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"True Grit"

Par Loulouti

Cela quelque temps déjà que je suis fâché avec les frères Coen. On appelle cela une histoire de rendez vous manqués mais leurs derniers longs métrages m’ont quelque peu laissé sur le bas côté.

Et récemment j’ai pris "True Grit" en pleine tronche.

Le western est un genre cinématographique qui ne tolère pas les demies mesures et les films fadasses. "True Grit" est du meilleur bois. Une réussite incontestable.

A la base il y a le roman de Charles Portis déjà adapté en 1969 sous le titre "Cent dollars pour un shérif" avec LA légende de l’ouest, John Wayne.

Le nouveau film des frangins ne ressemble à aucune autre œuvre de sa catégorie. "True Grit" nous fait vite vibrer pendant deux heures avec une histoire simple et une esthétique d’une pureté incroyable.

"True Grit" est un film plein de vie et de fougue.

Le film est avant tout basé sur une histoire dense et prenante. Les frères Coen sont passés maîtres dans l’art de nous exposer des tranches de vie hors du commun.

L’impression première est souvent qu’il ne se passe pas grand-chose dans leurs films, au regard de certains sacro-saints critères, mais en allant au-delà de ce sentiment immédiat, on se rend compte que les deux réalisateurs nous plongent au beau milieu d’univers où les compromis ne sont pas à l’ordre du jour. Ces deux là ont l’art et la manière de nous emmener là où ils le souhaitent.

La vengeance, impitoyable et froide, se retrouve au centre de "True Grit"

Le destin de la jeune Mattie Ross (Hailee Steinfeld) bascule quand son père est assassiné brutalement par Tom Chaney (Josh Brolin).

Armé de son seul courage et d’une détermination sans bornes, l’adolescente, à peine sortie de l’innocence de ses jeunes années, fait appel aux services du marshall Rooster Cogburn (Jeff Bridges) pour traquer l’assassin de son paternel. En chemin le Texas Ranger Laboeuf (Matt Damon) rejoint l’improbable duo.

"True Grit" est un film qui prend aux tripes car le propos est intense. La thématique est universelle. A partir d’un fait divers tragique, les bases de l’intrigue sont posées en quelques minutes. Le spectateur est confronté à l’essentiel car les Coen ne tournent pas autour du pot. En substance "True Grit" se limite à un forfait, un châtiment.

Nous plongeons avec bonheur dans une ambiance de cinéma extrêmement réaliste. Le panorama nous en met plein les yeux.

Nous sentons le soleil nous brûler la peau et la poussière nous coller à la peau. L’Ouest, le vrai, le vaste, s'anime sous nos yeux. Nous galopons cheveux au vent aux côtés des protagonistes, au beau milieu d’étendues et de paysages à la beauté renversante.

Dans sa forme le long métrage rend un hommage appuyé aux héros légendaires de l’Ouest et aux westerns marquants du 7ème art. Nous avons le droit à notre lot de chevauchées, de fusillades filmées dans les règles de l’art. Le montage met en exergue ces temps forts si importants.

"True Grit" trace aussi sa propre voie avec une facilité déconcertante. Les frères Coen ont pris ce qu’il y avait de meilleur dans le western et l’ont confronté à leur monde si particulier.

"True Grit" est avant tout une œuvre où des personnages hors du commun d’entrechoquent. Des protagonistes entiers, originaux, des tronches que le spectateur n’oublie pas si facilement.

En quelques coups de pinceau si j’ose dire ces derniers émergent de la toile.

L’une des forces du cinéma des frères Coen est l’importance accordée aux mots. "True Grit" ne déroge par à la règle. Les dialogues sont truculents, enlevés. Les échanges entre Mattie Ross et le Marshall Cogburn nous font sourire et nous attendrissent.

Des échanges où l’ironie et l’humour tiennent une place prépondérante. Les frères Coen nous ont habitué par le passé à des réparties, des saillies finement ciselées. Les dialogues entre le fier Texas Ranger Labeouf et le Marshall Cogburn sont l’occasion d’instants inoubliables où les sous entendus sont légions.

Le personnage de Mattie Ross est la clé de voûte du film. Sa présence permet aux deux cinéastes d’insuffler une dose nécessaire d’émotion pure. Malgré sa détermination et sa résolution, Mattie Ross reste une enfant dans ce monde de crasse et de brutes épaisses. La fragilité de ses sentiments, la douleur qui l’anime impriment leur marque sur l’auditoire. L’art des deux cinéastes réside dans la manière de mettre en relief la vérité des sentiments sans tomber dans le pathos gratuit.

Jeff Bridges est comme à son habitude d’une classe folle, d’un professionnalisme de tous les instants. Son interprétation de Rooster Cogburn est pleine d'entrain.

Matt Damon fait son entrée de manière éclatante dans l’univers des Coen. Il campe un Texas Ranger mémorable.

Mais la jeune Hailee Steinfeld est LA très grande révélation du long métrage. Sans coup férir elle vole indiscutablement la vedette à ses aînés. Son jeu est mature, assuré, déterminé. Et son visage passe parfaitement à l’écran. L’avenir nous dira si son chemin sera ou non pavé d’or mais Hailee Steinfeld illumine "True Grit" de sa présence.

"True Grit" rappelle aux spectateurs l’importance du western dans le cinéma contemporain. Je suis comme beaucoup de mes camarades amoureux de ces longs métrages où les intrigues sont tranchées dans le vif à coup de flingues. Ces atmosphères où le sans foi ni loi règnent sont assurément l’un des piliers du 7ème art.

Dommage que le cinéma oublie parfois ses fondamentaux.

Merci aux frères Coen pour cette brillante piqûre de rappel. 


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