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Mélenchon/Le Pen : y a pas photo !

Publié le 14 février 2011 par Mister Gdec

Où il est démontré que si Mélenchon est « l’Yvette Horner de la politique », Marine Le Pen, elle, ne sait jouer que d’un seul instrument : le pipeau….

 

Mélenchon/Le Pen : y a pas photo !

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Présidentielle 2012 : le résumé du débat Mélenchon – Le Pen


Le duel que certains, parmi les médias dominants, présentaient comme celui des extrêmes,  (alors que nous sommes nombreux à réfuter cette catégorisation simpliste, et simplette, au Front de gauche…), qui opposait ce matin Jean-Luc Mélenchon pour le Parti de gauche à Marine Le Pen pour le FN, sur BFM-TV retransmis sur RMC,  a été éclairant à plus d’un titre.

Tout d’abord, la tonalité générale de l’émission… Passons sur l’attitude si peu professionnelle d’un Bourdin absent qui ne s’est absolument pas investi dans ce débat autrement qu’en faisant respecter le timing et l’équilibre des temps de parole (vous auriez du voir son air jubilatoire face à un temps identique à la seconde près pour chacun des intervenants !) pour nous consacrer à l’essentiel. Le fait que Bourdin renvoie dos à dos les deux tenants de ces partis opposés en prétendant qu’ils manquaient tous les deux d’arguments est une contre-vérité partisane, au moins pour le représentant du Parti de gauche, comme on pourra s’en rendre compte ci-après. On peut être certain,  en tous les cas,  que Bourdin ne vote pas à gauche… vu sa partialité.

Ensuite, parlons du contraste saisissant entre l’attitude du représentant du Parti de Gauche et de celle de la  nageuse Est-Allemande du front national… Alors que Mélenchon se montrait posé, sûr de lui,  déterminé mais respectueux, utilisant des arguments précis, techniques et circonstanciés, et répondant de manière purement rationnelle, Marine Le Pen était sur un registre affectif et émotionnel qui la rendait impropre à des réponses appropriées, ceci d’autant plus qu’elle s’est montrée pour le moins beaucoup plus nerveuse. Cet ensemble d’éléments nous donnait donc l’impression qu’elle planait un peu (beaucoup, passionnément…  à la folie !) en  maîtrisant de manière si évasive (voire pas du tout) son sujet.

Elle a en effet préféré rester tout au long de l’émission sur le registre général, alignant les banalités issues de son argumentaire appris par cœur, comme une collégienne qui étudiait ses notes de lecture, qu’elle a d’ailleurs effectivement ressorties… pour lire la position officielle de son parti quant au sujet de l’économie générale. Cela faisait tache face à un adversaire bien renseigné qui avait la volonté de répondre quant à lui plus clairement et précisément aux questions posées. Madame Le Pen s’est montrée pour le moins peu encline à creuser les arguments qui lui étaient opposés, bottant en touche par des pirouettes successives qui sont la marque spécifique du clan Le Pen.  Manifestement, pour M. Le Pen, sur ce thème de l’économie (qui me semble de plus en plus être leur grand talon d’Achille), c’était le grand vide intersidéral,  face à un interlocuteur beaucoup mieux formé et informé, technique quoi, qui sait de quoi il parle, contrairement à elle…

Ensuite, les arguments échangés de part et d’autre. Même sur le sujet qu’elle connaît le mieux pour nous en rabattre les oreilles en prétendant que l’immigration est à l’origine de tous les malheurs du monde et particulièrement de la France, qui serait victime d’un déferlement de hordes d’étrangers se précipitant pour venir manger le pain des français en sautant par dessus les frontières  et les barbelés de Schengen , elle n’a pas convaincu. Certes, quelques  gogos au front bas pourront toujours se laisser prendre dans les rets de ce filet à mailles larges, mais rien ne nous convaincra que c’est là le cœur des problèmes dont la France souffre, mais bien davantage du cannibalisme et de la cupidité financière sans limites de sociétés pour lesquelles l’être humain n’est plus rien, qu’un maillon (d’ailleurs faible), utile dans la seule limite de ses gains de rentabilité.

