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USA Power !

Publié le 28 janvier 2008 par Bigmac

Chose promise, chose due ! Voici un dossier produit par 3 bloggeurs de B.i.g. M.a.c. sur la notion de puissance américaine. En effet, celle-ci est étroitement liée, voire même au coeur des stratégies de pénétration de marché(s) de nos amis outre-atlantique. En quoi l'appareil étatique est-il lié aux entreprises? La culture américaine est-elle liée intrinséquement à la notion de puissance? Si oui, en quoi? Ou encore quelle vision d'avenir de la puissance US? S'appuyant sur des études d'experts, cette analyse répond à toutes ces questions, et même plus ! Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l'American Power sans jamais oser le demander ! Les points de vue de cette étude, bien sûr, ne représentent nullement ceux de la formation que les bloggeurs suivent, et n'engagent que les rédacteurs du dossier.
Introduction
« Hyper puissance », seul acteur majeur de la scène politique internationale, première puissance économique mondiale. Les superlatifs qualifiant la nation américaine abondent. Les critiques et les remises en question se font également de plus en plus criantes. Les Etats-Unis sont aujourd’hui adulés et contestés.
La puissance américaine reste cependant au centre des considérations diplomatiques internationales et un enjeu pour l’avenir même de sa nation. Fruit de l’histoire occidentale, les socles de cette dernière sont aujourd’hui bien distincts de ceux du « Vieux continent ». Le rôle qu’ils entendent jouer au sein du monde se différencie également des ambitions européennes que ce soit en termes de moyens et dans la façon d’envisager une situation. Des principes théoriques seront mis en avant. Cependant, les expressions de la puissance américaine seront tout aussi parlantes pour comprendre l’organisation pratique et les moyens dont se dote cette nation pour être à la hauteur de ces ambitions. Les Etats-Unis entretiennent une vision du monde qui leur est propre. Ils ont par contre réussi à imposer leurs standards dans les domaines économiques, diplomatiques, législatifs… Leurs relais pour imposer leurs standards sont nombreux. Parfois violents ils peuvent également être plus discrets mais rarement dépourvus d’efficacité. Sur le long terme les Etats-Unis semblent avoir atteints une certaine apogée vis-à-vis de leur Histoire. Aujourd’hui, ils se trouvent dans une situation ou certains principes doivent être revus que ce soit sur la scène internationale ou au sein même de leur nation. Faute de quoi la légitimité de leurs principes nationaux et de leurs actions à l’étranger seront de plus en plus contestés.
Ce travail se structure en trois axes et a pour but de mettre en lumière les lignes de forces qui structurent aujourd’hui la puissance américaine. Les principes théoriques seront suivis d’une analyse des manifestations ce cette puissance au travers du monde. Une mise en perspective clôturera ce travail afin d’apporter certaines nuances et d’identifier les points de contestations qui constituent aujourd’hui de nouveaux défis auxquels les Etats-Unis devront répondre dans un avenir proche.
I/ Vision théorique de la puissance américaine.
1) les fondements de la nation américaine
Le lien avec la civilisation Occidentale constitue l’une des premières problématiques de la nation américaine. En effet, les Etats-Unis tout comme l’Europe en sont des membres de premier ordre. Cependant, à l’ouest de l’Océan Atlantique, on n’oublie pas que l’idée de nation s’est construite par opposition à celle du modèle européen. L’Europe reste une terre où l’oppression et les hiérarchies structurent les esprits au contraire des Etats-Unis qui représenteraient celle de la liberté et de l’égalité. D’un point de vue interne, la civilisation occidentale s’organiserait selon trois axes majeurs : les Etats-Unis comme Etat phare, un axe franco-allemand et le Royaume Uni entretenant une relation médiane. Ainsi, les Etats-Unis se considèrent comme étant aujourd’hui le leader de l’Occident.

