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Sur l'île de Ré, l'avenir des vignes reste incertain

Publié le 26 février 2011 par Blanchemanche
http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/02/26/sur-l-ile-de-re-l-avenir-des-vignes-reste-incertain_1485557_3244.html
Quand nous étions allés à sa rencontre, l'année dernière, une semaine après la tempête , près d'un mètre d'eau recouvrait ses vignes. A ce moment là, Gilles Brullon se disait incapable d'évaluer les dégâts causés par Xynthia sur ses 17 hectares de vignes.
En ce jour bruineux de février 2011, nous sommes retournés le voir, dans son exploitation située à l'entrée de La Couarde-sur-Mer, au milieu de l'île de Ré. Avant d'y arriver, il faut rouler plusieurs kilomètres sur la route principale de l'île, qui donne à voir les cicatrices de la tempête : sur les champs attenants à la route, les vignes s'étendent, certaines vertes, certaines mortes. L'avenir de celles de M. Brullon était, à l'époque, incertain. " On était recouvert d'eau, on ne savait pas ce qui allait se passer ", se souvient aujourd'hui ce viticulteur de 58 ans aux cheveux encore noirs. Après la tempête, il a fallu attendre que l'eau évacue les champs – " une bonne dizaine de jours " - avant d'y voir plus clair.
Sur l'île de Ré, l'avenir des vignes reste incertain
Gilles BrullonLe Monde.fr
Il raconte : " C'est au printemps que nous avons constaté qu'il y avait des zones complètement dévastées, où la vigne ne poussait plus. Là où les sols étaient filtrants, l'eau de mer avait traversé et atteint les racines. Sur ces endroits, les vignes ont pompé du sel et cela a été catastrophique ". Quatre hectares de vignes – soit plus de 20 % de toute son exploitation – ont été détruits. Pour l'instant, il n'a arraché les ceps que d'un seul hectare, " mais je sais que je vais devoir arracher les autres aussi... ", regrette-t-il.
Sur l'île de Ré, l'avenir des vignes reste incertain
Des pieds de vigne morts. Le Monde.fr
M. Brullon est aussi cultivateur de pommes de terre et président de l'appellation d'origine contrôlée, il devra attendre novembre 2011 pour connaître exactement le manque à gagner sur la totalité de sa récolte 2010 (raisin et pommes de terre) mais il estime déjà les pertes à hauteur de " 10 ou 15 000 euros ". Comme tous les exploitants sinistrés, il peut être bénéficiaire d'aides de l'Etat, qu'il pourra réinvestir dans son exploitation. S'il n'en a pour le moment pas vu la couleur - " on a rempli des dossiers, on attend " - il sait déjà que le montant sera faible : ces aides sont plafonnées à 15 000 euros par exploitation, " sachant qu'un hectare de vignes coûte entre 20 et 30 000 euros ", précise-t- il.
Sur l'île de Ré, l'avenir des vignes reste incertain
Inutilisables, les vignes ont été arrachées. Le Monde.fr
De plus, elles ne sont pas cumulables avec les aides à la reconversion des vignes, auxquels les viticulteurs ont droit en temps normal. " Il va falloir faire des choix ", prévoit M. Brullon, replanter des vignes ou réinvestir dans autre chose. Des choix encore difficiles à faire car les conséquences de la tempête sur le long terme sont encore incertaines. " Je m'inquiète surtout pour la récolte 2011, explique-t-il. Les vignes qui ont résisté nous ont apporté une récolte plutôt bonne en 2010, mais on sent qu'elles ont fatigué et la récolte de l'année prochaine va être certainement plus faible ".
Des analyses ont été faites sur les sols où la vigne n'a pas survécu et elles sont " plutôt encourageantes ".
Mais M. Brullon, prudent, préfère attendre avant de replanter. " On s'aperçoit aujourd'hui que là où la mer est passée, le sol n'absorbe plus l'eau comme avant ". En effet, sur la route qui mène à l'exploitation Brullon, on peut voir qu'à certains endroits, l'eau de la pluie qui est tombée ces derniers jours est restée en surface, contrairement à d'autres endroits où tout a été absorbé.
Sur l'île de Ré, l'avenir des vignes reste incertain
Noyée, la terre n'absorbe plus l'eau comme avant. Le Monde.fr
Un an que la tempête est passée mais Gilles Brullon ne se sent toujours pas en sécurité. " Venez, je vais vous montrer " dit-il en prenant le volant de sa camionnette rouge pour nous faire faire le tour de la commune. Des nouvelles digues ont été construites sur le bord de mer – il y a d'ailleurs toujours, par endroits, des tracteurs et des pelleteuses à l'œuvre. " Ils ont réhaussé un petit peu les digues mais je trouve qu'il devrait y avoir deux ou trois mètres de renfort derrière ", estime-t-il, en marchant le long du bord de mer et en montrant des endroits " où la mer peut encore passer ".
Devant son champ de ceps morts qu'il n'a pas encore eu le courage d'arracher, Gilles Brullon semble implorer le ciel : " Faudrait pas que ça recommence. Ce genre de chose, on s'en souvient jusqu'à la fin de ses jours. "
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Les nouvelles digues construites après la tempête. Le Monde.fr

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