Beady Eye, la relève d'Oasis?

A vrai dire, la réponse à cette question est très simple. Oasis est un groupe qui a marqué une génération, ce mouvement Brit Pop qui a sévit entre 1995 et 2000, de la même manière que Nirvana a révolutionné le rock en révélant le grunge au monde entier. En tant qu'admirateur d'Oasis et fervent supporteur de la voix de Liam Gallagher qui m'évoque toujours John Lennon dans la période post Revolver, je me suis naturellement procuré le disque de Beady Eye ("A Different Gear, A Different Speeding"), le nouveau groupe du plus jeune des frangins de Manchester. Noel Gallagher, après une baston mémorable avec le frérot dans les coulisses de Rock En Seine 2009, a claqué la porte d'Oasis et laisse ses fans orphelins du Morning Glory de leur adolescence. Aussi connus pour leurs hymnes pop que pour leurs déclarations fracassantes, la fratrie n'est plus et il va falloir s'y faire. Liam Gallagher, avec dans l'idée de damer le pion à son aîné, reprend (quasiment) les mêmes et retrouve le chemin des studios pour un Beady Eye qu'il déclare ne pas être "un putain de truc mielleux (Rolling Sones, février 2011)". "A Different Gear, A Different Speeding", au risque de décevoir ceux qui en attendaient beaucoup, n'arrive pas à la cheville d'un "Definitely Maybe", d'un "Morning Glory" et même de la plupart des albums d'Oasis. Bien qu'exceptionnellement produit et arrangé, façon Swinging London et résolument mod, il n'y a pas la trace d'une grande chanson. Aucune vibration transcendante qui m'aurait rappelé un "Live Forever" ou un "Cast No Shadow", aucune furie rock'n'roll qui m'aurait donné une claque, la même que celle que j'ai prise lorsque j'ai poussé l'ampli sur "Supersonic", "Cigarettes And Alcohol", "Some Might Say" et toute la ribambelle de brûlots composés par Noel Gallagher. Evidemment, je n'attendais pas un sursaut de génie de Liam, Gem et Andy, un sursaut qui les auraient placés dans la course de Noel, donc je vais éviter de faire trop de comparaisons et annoncer direct la réponse à la question Oasis ou Beady Eye. Oasis. Point barre. Pour de nombreuses raisons, musicales et extra musicales. J'en reste là et me replonge dans l'écoute de Beady Eye pour essayer d'en capter le meilleur. Et il y a de très bonnes choses, je ne veux pas faire un procès d'intention au benjamin des Gallagher. D'abord, comme je le mentionnais plus haut, l'enregistrement, la production et les arrangements sont superbes. Tout est bien senti, les prises de guitares acoustiques sont superbes, très propres, avec une belle résonance ("For Anyone", "Kill For A Dream"), celles qui peuvent rappeler Tim Hardin ou les Beach Boys. Parfois Spectorienne, la production de Steve Lillywhite, déjà responsable du son de U2 ou de Peter Gabriel dans les années 80, met la voix de Liam Gallagher bien en avant, avec une réverb proche de celle de Lennon sur l'album "Imagine" ou sur "Instant Karma". On note aussi le choix d'utiliser des instruments très sixties comme le mellotron ("Kill For A Dream") ou un piano façon western sur le très mod "Bring The Light". Sur l'album, c'est principalement les ballades qui sortent du lot, qui apportent cette lumière diffuse et lui donnent une vraie dimension comme en témoignent le morceau de bravoure final ("The Morning Son") qui avance crescendo à la manière d'un Champagne Supernova. Si les morceaux plus rock ne m'ont pas frappé, c'est qu'ils ne possèdent rien qui puissent les élever très haut. Ils arrivent même à "pasticher" des classiques ("Beatles And Stones" qui pompe le riff du monument "My Generation" des Who) sans vraiment décoller sauf peut-être sur le refrain de "Standing On The Edge Of Noise" et encore, cela reste assez convenu. Alors, même si l'on essaie de dissocier Beady Eye et Oasis, comment ne pas rester insensible à la voix si particulière et reconnaissable du Liam Gallagher des grandes années Oasis? Difficile donc d'être absolument impartial. Il ne reste plus qu'à attendre l'album solo du Chief, Noel Gallagher. On fera le bilan à ce moment.