L’identité nationale américaine repose sur un fondement culturel hérité de cette civilisation occidentale. Ses éléments traditionnels sont la liberté, la race, l’appartenance ethnique, l’idéologie ainsi que la culture avec les problématiques linguistiques et religieuses. D’autres facteurs tels que le multiculturalisme s’ajouteront par la suite. D’un point de vue politique et occidental, les conséquences du principe de liberté entraînent ceux de la démocratie, de l’individualisme, de l’égalité devant la loi, du respect de la constitution et de la propriété privée.
La nation américain se définit ensuite par un fort facteur religieux. Il s’agit là d’un élément central en raison de son importance et de sa grande diversité. Le peuple américain se singularise par sa grande religiosité en grande majorité chrétienne. Ici, le catholicisme a par contre été accepté peu à peu. 90% des citoyens américains déclarent croire en Dieu et 60% se rattachent à une Eglise. Dieu reste présent dans les discours politiques et s’affiche sur les billets de banque avec (« in god we trust ». Le président prête également serment sur la Bible et l’ensemble du système politique conserve une base religieuse au point que certains auteurs parlent de religion civile soit un mélange de religieux et d’habitudes nationales. Le protestantisme reste cependant dominant. Il a modelé les comportements des américains et a sécularisé certaines de ses valeurs au sein de la société. On parle d’un socle anglo-protestant soit une combinaison entre les institutions politiques et sociales anglaises dont bons nombres de principes sont issus du protestantisme dissident. L’opposition entre le bien et le mal, l’individualisme, l’absence de réticence envers la réussite matérielle, la force morale en général et celle du travail en particulier, le messianisme, la conviction d’être une nation élue constituent les grands héritages du protestantisme. Depuis 1845 et John O’Sullivan cette idée de peuple élu se trouve développer dans l’expression de « Manifest Destiny ». Il reviendrait alors au peuple américain la mission de répandre un certain idéal et une certaine civilisation dans le monde. Depuis, cette théorie sert à justifier tous les volets de l’impérialisme américain.
Sur le sol américain, les grands traits de leurs identités se retrouvent dans de nombreux symboles. « Uncle Sam », « Brother Jonathan », la statue de la liberté, « liberty bell », « yankee doodle », l’aigle, « In God we trust ». Nous devons ajouter à cette liste le drapeau américain auquel le peuple américain accorde une importance de premier ordre. Il s’agit là d’un symbole de leur puissance et d’un élément à part entière de la nation. L’omniprésence de ce drapeau aussi bien dans les salles de classe que chez les particuliers révèle un patriotisme vivant. Dans leur calendrier civil, le 14 juin commémore l’adoption de ce drapeau. Il s’agit du « flag day ».
Derrière ce drapeau, l’unité de la nation a toujours été un objectif premier. Les Etats-Unis incarnent dans ce domaine un certain modèle de réussite. En effet, ce pays draine environ la moitié des flux migratoires mondiaux. Au cours de la dernière décennie du XXème siècle, plus de 11 millions de personnes sont entrées sur le territoire américain. La langue constituait une base de cette identité, la diversité raciale, ethnique économique ou culturelle représentaient des menaces. C’est l’idée du « melting pot ». Expression inventée par Israel Zangwill en 1908, qui suppose que le brassage d’individus et de races différents sur le territoire américain engendre un homme entièrement nouveau, « l’homo americanus ». Si l’assimilation a fonctionné jusqu’au début du 20ème siècle malgré les tensions sociales, de nombreuses nuances caractérisent notre époque. De nombreux groupes ont tendance à récuser le concept de « melting pot » et à mettre en avant celui de « salad bowl ». Chaque groupe ethnique souhaitant garder ses caractéristiques propres. A présent, on s’intéresse particulièrement au multiculturalisme qui menacerait selon certains auteurs l’identité de cette nation américaine. En effet, cette idée suppose que chaque groupe possède sa propre culture et que l’élite blanche ou WASP (White Anglo Saxon Protestant) a opprimé ces dernières. Cependant, les principes de justice, d’égalité et de droit exigent que ces cultures opprimées soient aujourd’hui libérées.
