Magazine Asie

Les Pousseurs

Par Antoinehl

On les croise souvent dans la rue, courbes osseuses poussant une carriole en bois perchée sur quatre roues de vélo.

Au dessus du plateau, selon la saison et l’endroit, des mangues jaunes presque brunes ou des pommes roses bonbon, entassées la nuit, s’érigent en pyramides parfaites pendant la journée.
Parfois ce sont des plantes vert bouteille desquelles émergent les petits boutons rouge des roses qui s’éveillent.

Un vieux vient de temps à autres vendre en bas de la maison des légumes improbables, telles ces carottes biscornues que la belle mère de Blanche Neige n’aurait pas renié.
Il offre, contre quelques pièces, des choux blancs, des courges oranges et vertes, des dizaines d’oignons violets, un petit tas de gingembre couleur terre, et dans un sac placé sur le coté, une réserve rouge vif de piments.
En dessous de la carriole, protégées du soleil, sont allongées les herbes dont les Indiens sont si friands;  bottes de menthe douce, coriandre poivrée, basilic dur et craquant, et oignons nouveaux perdus au bout de longues herbes vertes.
Il vient discuter avec les femmes du quartier, qui accourent au son de sa voix éraillée de crieur vieillissant.
Ses mains sont calleuses et propres, et ses gestes économes.

Certains jour la marchandise est une montagne d’ustensiles en plastique, de la petite boite aux chaises perchées en l’équilibre au somment du pic.
Chaque chaos fait craindre le pire, chaque embardée illustre la maestria du jongleur de rue.

Et puis le soir, à la lumière des phares et dans la poussière des voitures, ils poussent leur carriole dans les montées rudes des rues bangalories.
Sisyphe quotidiens, on les retrouvera le lendemain matin… peut-être.


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