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Besson, Internet se passe très bien de vous !

Publié le 10 février 2011 par Copeau @Contrepoints

A pignouf, pignouf et demi, dit-on. Mais dès qu’Éric Besson tente d’appréhender l’orditernet, on dépasse très largement l’augmentation de 50%, et on fricote allègrement avec les puissances de 10. Son dernier discours, portant en gros sur la neutralité d’internet, éclate ainsi tous les jalons de bêtise posés avec pourtant beaucoup d’aplomb par toute la série de branquignolles colorés qui passèrent avant lui…

Pas de doute : quand Éric lâche la purée, il en met partout, bien au-delà de sa cravate comme un De Villepin en pleine crise de surmoi.

Soyons bien clair : il est absolument certain que notre brave ministre, chargé de ce qui reste de l’industrie, du démantèlement de l’énergie et de l’économie de l’interweb et du miniternet, n’est pas directement auteur de l’affligeant discours qu’il a lu devant des parlementaires. Tout comme il est certain qu’il n’a même pas balbutié devant la somme de consternantes âneries qu’il proférait avec emphase.

Il est en effet plus que probable qu’un scribouillard de son cabinet s’est empressé de lui pondre cette enfilade de phrases construites avec un pipotron survitaminé, et qu’il a ensuite fait totalement confiance à la bande de losers et de noobs affligeants dont il s’est entouré en croyant avoir à faire à des cadors d’internet.

Si l’on factorise le fait qu’il est ici en service commandé et qu’on lui a clairement imposé une régulation complète et profonde d’internet comme feuille de route, on pourra comprendre une partie du résultat obtenu.

Mais tout de même.

Il apparaît évident qu’il a fallu pour arriver à ce résultat plusieurs cerveaux fortement imbibés d’énarquie, de régulationnite, de politique politicienne et d’une opacité aux nouvelles technologies digne d’une paire de lunettes de soudeur.

On découvre ainsi que le trafic internet et mobile augmente dans des proportions si importantes que, pour le ministre, le risque de saturation existe. Notons que, dans le même temps, le reste de la planète vit plutôt détendue du mobile, sur ce coup. Éric aurait-il peur d’engorger les réseaux avec ses communications et de ne plus pouvoir faire de sexting avec sa trophy wife jeune épouse ?

C’est surtout que, je cite, « Sur les réseaux mobiles en particulier, la pression est très forte avec une croissance annuelle du volume de données échangées de 250%. » et en conséquence de quoi, admirez le beau non-sequitur qui froisse un peu la mâchoire tant il est gros à avaler, « Face à ce risque de saturation, se pose la question de la régulation du trafic. »

Je résume : il y a de plus en plus de trafic, *donc* il faut le réguler. La logique est implacable. Elle est d’ailleurs poursuivi avec des camions, des ambulances et des voitures de tourisme. Si si :

Les associations représentant les camionneurs, c’est-à-dire ceux qui occupent une place dominante et sans cesse croissante des autoroutes, prônent une neutralité totale vis-à-vis du trafic. Mais en cas de saturation, ce seront l’ensemble des utilisateurs qui ne pourront plus avancer, y compris les particuliers utilisant leurs voitures, y compris les ambulances nécessitant un trafic accéléré.

Et voilà notre ami des tuyaux filant une métaphore routière pour tenter d’installer des radars un peu partout, tout en présentant les nombreux avantages du port de la ceinture de chasteté sécurité, et en vendant en même temps des jantes alliage et des becquets avant, arrière et latéraux (le progrès n’attend pas).

Éric Besson

Dans un charabia qui montre clairement qu’il ne comprend pas un traître mot de ce que peut être la neutralité, et dans l’ignorance manifeste (ou volontaire) de ce qui se passe ailleurs en matière de très haut débit (FFTH notamment), il nous propose donc quelques principes qu’on ne peut qu’approuver (libertés fondamentales d’expression, libre choix de son opérateur internet) avec d’autres qui visent clairement à réguler tout ce bazar de communications libres et non faussées entre citoyens qui rend beaucoup de mains gouvernementales moites.