2) La vision américaine du monde et de l’Europe.
Après avoir étudié la vision américaine de l’Amérique, intéressons nous à leur façon d’appréhender le monde. A leurs yeux, celui-ci se divise en grandes civilisations. Au sein de chacune d’elles, ils distinguent les états membres, les états dominants, les pays isolés et les pays déchirés. Aujourd’hui, les distinctions entre les peuples seraient d’ordre culturel et « civilisationel ». Le système de pensée américain repose ensuite sur trois principales grilles de lecture pour appréhender le système monde. L’Occident et le reste du Monde, les Etats avec les Etats nations qui restent les principaux acteurs sur la scène internationale. Enfin le chaos. Au sein de ce système de pensée, les Etats-Unis se considèrent comme étant la seule super puissance. Viennent ensuite mais derrière d’autres puissances telles que la Grande Bretagne et la France pour les questions de politique et de sécurité. L’Allemagne et le Japon pour les questions économiques. Leur vision sur la Chine est à l’heure actuelle en pleine évolution. Celle-ci devient un véritable centre d’intérêt et d’inquiétudes.
Cependant, cette vision de notre époque reste récente sur l’échelle historique des Etats-Unis. Elle fait suite à la chute de l’Union des Républiques Sociales Soviétiques. En 1991, les Etats-Unis n’ont plus eu d’ennemi par rapport auquel ils pouvaient se définir. Leur vision des conflits s’est trouvée ainsi changée. A présent, les prochains conflits résulteront de l’arrogance occidentale, de l’intolérance islamique et de l’affirmation de la Chine. Ils seront d’ordre « civilisationnel » et seront donc très violents car ils mettront en jeu des questions d’identité. Les compromis ne se trouveront que très difficilement. Aujourd’hui l’ennemi type de la puissance américaine doit être hostile sur le plan idéologique, différent sur le plan racial et culturel, puissant militairement car il doit être en mesure de menacer la sécurité américaine. Leurs ennemis principaux sont d’ailleurs recensés : il s’agit des organisations terroristes, des Etats aidant les terroristes, des Etats voyous et surtout de l’axe du mal à savoir l’Irak, l’Iran, la Corée du Nord, Cuba, la Libye et la Syrie.
Au sujet de l’Europe, les Etats-Unis entretiennent également une vision particulière. Selon eux, le « Vieux continent » a renoncé à toute idée de puissance et se tourne vers un monde de loi soit une vision « kantienne » du monde. Au contraire des USA qui considèrent que la force reste un facteur de puissance de premier ordre soit une vision plus proche de la philosophie de Hobbes. Ainsi les Etats-Unis et l’Europe n’abordent pas de la même façon un problème. Les Etats-Unis l’envisageraient sous un angle manichéen et entreprendraient rapidement des sanctions punitives. L’Europe à l’inverse tâcherait d’aborder un même problème de façon plus complexe et nuancée. Les ironies américaines sont alors nombreuses. En effet, ces derniers arguent que l’Europe peut se permettre d’avoir une telle approche car elle compte sur les Etats-Unis pour sa sécurité. Cette dernière devient donc gratuite. Ensuite les Européens peuvent bien critiquer le fait que les Etats-Unis fassent cavaliers seuls mais ils restent les seuls à pouvoir le faire.
3) Le rôle que les Etats-Unis entendent jouer dans le monde.
Les Etats-Unis se voient comme des acteurs actifs au sein de notre monde. N’hésitant pas à user de la force si besoin. En raison du rôle qu’ils entendent jouer et de la puissance de leur arsenal militaire, ils ont une évaluation du risque qui diffère de celle des européens. Les Etats-Unis identifient plus rapidement un problème comme une menace et agissent dans de biens plus brefs délais.
