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Le Président du Prix Edgar Faure répond au journal Marianne (Laureline Dupont)

Publié le 11 novembre 2010 par Arashderambarsh @Arash
Face à l'ignorance de son sujet (sur les banlieues, sur Abd Al Malik, sur le Prix Edgar Faure, sur un Prix littéraire, sur les membres du jury), Rodolphe Oppenheimer, Président du Prix Edgar Faure, répond à Laureline Dupont et au journal Marianne.
Madame,
Je lis votre article avec amusement ! Pour la forme, saviez vous qu’Edgar Faure s’écrit Edgar et non Edgard, à ce sujet Edgar Faure (avec la bonne orthographe) utilisait le nom d’Edgar Sanday pour écrire des romans policiers.
De plus, il s’agit de l’association Edgar Faure et non de la fondation. Je pense qu’avant de citer mon site, vous auriez du vous y rendre !
Concernant un vote, sachez qu’il s’agit d’un vote à bulletin secret, alors comment savoir qui a voté quoi ! Avez-vous des infos à nous livrer
Sur le fond « Elisabeth Guigou, Pierre Moscovici, François Sauvadet, Gérard Miller, Roland Dumas, Olivier Dassault, jurés 2010, ont-ils lu ou au moins feuilleté le livre récompensé? Quelle conception ont-ils des banlieues françaises et de leur avenir pour considérer qu'un ouvrage comme celui ci fournit une analyse politique ou une perspective riche et pertinente ? »
Une question me titille : qui représentez-vous ? Êtes-vous élue du peuple Madame ? Si oui, qui sont vos administrés et au nom de quoi ce jury ne pourrait pas avoir fait ce choix ? Car contrairement à vous, je ne sais pas qui a voté pour quoi, la seule chose que l’on comprend c’est que si nous ne pensons pas comme vous, cela semble vous déplaire !
C’est intéressant combien vous affirmez les choses et combien aucun de vos mots ne semble être utilisé au conditionnel.
Il est très flatteur pour moi de sentir votre envie d’être jurée !
« Il est étrange que les membres du Jury se soient conduits comme si Edgar Faure avait été apôtre, et sa fondation destinée à décerner le prix du livre prosélyte. »
Je vous inviterai à une conférence sur le Président Faure, sachez dés à présent qu’Edgar n’a jamais été apôtre et qu’il n’existe pas de fondation, je reste à votre entière disposition pour travailler sur des supports réels et ne pas vous aider de fiches erronées, cela ne vous grandit pas.
Au piquet Laureline Dupont !
Rodolphe Oppenheimer
Président de l’association Edgar Faure
Chevalier des Arts et des Lettres
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Ci-dessous, l'article en question :
Abd Al Malik récompensé : on s'est trompé de prix littéraire
Laureline Dupont - Marianne
Jeudi 11 Novembre 2010 à 17:00
Le rappeur et slameur banlieusard a gagné le prix Edgard Faure. Quand on découvre l'opus, on écarquille les yeux et on se demande si les membres - éminents - du jury, de Pierre Moscovici à Olivier Dassault - ont vraiment lu la prose d'Abd Al Malik.
La quatrième de couverture promet monts et merveilles au lecteur hésitant : avec La guerre des banlieues n'aura pas lieu, Abd Al Malik s'engage «tel Aimé Césaire», poétise«comme Rimbaud» et rêve«à la façon de Martin Luther King». Cette avalanche de références prestigieuses - bien abondantes pour sonner juste - n'aura pas suffit à décourager le jury du prix Edgar Faure qui récompense depuis 2007 le meilleur ouvrage politique de l'année. Le rappeur et slameur Abd Al Malik succède donc à Mathieu Laine, avocat ultra ultralibéral et auteur de Post politique, et à Bruno Le Maire pour son livre Des hommes d'Etat.
Pourquoi ? Comment ? Sur le site de la fondation Edgar Faure, pas la moindre trace d'une explication, d'un critère de sélection, d'une infime raison qui aurait poussé le jury à primer l'ouvrage d'Abd Al Malik. Après lecture, deux questions se posent : Elisabeth Guigou, Pierre Moscovici, François Sauvadet, Gérard Miller, Roland Dumas, Olivier Dassault, jurés 2010, ont-ils lu ou au moins feuilleté le livre récompensé? Quelle conception ont-ils des banlieues françaises et de leur avenir pour considérer qu'un ouvrage comme celui ci fournit une analyse politique ou une perspective riche et pertinente ?
Première page, première réponse : La guerre des banlieues n'aura pas lieu débute sur une introduction dans laquelle l'auteur apostrophe le lecteur accusé d'emblée de projeter sur la banlieue sa vision fantasmée : «Projette-t-on nos fantasmes ou expose-t-on les faits? Vous parliez de vos fantasmes? OK..., veuillez m'excuser! Moi je parle de l'existence dans le sens du «vivre ensemble»». Les éminents jurés auront dû se sentir interpellés. Ils auront sans doute apprécié l'audace littéraire de l'artiste qui s'adresse à eux sans détour et sans complaisance. Gageons que certains ont abordé ce livre comme un ouvrage socio-ethnologique offrant un éclairage sur les populations de ces territoires inconnus. Abd Al Malik en Lévi-Strauss de la banlieue ?
L'auteur promet « l'histoire réaliste d'une expérience vécue.» Si l'envie d'aborder le livre comme un témoignage solide sur la banlieue émerge à la lecture de ces lignes, elle est aussitôt anéantie par l'étroitesse du récit. Abd Al Malik se contente d'éclairer une minuscule partie du tableau, la moins avantageuse, celle justement que médias et politiques fantasment en omettant le reste. A travers l'histoire de Peggy, un jeune homme qui lui ressemble furieusement, le rappeur raconte le désoeuvrement qui conduit aux trafics, les trafics qui conduisent en prison, et la prison qui conduit à la rédemption. Tous les clichés se succèdent -drogue, vol, moto sans casque, prison- alimentés par des dialogues simplistes entre des personnages sans relief :
«-Wèch, ma couille ? demanda t-il en montrant de grandes dents jaunies par le shit.
- Comme un prisonnier qui retrouve sa cellule, la famille!»
A part ce condensé ultra réducteur de la banlieue et de ses habitants qu'il survole sans le décrypter, Abd Al Malik ignore des pans entiers de la réalité suburbaine.
Seule solution proposée pour s'extirper de cette condition de banlieusard: la religion. Converti à l'Islam soufi depuis une dizaine d'années, l'auteur dédie d'ailleurs son livre à Sidi Hamza, considéré au Maroc comme le maître du soufisme. Le fameux Peggy du bouquin est lui aussi converti. Sa rencontre avec le nouveau médecin du quartier, «un jeune Gaulois aux yeux bleus dont la rumeur disait qu'il était musulman», est l'occasion de vanter les mérites de la religion musulmane, et de coucher sur treize pages un prêche imaginaire célébrant la grandeur du soufisme. L'Islam comme salut, voilà le vrai sujet du livre d'Abd Al Malik. Il est étrange que les membres du Jury se soient conduits comme si Edgar Faure avait été apôtre, et sa fondation destinée à décerner le prix du livre prosélyte.

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