Il est à ce propos particulièrement éclairant de constater que beaucoup de politiciens en charge de ces questions numériques veulent absolument légiférer, alors que, dans le même temps, des citoyens ont montré par l’exemple la puissance d’internet et la difficulté des gouvernants à le réguler.

Plus d’une trace a été laissée dans plus d’un slip gouvernemental au fur et à mesure que des révolutions se sont développées, au rythme électronique des twitts, SMS et messages Facebook. Parions qu’Éric, comme les autres, n’y a pas été insensible, et tenter discrètement de protéger sa couenne est un réflexe normal pour ce genre d’animaux.

Bref : rien que de l’habituel ici dans le packaging standard d’idées nauséabondes au milieu d’un rappel lacrymogène aux principes fondateurs de la République, avec de la liberté d’expression inaltérable et inaliénable dedans et des trémolos dans la voix à l’évocation d’un avenir qu’on devine forcément radieux.

Ce qui est absolument incroyable, c’est ce besoin compulsif de vouloir à tout prix réguler internet alors que tout montre que les agitations pénibles et ostentatoires, mais franchement ridicules et délétères, de nos hommes politiques dans le domaine sont parfaitement inutiles.

Ainsi, pipeauter qu’il a saisi le Conseil d’état au sujet des licences d’attribution de la téléphonie mobile, sous prétexte d’une forte demande, est du plus haut comique alors que le nombre et le prix de ces licences sont exclusivement et arbitrairement fixés par l’état, qui organise ainsi une pénurie totalement artificielle pour le plus grand bien … de ses propres finances, et sur le dos des consommateurs.

De même, nous évoquer les méchants filtres qu’un Google ou un Facebook imposeraient au net pour nous vendre de la bonne régulation est d’une hypocrisie sans limite : dans le monde, les organismes qui filtrent le plus internet ne sont pas, loin s’en faut, ces deux entreprises commerciales, mais bel et bien les états avec, à leur tête, les mêmes petits soldats à la trempe moralinée comme notre Éric.

Les sociétés commerciales, du reste, n’ont pas d’intérêt à faire du filtrage : leur crédibilité est en jeux. Et là encore, seule la concurrence entre les différentes sociétés permet d’assurer, justement, cette neutralité que l’État sera infoutu d’obtenir.

Enfin, les espèces de bricolages taxatoires qu’on devine sur la fin du discours (avec les lippes déjà luisantes d’une bave concupiscente à l’idée de croquer dans la partie charnue du bénéfice de Google, par exemple) sont justifiés par une espèce de socialisme numérique de pacotille : « rindez-vous compte, m’ame Michu, certaines entreprises ont un tel succès qu’ils engrangent des bénéfices, mais hors de France, les saloupiauds ! »

Force est de constater, mon brave Éric, qu’Internet s’est très bien développé sans vous et votre lamentable clique de prédécesseurs techniquement pouilleux.

Force est de constater que tous les défis passés et présents d’Internet, depuis son explosion en débit, en volume, en nombre d’abonnés, et maintenant, en nombre de régimes dictatoriaux mis à bas, tous ces défis furent relevés sans l’intervention pusillanime et déplacée des parasites de la communication et de l’information que sont les politiques.

Force est de constater que les entreprises qui font concrètement le réseau, celles qui trimbalent les données, connectent les abonnés, créent du contenu, relient les hommes entre eux, toutes se passent très bien de vous et font même des bénéfices qu’on pourrait qualifier de plantureux.

Ah oui : et ça vous enquiquine prodigieusement.

Vous ne pouvez pas les taxer ! Vous ne pouvez pas franchement leur tordre le bras dans le dos pour qu’elles fassent ce que vous voulez ! Zut et zut.

Effectivement, cette situation dérange plus d’un socialiste (qu’il fut de droite ou de gauche).

Eh bien souffrez, mon brave eunuque de l’internet, que des millions, des milliards mêmes, d’humains soient parfaitement heureux comme ça. Et arrêtez de fourrer votre nez et vos lois dans cet outil.

Il pourrait fort bien se retourner contre vous. Il sait faire.
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