Ils se considèrent également comme étant la seule nation indispensable au monde. Ce sont du moins les mots du président Clinton. Le conseiller pour la stratégie Edward Luttwak tient également des propos on ne peut plus clairs. Selon lui les Etats-Unis ne peuvent pas s’en tenir au « laisser-faire » et à la globalisation alors que l’Asie et peut être demain l’Europe pratique une économie de combat au service d’un seul combat, au service d’un seul pays ou d’un seul groupe de pays. Pour survivre et se développer dans ce contexte d’hyper concurrence qui fait suite à la guerre froide, les Etats-Unis sont appelés à transformer leur système de production en machine de guerre économique. Pour rester fort et garder son rang de superpuissance, un empire doit s’imposer partout et son autorité devra être incontestée.
Cette volonté de puissance n’est cependant pas nouvelle. Elle a d’abord eu lieu sur le continent américain suite aux guerres d’indépendance avec comme objectif de limiter au strict minimum l’influence du « Vieux continent ». Au 19ème siècle la doctrine Monroe lance l’influence militaire, économique et culturelle au travers du monde. D’abord en Amérique latine en dénonçant le rôle des empires coloniaux européens et en prêchant l’idéal de la liberté. Puis dans les différentes régions du monde avec des discours fondés sur la liberté et la démocratie. Ces deux concepts restent depuis les bases de leur politique d’influence et d’expansion.
Le pragmatisme cher à la culture anglo-saxonne suppose que ces principes théoriques se trouvent suivis de faits. L’expression de la puissance américaine va nous permettre de voir que cette vision de la puissance s’envisage à échelle globale. La puissance américaine se retrouve dans le monde entier.
II/ Expression de la puissance américaine
1) L’ « hyperpuissance » par la stratégie économique
Constatant la perte de compétitivité de leurs entreprises à la fin des années 1980/ début 1990, on peut dire que la stratégie économique des Etats-Unis vise à maîtriser les technologies de pointe du 21ème siècle. Par conséquent, l’Administration Américaine a entrepris le recensement des technologies de pointe grâce à l’Office Technology Assessment. Ce dernier a recensé vingt-deux technologies considérées comme stratégiques pour la pérennité de la croissance américaine. L’objectif poursuivi à travers cette stratégie, est de « verrouiller » ces technologies pour en assurer l’exclusivité aux entreprises américaines. C’est ainsi que Washington a soutenu très activement le soutien à la recherche à travers le Technology Council. Celui-ci soutien en effet massivement les projets publics-privés pour la recherche fondamentale, la définition de standards.
Il est également frappant de voir comment les Etats-Unis mettent en œuvre des moyens puissants pour la conquête de nouveaux marchés à l’étranger. La stratégie américaine s’appuie sur une stratégie de mainmise des principaux standards juridiques, éthiques, commerciaux… On peut relever, en premier lieu, la création d’un comité interministérielle en 1992 par Bill Clinton : le Trade Promotion Coordination Committee afin de soutenir une politique active d’exportation. En second lieu, il y eu le lancement en 1993 de l’Advocacy Policy, c’est dire la politique d’expansion des Etats-Unis à travers le monde. Cette politique a clairement été menée dans une logique de patriotisme économique, et l’obtention de contrats dans des secteurs stratégiques (énergie, défense, télécommunication, biotechnologies…). Soulignons également qu’en janvier de la même année (1993), W. Christopher, Secrétaire d’Etat de l’époque, déclarait au Sénat américain :
« La sécurité économique des USA doit être élevée au rang de première priorité de la politique étrangère américaine […] il faut faire progresser la sécurité économique américaine avec autant d’énergie et de ressources qu’il a fallu pour la guerre froide »