Et face à cela, en termes de défense des intérêts du peuple, des petites gens,  le FN ne sert à rien, comme l’a martelé si judicieusement Jean-Luc, sinon à mettre en concurrence des travailleurs français avec des travailleurs étrangers (alors que les coupables sont ailleurs !), conformément à la logique (ultra) libérale qui est celle du FN sur certains points (malgré sa crispation identitaire sur la souveraineté nationale), comme le confirmera son programme économique quand il sera enfin disponible. Car pour le moment on n’en voit pas la trace et le parti d’extrême droite a beau jeu de se défendre en faisant savoir à qui voudra contre argumenter avec ses militants sur la base de positionnements techniques clairs et précis (quand ils existeront…) que le programme figurant sur le site du FN date de… 2007. (cela fait plusieurs mois que le même message – attention, chantier en cours ! –  figure sur ce site… Ils prennent vraiment leurs propres militants pour des demeurés !).

En tous les cas, cette logique de recherche systématique de boucs émissaires (hier le complot judéo maçonnique, aujourd’hui la mise en danger de la laïcité par l’extrémisme religieux islamique) est absurde et dépassée, et seuls des esprits non éclairés peuvent croire encore à ces fadaises. Il est ainsi bon de soulginer l’apport des immigrés en France qui comme l’a souligné Jean-Luc « amènent dans notre pays 12 milliards de plus qu’il n’en prennent

Et la presse et les médias, ainsi que BFM, ont beau jeu de retirer du contexte la phrase de Mélenchon sur le fait que l’islam n’est pas le problème¹, alors qu’il a simplement replacé la question de l’Islam dans le débat plus large sur la laïcité et des religions dans l’espace public. Il est ainsi intéressant de noter l’absence de réponse crédible de M. Le Pen, qui a de la laïcité une vision très partiale et partielle c’est-à-dire systématiquement orientée contre l’islam en général (alors que les prières de rue ne sont le fait que d’une minorité excessive), notamment quand J.L. Mélenchon lui demande pourquoi le FN vote systématiquement pour le financement des établissements scolaires privés à vocation confessionnelle… Deux poids, deux mesures ? Certainement, personne n’est dupe. Sauf, bien sûr, les militants aveugles et aveuglés du F.N. qui tentent de s’auto convaincre que leur doctrine est la seule valable, et que tous les autres sont des vendus à la solde  d’un ennemi invisible,  sournois et animé des pires intentions du monde… Faut-il être paranoïaque, ou tout au moins à tendance paranoïde, pour faire partie du FN ?

 Mais après tout, peu importe la psychologie, et penchons nous plutôt sur le fait que, que sur le terrain de l’efficacité rationnelle et médiatique, Mélenchon a raison de dire qu’il a mis la walkyrie de l’extrême droite « au tapis ». Voilà pourquoi.

 Enfin, pour ne pas alourdir exagérément ce billet, je terminerai par ces quelques observations personnelles  :

  1. je suis particulièrement fier d’être de gauche, et notamment  du Parti de gauche, quand j’entends Jean-Luc Mélenchon, à propos du thème de la laïcité, qu’il a si bien défendu, évoquer un projet de loi  visant à étendre la laïcité au régime de concordat Alsace-Moselle, (pourquoi n’a-t-on jamais osé le faire ? ce régime d’exception est particulièrement choquant aux yeux de beaucoup, par delà les clivages partisans) et agiter l’idée de création d’un Smic européen, ce qui a tant fait défaut lors du référendum de 2005… S’il avait existé, nous aurions probablement été moins nombreux à voter non en 2005, n’étant pas si anti-européens que nos détracteurs, notamment au PS, ont bien voulu le laisser croire… Sans parler de l’instauration d’un revenu maximum, idée qui gagne du terrain, malgré sa prétendue (pour qui ?) impossibilité technique, idée bien à la mode chez les socio libéraux à l’idéologie floue…
  2. j’ai beaucoup ri quand Marine Le Pen  a évoqué le projet de rétablir la souveraineté de la France en supprimant l’euro et en instaurant de nouveau une monnaie nationale, en restaurant la (soi-disant) suprématie de la Banque de France… Ce scénario de science fiction est d’une bêtise à faire pleurer un économiste atterré… Et pourquoi pas mettre des barbelés autour de tout le pays avec des miradors ?

 .

Plus sérieusement, d’autres sources sur le sujet :

-   Rue 89

-   Le Monde

-   Le nouvel obs

-   Marianne 2

-   Public sénat : quand Mélenchon et M. Le Pen débattaient… en 2002.

Les coulisses du débat :

¹ La phrase complète étant «Dans ce pays, il n’y a pas de problème avec l’islam mais avec une poignée de fanatiques. […] Vous avez une obsession anti-arabe et anti-musulman.»

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