se limiter aux rooms françaises sont nombreux?

Je ne cherche pas à contourner la loi. Je réagis comme n’importe quel joueur de tradition: je recherche les solutions pour prospérer dans les conditions de jeu qui prévalent et qui sont les mêmes pour tous. On ne peut pas éternellement regretter le passé. L’application de la nouvelle loi française n’est rien d’autre que l’arrivée à chaque table de poker d’un joueur supplémentaire difficile à battre. C’est un nouveau défi à relever pour chacun. Mais je comprends, sans l’approuver, pourquoi des professionnels du online contournent la loi. Ils ont mis en place un environnement ultra-pointu qui leur permettait d’en vivre, et il est difficile pour eux de repartir de zéro. Or, ce n’est que repousser l’issue fatale. Les États-Unis réfléchissent en ce moment à une loi inspirée de la loi française, qui fera sans doute florès dans d’autres pays. Le poker sera plus ponctionné dans les années à venir, mais ce n’est que la conséquence de la fin d’un état de non-droit. Nous savions tous qu’une fiscalité aussi légère, voire inexistante, ne durerait pas.

Certains affirment que la“mode” du poker s’estompe déjà. Croyez-vous que cela est exact ou pas du tout?

C’est amusant, parce que depuis 2005, on me pose cette question chaque année! 6 ans, pour une “mode”, c’est long, vous ne trouvez pas? Pour parler sérieusement, une mode est surtout caractérisée par un ensemble d’habitudes qui culminent puis se perdent progressivement.Or, dans le cas du poker, de nombreux relais sont là pour entretenir le phénomène: les médias, les clubs locaux (plus de 300 en France), les sites internet et blogs spécialisés, les rooms légales de plus en plus présentes dans les clubs, les casinos et cercles… autant de vecteurs qui font vivre le poker au quotidien. L’instauration d’épreuves telles que des championnats nationaux contribue aussi à maintenir l’envie de poker dans la population.

Êtes-vous, en tant qu’éditeur, contacté par de nombreux jeunes auteurs qui vous proposent des ouvrages?

Très peu, ou alors de la fiction. Or, je ne suis pas un éditeur de fiction. Comme ma collection occupe une niche, je ne peux pas me permettre de tester des auteurs inconnus. Mes auteurs sont soit déjà publiés à l’étranger, soit des joueurs français de renom. Poker Expert atteint maintenant 20 titres, c’est beaucoup pour le seul sujet du poker. Et encore, il reste quelques domaines à couvrir. J’atteins enfin ce à quoi je rêvais, à savoir une collection de manuels de référence sur le poker, comme d’autres éditeurs l’ont fait pour les échecs ou le bridge. Et les nouveautés ne vont pas se tarir de sitôt. Qui peut prétendre qu’un Sklansky, un Harrington, un Negreanu n’ont plus rien à dire sur le poker? Personne, bien sûr, et le renouvellement des pratiques fait le reste. À une nouvelle pratique correspond au moins un livre. Les livres techniques de poker sont de plus en plus ciblés. Il y a encore 5 ans, le sujet technique des Sit & Go occupait un chapitre ou deux d’un livre. Quand j’ai édité le livre de Jean-Paul “Jupiter” Renoux consacré aux Sit & Go, il a trouvé toute sa place dans mes ventes, et même une place d’honneur. La segmentation des sujets fait que, à raison de 4 à 5 nouveaux titres par an, ma collection ne s’essoufflera pas avant plusieurs années, peut-être même jamais!

Vous tournez-vous vers l’édition électronique, l’iPad, le Kindle?

Plus qu’un choix, c’est une nécessité! Fantaisium éditera ses premiers e-books en 2011. C’est un nouveau marché qui n’est pas encore tout à fait codifié en France, mais il va de soi que je ne vais pas passer à côté.

Propos recueillis par Geoffrey de la Trémoille
IGA Magazine


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