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Black Swan

Publié le 13 février 2011 par Olivier Walmacq

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Genre: pas de danse endiablé.

Durée: 1h43.

Année: 2011.

L'histoire: Nina est une jeune ballerine succèdant à la star de sa compagnie. Peu à peu, elle commence à perdre pied en incarnant le double rôle du Lac des cygnes...

La critique de Borat

Comment faire aimer un truc chiant comme le ballet ? Darren Aronofsky, réalisateur du monumental Requiem for a dream et de The Wrestler, semble avoir trouvé la solution avec son Black Swan. Attendu comme le messie, il a fait sensation à Venise, où il faisait l'ouverture; à Toronto ou encore récemment aux Golden Globes avec la récompense de Natalie Portman; avant de faire son succès au box office US, faisant d'Aronofsky un réalisateur intouchable, auquel des films comme The Wolverine et le remake de Robocop seront les prochains films à venir.
Se rajoutent à cette danse Vincent Cassel, Mila Kunis, Barbara Hershey et Winona Ryder.

Dès la première scène, Aronofsky montre sa virtuosité à tourner les séquences dansées, restant au plus près de ses acteurs. Je dois avouer que la première partie, soit l'ascenssion de Nina et de son sentiment de perfection, n'est pas la plus passionnnante.
Même si le réalisateur réussit à bien introduire les personnages. En fait, dès qu'il commence à devenir glauque, Black Swan devient une vraie merveille.
Dès lors, il gagne en puissance et montre vraiment de quoi il est capable. Cela peut aller de cette séquence incroyable de discothèque, où Portman et Kunis troquent le classique pour le dance floor, avec une musique assourdissante (effet garanti au cinéma).

Ou alors cette scène lesbienne d'un torride sans précédent, où le désir est tout puissant. Nina devient alors paranoiaque, voire complètement cinglée. (Attention spoilers) A force de devenir performante et arrogante, elle passe du cygne blanc qu'elle était au cygne noir.
Elle s'émancipe de sa mère trop protectrice, se laisse prendre par le désir et change son comportement. Aronofsky signe alors un redoutable film sur la folie, avec une héroïne autodestructrice. Durant tout le film, on la verra se gratter tel un toc répétitif son dos.
Nina se persuade qu'elle se transforme, en sortant des poils de son dos ou se retrouve avec des yeux d'un rouge menaçant au possible.

Clairement, Portman est terrifiante dans un dernier climax, où le réalisateur manipule à merveille le spectateur. Si bien que l'on ne finit par comprendre que quelques minutes avant la fin. Aronofsky maîtrise magnifiquement son oeuvre, posant même quelques hommages à son The Wrestler, dont il a toujours fait le rapprochement lors de la promotion.
En voyant Black Swan, on s'en rend bien compte. Portman est totalement gracieuse dans le rôle de sa vie, selon plusieurs journalistes. Kunis est très sensuelle en parfait opposé de Portman. Cassel n'a pas l'air très à sa place, malgré une bonne prestation. On l'a vu mieux ailleurs.
N'oublions pas non plus la redoutable revisite du Lac des Cygnes par Clint Mansell.

Un film grandiose dévoilant ses cartes assez tard, pour mieux intensifier la claque qu'il procure.

Note: 18,5/20

La critique de Eelsoliver:

Après Pi, Requiem For A Dream, The Fountain et le succès surprise de The Wrestler, qui signait le grand retour de Mickey Rourke, on attendait beaucoup de la prochaine livraison de Darren Aronofsky, probablement l'un des cinéastes les plus importants de ces 15 dernières années.
A travers ces différents films, il semble que le réalisateur ait une véritable passion pour l'opéra, Darren Aronofsky proposant à chaque fois la dérive de personnages singuliers et souvent, torturés.

Dans Pi, le cinéaste s'exerçait à nous faire partager les terribles migraines d'un mathématicien de génie. Dans Requiem For A Dream, il brossait le portrait de plusieurs personnages prisonniers de leurs démons intérieurs. Je ne vais pas prendre pour exemple tous les films de ce réalisateur...
Mais encore une fois, avec Black Swan, Darren Aronofsky se concentre sur la lente dépersonnalisation de son personnage principal, à savoir Nina (Natalie Portman), une jeune ballerine engagée pour tenir le (double) rôle principal (le Cygne Blanc et le Cygne Noir) dans Le Lac des Cygnes.

La jeune femme a consacré sa vie, son physique et son esprit à son art. A tel point que l'on imagine une personne isolée du monde et de la réalité, et totalement investie dans sa passion.
C'est d'ailleurs la première partie du film, à savoir l'engagement de Nina pour obtenir le rôle. Certes, la jeune femme finira par décrocher la lune, mais sa personnalité fragile en paiera le prix fort.
Dès l'introduction de Black Swan, Darren Aronofsky a le mérite de présenter ce que sera ce drame atypique sur la folie et plus précisément, sur la schizophrénie.
Cela commence par un ballet endiablé avec un homme démon, entraînant Nina dans sa danse macabre.

Mais une fois le rôle obtenu, Nina doit se dépasser et se transcender. Pour transporter le ballet de sa grâce, elle doit faire ressurgir sa véritable personnalité, soit le démon qui se cache dans ses failles et dans ses entrailles. A partir de ces différents éléments, Darren Aronofsky brosse le portrait d'une jeune femme à la personnalité morcellée, et sujette à de nombreuses angoisses et hallucinations morbides.
Dépassée par ses peurs archaïques, Nina est aussi à la recherche de son identité et de sa sexualité. Son rôle lui demande de briser ses démons intérieurs.
Qu'à cela ne tienne, Nina sera victime de dismorphophobie, soit la peur de voir son corps se transformer. Ce qui se symbolise ici par une mutation en ange noir.
Voilà un film inclassable, beau, cruel et intransigeant qu'un certain David Cronenberg n'aurait pas renié... Toutefois, on regrettera que le cinéaste n'explore pas davantage le lien mère/fille, qui semble jouer un grand rôle dans la dépersonnalisation de Nina.
Cependant, avec Black Swan, Darren Aronofsky s'impose comme le grand cinéaste du moment. Vivement son prochain film !

Note: 16.5/20


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