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Apologie du féminin

Publié le 26 janvier 2008 par Philippe Thomas

Election, piège à mirlitons, 1

Le hasard et l’actualité me tirent du mauvais pas où je suis pour la chronique poétique. Désespérant de trouver une sorte de Bateau ivre inconnu (je sais, je mets peut-être la barre un peu haut…) pour la centième Poésie du samedi, j’ai eu l’idée de dégoter des vers susceptibles de grouiller de clins d’œil très décalés à l’actualité. D’où cette rubrique de délestage poétique…

Le hasard ? Ce vendredi chez Emmaüs Niort, je tombe sur un recueil intitulé Entre deux vies d’un nommé Alain Bernard. Malgré ce titre mi-chèvre mi-chou, je feuillette et je tombe sur la perle ci-après. Et à la une du Monde daté de ce vendredi 25 janvier, ce titre : « Municipales : Trop peu de femmes maires » ! Et juste le jour du métingue de Geneviève Gaillard, tête de liste socialiste à Niort… 

C’en était trop en fait de coïncidences ! J’ai alors ressenti comme un devoir sacré l’impérieuse nécessité de  publier ce poème de circonstances.

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L’apologie du féminin

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Militante des têtes pleines
Qui n’entendent sonner les heures
Qu’au carillon de leur migraine,
Prends garde que l’esprit ne corrompe le cœur.

Intrigante du gai savoir
Sur des thèmes de vieux farceurs
Nostalgiques de leur pouvoir,
Prends garde que le sexe ne corrompe l’ardeur.

Elégante de fantaisie
Dans des défroques de pasteurs
Eliminant les arrondis,
Prends garde que l’argent ne corrompe les mœurs.

Avocate du sérieux
Dévolu aux entrepreneurs
Portant lentilles sur les yeux,
Prends garde que l’argent ne corrompe l’honneur.

Désireuse de la moustache
Sur le visage du seigneur,
Voulant le trône du palace,
Prends garde que le poil n’engendre la douleur.

Pourfendeuse de Pénélope
Et de son intime chaleur,
Rêvant de mondes interlopes,
Prends garde que le vent ne corrompe ta fleur.

Emprunteuse du nom de femme
Sans en connaître la pudeur,
En brisant le tissu de l’âme,
Prends garde que ses fils n’entravent ton bonheur.

Alain Bernard, Entre deux vies, publié à compte-d’auteur à Paris en 1978.
Je ne sais rien de cet Alain Bernard là. Ce n’est pas le champion de natation, malgré son amour des torrents, son titre entre deux eaux et même son « âme baignée d’un flux ondulatoire ». Ce n’est pas non plus mon illustre confrère Alain Bernard de la rédaction de Sud Ouest à Périgueux, auprès de qui j’ai tant appris. Je n’ai même pas pris la peine de vérifier, rien dans le recueil sur le Périgord et des allusions à la Savoie, ça ne colle pas avec « mon » Alain Bernard. Peu importe, c’est une belle rencontre d’un jour que celle d’un poète faisant une pacifique irruption dans la rude arène politique !


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