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Ma compagne de nuit : un film sur l’accompagnement en fin de vie

Par Cathcerisey @cathcerisey

Ma compagne de nuit : un film sur l’accompagnement en fin de vie

Depuis quelques mois, on commence enfin à parler du cancer autrement. D’un « décédé d’une longue maladie » nous sommes passés en quelques temps, grâce en grande partie au merveilleux travail de Bernard Giraudeau, à un « mort d’un cancer » plus direct, plus vrai, plus proche de la réalité. Et comme tous les problèmes de société, les réalisateurs s’en emparent et la maladie commence à hanter nos salles obscures. « Ma compagne de nuit » est un film plus intimiste que « le bruit des glaçons » de Bertrand Blier dont je vous parlais l’année dernière, un film qui montre la phase la plus délicate, la plus redoutée de la maladie : la fin de vie.

C’est le premier long métrage d’Isabelle Brocard et elle en a confié le premier rôle à la très belle Emmanuelle Béart. Le pitch : Julia, architecte apparemment comblée par la vie est en phase terminale d’un cancer. Elle propose un deal à une inconnue rencontrée à l’hôpital, Marine (Hafsia Herzi) que cette dernière, en situation précaire, ne peut décliner : 1 000 euros par semaine contre sa présence pour aider la jeune femme à vivre ce qui seront ses derniers moments.

Ce n’est pas le cancer qu’a voulu montrer la réalisatrice mais bien ce presque huis clos entre ces deux femmes d’univers si différent. Il n’en reste pas moins que la maladie est là, bien présente, en filigranne derrière ce duo improbable. Isabelle Brocard s’est adjoint l’aide de plusieurs médecins spécialistes, de malades et d’accompagnants et Emmanuel Béart a passé quelques temps dans une unité de soins palliatifs afin de se familiariser avec le sujet.

L’actrice présente aux « Journées patients » organisées par l’Institut Paoli-Calmette à Marseille, les cheveux courts et amaigrie pour son rôle, en parle dans le journal La Provence comme d’une expérience qui l’a nourrie :  »J’avais un peu peur avant d’y aller, dit-elle, mais ce qui est le plus bouleversant chez les gens que j’ai rencontrés, que ce soit les médecins, les bénévoles ou les malades, c’est la vie…. Plus je parlais avec les malades plus je sentais une espèce de lumière. Faire ce film a changé mon regard sur la maladie. »

Et en effet, l’idée du film n’est pas de montrer  la mort. Dans l’article, la réalisatrice s’en explique : « Avec la scénariste, Hélène Laurent, on voulait raconter l’histoire d’une rencontre, d’une aventure à deux. On ne voulait aller ni dans le romantisme ni dans la comédie. Le lien entre ces deux femmes, il est créé par la maladie, mais c’est la vie que je voulais filmer. Les deux héroïnes sont bien vivantes. »

C’est un film sans fard qui parle des relations humaines face à la vie, la maladie, la mort, un film sans concession qu’Isabelle Brocard a voulu pour son premier opus. La critique de l’Express est mitigée, j’espère néanmoins, que la réalisation sera à la hauteur du sujet :

La critique de l’Express : « Nulle impudeur dans le regard que la cinéaste porte sur Julia, atteinte d’une maladie incurable. Tout comme son héroïne condamnée, qui pourtant morfle, se tord de douleur, elle refuse le pathos. Pour soulager sa souffrance, Julia engage Marine, une jeune insoumise. L’une symbolise la mort, l’autre la vie (du lait jaillit même de ses seins). Pas toujours subtil, parasité par des seconds rôles inutiles, le récit puise sa force uniquement dans le lien à la fois tendre et conflictuel, torturé et maternel, que nouent les deux femmes. Une âpreté bergmanienne irrigue ce premier long prometteur, porté par deux actrices - Béart et Herzi – à leur meilleur ».

A noter : le critique de l’Express préfère l’expression « maladie incurable » au mot cancer … sans commentaire

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Catherine Cerisey

En salle le 23 mars 2011.

Le site du film


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