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[Critique] True Grit

Par Kub3

50 Dollars pour un Shérif

Amateurs de trognes patibulaires et de contrées sauvages, True Grit est fait pour vous. Un an après l’extravagant A Serious Man, les frères Coen reviennent avec un western on ne peut plus classique. Et c’est justement ce qu’on leur reproche…

[Critique] True Grit

Adieu rabbins, bonjour cowboys. Désormais c’est à Jeff Bridges, alias Rooster Cogburn, de faire la loi. Et ce n’est pas gagné… Marshall alcoolique, il est accompagné d’un Texas Ranger beau gosse (Matt Damon), et doit éliminer Chaney (Josh Brolin) un meurtrier mal rasé. Tout ça pour le compte de Mattie Ross, une petite fille de quatorze ans, réclamant justice pour la mort de son père. D’entrée, l’enjeu est clair : Chaney est l’homme à abattre et Cogburn l’homme à convaincre. Contre toute attente, seuls cinquante misérables Dollars feront l’affaire. Et voila que les deux héros partent à la recherche du meurtrier…

Mais ou est donc passé le second degré de Miller’s Crossing ? La causticité de Fargo ? L’absurdité de A Serious Man ? Apparemment, tout s’est envolé. Ce remake de 100 Dollars Pour Un Shérif (1969) d’Henry Hathaway est beaucoup trop classique pour les deux cinéastes loufoques. Comme elles manquent ces situations improbables, ces ambiances rocambolesques, ces personnages un peu toqués qui nous font tant aimer les frères Coen… On en vient presque à regretter le personnage du bon vieux Steve Buscemi dans Fargo. Lui si amer, si aigre… Et souvenez-vous de Javier Bardem, l’homme de main excentrique de No Country For Old Men. N’était-t-il pas si désagréable ? Le film était certes chaotique mais bien maitrisé… True Grit en est loin. Il lui manque cette virtuosité, le piquant et l’ironie mal placée… Car la force des frères Coen, c’est cette capacité à marier la tragédie avec l’humour noir. Dans True Grit, peu de sarcasmes et une fin mélodramatique bercée par de longues notes de piano. C’est dommage…

Au fond, la seule dimension véritablement délirante de True Grit émane des acteurs, qui font particulièrement bien leur boulot. Qui, mieux que Jeff Bridges, pouvait incarner Cogburn, le Marshall borgne ? Cela faisait longtemps que l’acteur n’était pas remonté sur un cheval (depuis Wild Bill de Walter Hill en 1995)… Il était temps pour lui de remettre le chapeau de cowboy. Aux antipodes de son rôle dans le récentTron Legacy, on le préfère largement ici dans un personnage à la Lucky Luke. Quant à Matt Damon, c’est la grande classe… On le croirait tout droit sorti d’un film de Leone. De Bridges à Damon, tout ce florilège de personnages très typés (sans oublier le visage buriné du méchant Ned Pepper) parvient à remonter grandement le niveau du film.

Au final, tout le savoir-faire des frères Coen réside ici dans leur talent de formaliste. Au point de délaisser parfois le fond pour la forme. S’il reste chaque fois étonnant de redécouvrir leur maîtrise de la narration et des personnages, True Grit restera sans aucun doute comme un film mineur dans leur filmographie. Vivement le prochain.

[Critique] True Grit

En salles le 23 février 2011

Crédits photos : © Paramount Pictures


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