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Jules Romains : Les copains

Publié le 12 février 2011 par Corboland78

Jules Romains, Les copains, littérature, Jules Romains (né Louis Farigoule), écrivain et Académicien, né en 1885 et décédé en 1972, auteur d’essais, poèmes, pièces de théâtre (Knock  1923) et de la série romanesque en 27 volumes Les Hommes de bonne volonté (1932-1947). Il est le « créateur » de l’unanimisme avec John Dos Passos aux Etats-Unis, une doctrine littéraire selon laquelle l’écrivain doit exprimer la vie unanime et collective, l’âme des groupes humains et ne peindre l’individu que pris dans ses rapports sociaux.

L’histoire débute dans un café, ce qui donne la tonalité générale du roman. Une discussion dégénère en pari quand un groupe de copains met en doute la capacité annoncée d’un litre, des pichets de vins servis par le patron. Chacun dans le troquet propose sa méthode, plus ou moins farfelue, pour vérifier les faits. Après cette mise en bouche, nous retrouvons nos copains, sept joyeux drilles, tellement contrariés par une carte de géographie où deux villes semblent les regarder avec des yeux malfaisants qu’ils décident d’aller y mettre un chambard monstre, et les voilà partis pour Ambert et Issoire dans le Puy-de-Dôme afin d’y assouvir leur terrible vengeance. Mais auparavant ils iront consulter le somnambule, un devin qui communique avec les esprits en prenant un bain de pieds dans une cuvette pleine de vin !

Se faisant passer pour un ministre, un ecclésiastique éminent ou un sculpteur généreux, notre petite troupe va investir les deux sous-préfectures et ridiculiser l’armée, l’église, l’administration, la morale et les notables. Je me tais sur les moyens utilisés pour ne pas vous gâcher la lecture, mais l’épisode du sermon dans l’église déclenchant de furieux réveils de libido parmi les fidèles vaut son pesant de cacahuètes…

Enfin vengés, nos larrons s’esbignent en douce et en vélo, vers les Cévennes pour conclure leur redoutable périple par un casse-croûte comme on les aime avec force cochonnailles et vins de toutes les couleurs.  

Vous avez compris qu’on se bidonne tout au long du roman et c’est un bel exploit car le livre a été écrit en 1913, l’année prochaine débutera la boucherie de la Grande Guerre. Nos sept loustics, anarchistes sympathiques, ne pensent qu’à mettre le bordel sans pour autant avoir un message politique réel à faire passer, si ce n’est se moquer des institutions. Je dois dire que ces personnages m’ont beaucoup rappelé les Pieds Nickelés cette fameuse bande dessinée datant de 1908 pour sa première édition, même esprit, mêmes bêtises forfaitées par des potes et même amour de la dive bouteille. Si les amis de nos amis sont nos amis, les copains de Jules Romains sont nos amis pour la vie ! 

« Lamendin ! A ton tour !... Mais cette redingote te va comme un gant ! A peine quelques plis sous les bras et des effets de boudin dans la région du ventre. D’ailleurs tu n’es pas astreint comme ton compagnon à une élégance militaire. Un peu d’embonpoint, un certain avachissement de la chair et de l’esprit, je ne sais quelle descente de la cervelle dans les fesses, ne messiéent pas à un haut fonctionnaire. Car tu as mûri dans les bureaux. L’âge et la faveur t’ont promu à un poste élevé. Je t’appellerai : « Mon cher directeur », n’est-ce pas ? – Compris ! »

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