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True Grit

Publié le 22 février 2011 par Mg

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La fournée annuelle des frères Coen est à surveiller de près. Aux vues de leur brillante carrière, on ne peut qu’attendre le nouveau succès couverts de récompenses, et au box office scintillant. Mine de rien, une fois sur deux, on se fait quand même avoir un peu. Après un Serious Man inattendu et surprenant, les voir revenir au classique avec un western (remake d’un film de 69 avec John Wayne, tout deux tirés d’un bouquin de Charles Portis) était réjouissant. Sans doute trop, car on voit plus les défauts que les qualités d’un très beau film qui tire un peu trop sur la corde.

C’est l’histoire d’une jeune fille de 14 ans qui, dans l’Ouest américain sauvage et inhospitalier, décide de retrouver l’assassin de son père, et engage un vieux Marshall bougonnant et un US Ranger pour le retrouver. Tous trois prennent la route, à la poursuite du tueur. Et c’est très beau, tant les Coen continuent à nous fournir des films travaillés au couteau, travaillant chaque détail avec brio (et d’autres). On commence à en avoir l’habitude, après leur magnifique No Country for Old Men, lui aussi un film de paysage et d’hommes. True Grit nous expose plus la différence de tempéraments entre une jeune fille hors de son époque, et un vieil ermite, vraie gueule cassée de cinéma, incarné par un Bridges qui se bonifie avec l’âge. Dans tout ça, vous ajoutez un Matt Damon taquin, moustachu, à la limite du Texas Ranger, et un Josh Brolin inexistant (à cause d’un rôle sans doute bien trop léger par rapport à sa place sur l’affiche), et vous aurez un film âpre et relativement sobre dans son traitement, entre deux paysages de fond d’une beauté renversante.

Et si c’est beau tout ça, on pourra regretter que les frangins en oublient un peu de prendre un peu de hauteur pour raconter l’histoire. A partir d’un fil rouge menant à une course poursuite (de loin), ils enchainent les scénettes autour de leurs personnages, essayant de construire des personnages et des caractères de légende, dans un film qui manque singulièrement d’enchainements. On peut être parmi les réalisateurs les plus doués (et à deux encore) depuis longtemps, et ne pas réussir un carton plein à chaque fois. A leur rythme, les Coen sont toujours aussi brillants, mais semblent ne pas combler les attentes à chaque fois. Le dernier en date était Burn After Reading, comédie loufoque là aussi trop concentrée sur les personnages pour laisser l’histoire dérouler sans discontinuité. On aura ainsi un Damon un peu trop burlesque ici, un Bridges qui tente de nous démontrer qu’il peut réciter son discours en roulant une cigarette, et une jeune Steinfeld certes formidable mais un peu timide pour mettre son caractère en avant.

Si on ne compte pas les odieux fonds verts qui émaillent les dernières scènes (et qui se mettent horriblement en avant dans un film dont la majeure partie des plans sont de toute beauté), True Grit est un western plus psychologiquement qu’autre chose, moins noir que ses congénères. On restera donc un peu sur notre faim, se rappelant les formidables Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford ou 3:10 to Yuma pour un genre de cinéma qui demandent à marquer les esprits.


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