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Le danger des attaques anti-DSK…

Publié le 28 février 2011 par Alex75

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Ces derniers jours, l'actualité politique française - obscurcie par les évènements internationaux -, a été marquée par les polémiques autour de la candidature socialiste. Dominique Strauss-Kahn apparaît comme un épouvantail pour une franche de la droite, celui qu'il faudrait à tout prix empêcher de concourir. Il vient s'y ajouter les atermoiements autour d'une hypothétique candidature, accentués par la dychotomie entre le silence troublant du candidat concerné, en visite récemment à Paris dans le cadre du G20, et les effets d'annonce de son épouse.

Les ténors de l'UMP s'en sont récemment donnés à coeur joie, le bal ayant été ouvert par le porte-parole, Christian Jacob. Le député Pierre Lelouche a fustigé le candidat de “la gauche caviar“, Jean-François Copé dénonçant l'air faussement désolé, la carence ultime de DSK, “il ne vit plus en France depuis maintenant cinq ans“. Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon a pris la mouche du coche, dénonçant les relents très cramoisis de la déclaration de Christian Jacob, qui estime que Strauss-Kahn n'incarne pas l'image de la France, ou du moins celle qu'il aime, celle du terroir. Les socialistes dénoncent des relents poujadistes, dans la veine des attaques du papetier de Saint-Céré contre Pierre Mendès-France. Mais parce qu'ils savent bien aussi, que lorsque Christian Jacob déclare “avec sa fausse rusticité de paysan mal dégrossi“, que DSK n'incarne pas bien la France, il touche aussi au principal talon d'achille du candidat de Washington.

Intenter un procès en illégitimité à DSK, affirmer que le président du FMI n'incarne pas la France, c'est sous-entendre qu'il serait un apatride, un tenant du parti de l’étranger, incarnation de la gauche bobo entre son ryad à Marrakech et son appartement de la place des Vosges. Sans oublier les interventions de sa charmante épouse, Anne Sinclair, qui n'est pas seulement la femme de DSK, mais aussi une ancienne talentueuse journaliste. Dixit E. Zemmour, “elle est “l'ancienne présentatrice de Sept sur Sept (…), la Dame au pull en mohair…“, cette incarnation de la gauche bourgeoise des années 80, qui pour garder un supplément d'âme, “arborait la petite main jaune“. Mais il est vrai aussi que depuis, de nombreux socialistes ont analysé de manière critique “cette période qui s'est achevée sur le Waterloo de Lionel Jospin en 2002“. Les socialistes ont aussi cherché à comprendre, pourquoi l'électorat populaire les avait abandonné en masse. “Pourquoi ils avaient donné l'impression d'avoir laissé choir le peuple et la nation, au nom de l'Europe et du marché (…), d'avoir endossé la tunique rutilente, de ce que Jean-Pierre Chevènement appelait les élites mondialisées…“.

L'ennui pour Anne Sinclair, c'est que DSK est déjà sensible à ce type de critiques. Mais Anne Sinclair n'essaye même pas de corriger l'image de son mari, elle l'accentue, l'aggrave. Elle incite aussi ses adversaires à se dévoiler et à hisser sur le pavoi, une Martine Aubry pourtant rétive. Nicolas Sarkozy a eu sinon, le même type de souci en 2007, lorsque le PS dénonçait le candidat de Neuilly/Seine, atlantiste et libéral - dixit Eric Besson, encore socialiste à l'époque -, puis le président bling-bling. Ce même Nicolas Sarkozy, qui s'évertue à se donner une patine de terroir, ces derniers temps, au travers de ses nombreux déplacements en province (deux par semaine) et sa défense du monde rural.

Ce sont là des questions d'image publique, des clichés et des raccourcis dénués d'intérêt. Mais il est aussi des attaques qui peuvent devenir dangereuses, et qui peuvent revenir comme un boomerang. Car comme l'analysait la journaliste au Figaro, Anne Fulda, lorsque la majorité attaque “la gauche caviar” de DSK, l'écho lui renvoie aussi “la France bling-bling du Fouquet's”. Mais avec un risque pour l’UMP et le PS, c’est qu’à l’arrivée, les électeurs se disent DSK / Sarko, c'est blanc bonnet / bonnet blanc. Du “pain béni” pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, les deux candidats anti-système…

   J. D.


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