J’en appelle à la glèbe, à la glaise et au vent,
aux gerçures d’écorce, d’écaille ou de roc
à la mémoire
qui suffoque le présent
de tout ce qu’elle a de fragile et d’irréel
à ce qui n’existe pas mais s’en vient forcer
les portes de ce qui n’existe qu’à demi,
j’en appelle aux demi-teintes exacerbées,
aux mots
qui veulent capturer le souvenir
d’une langue implicite et plus morte que née
pareille aux chaos gras, odorants de l’humus,
j’en appelle à l’insularité
de ma peau
aérienne, à mes paumes aux fourmillements verts
en coupe autour de pétales et de cristaux
arrachés à l’indécision
des sels obscurs
Patricia Laranco