Les Etats-Unis exercent une influence en amont des marchés à travers le droit. Pour se faire, Washington cherche à façonner et maîtriser les règles du système économique international. Il est ici nécessaire d’insister sur le rôle clé des lobbies, fondations d’entreprises, think tank et universités dans l’élaboration de concepts débouchant très souvent sur des règles internationales. En outre, la synergie public-privé-société civile qui existe aux Etats-Unis favorise la diffusion de ces concepts. Pour assurer leur diffusion, C. Revel et E. Dénécé relèvent deux types de droit, à savoir la Common Law et le droit germano-romain. Ils notent ainsi que les Etats-Unis ont recours à une véritable stratégie offensive pour tenter d’imposer le droit anglo-saxon. Washington utilise notamment la Soft Law qui se caractérise par des principes directeurs, codes pratiques non juridiquement contraignants, mais imposés de fait par la pression morale des organismes publics et privés censés représenter l’intérêt général. La Soft Law est issue de la Common Law et est élaborée par des ONG ou think tank américains
Afin d’instaurer leur hégémonie sur les marchés, les Etats-Unis ont recours à une utilisation défensive du droit, neutralisant toute tentative d’expansion de leurs principaux concurrents. Revel et Dénécé relèvent quatre stratégies principales menées par Washington. Premièrement, le contrôle des investissements à l’étranger, notamment grâce à l’adoption en 1998 de l’Omnibus Trade and Competitiveness Act. Deuxièmement, l’application extraterritoriale du droit, au travers des embargos et autres sanctions unilatérales. Troisièmement, la mise en place de législations anti-terroristes : c’est le cas avec l’adoption en 1985, du Foreign Assistance Act, ou bien encore l’Omnibus Diplomatic Security and Terrorism ou le Customs Trade Partnership Against Terrorism. Ces législations permettent à Washington de récupérer d’informations précieuses sur les concurrents étrangers sans vraiment d’opposition de leur part. Enfin, rappelons que le président des Etats-Unis dispose d’un puissant outil pour contrer les OPA dans les secteurs clés pour la sécurité de l’Etat. Il s’agit du CFIUS, le Comité des Investissements Etrangers aux Etats-Unis. Depuis 1988, cet organe interministériel peut recommander d’interdire tout projet d’investissement qui mettrait en péril la sécurité nationale. Voilà ce qui explique le peu d’acquisitions importantes réalisées aux Etats-Unis par des investisseurs étrangers dans les domaines « sensibles » pour la sécurité de l’Etat.
2) L’ « hyperpuissance» par la diplomatie
Durant la période de la Guerre Froide, les Etats-Unis avaient construit un réseau d’alliances autour de l’URSS et de ses Etats satellites d’Europe de l’Est afin de bloquer l’expansion russe. Ce « cordon » d’alliances comprenait la majorité des voisins de l’URSS, du nord de la Norvège au nord de l’archipel nippon. L’OTAN, le Pacte de Bagdad (devenu le CENTO) après la révolution irakienne) et l’OTASE en constituaient les organes majeurs. Le Japon, sous contrôle des Etats-Unis à l’issue de la 2nde Guerre Mondiale ferme la boucle de ce jeu d’alliances avec Formose et la Corée du Sud. Z. Brjezenski nous montre comment les Etats-Unis ont méthodiquement « refoulé » les Russes dans la partie occidentale de l’immense continent euro-asiatique afin de les repousser à l’intérieur de leurs terres slaves originelles. De même que Washington a contraint Moscou à abandonner ses positions avancées dans au sein du tiers monde (péninsule Indochinoise, Proche-Orient, Afrique sub-saharienne, Amérique Latine (Chili, Nicaragua). A la fin de la Guerre Froide les Etats-Unis ont contraint l’URSS à se retirer des pays Baltes et ceux de l’Europe centrale et balkanique (Ukraine, Moldavie, Caucase…)
L’OTAN a été l’outil essentiel de cette politique d’endiguement des Russes. Les efforts entrepris par les Etats-Unis, ces dernières années, pour intégrer au sein de l’OTAN les pays Baltes, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, l’Ouzbékistan, témoignent de leur volonté de neutraliser et d’affaiblir la puissance russe pour toujours. En outre, Washington a mené une politique de dépendance vis-à-vis de l’Europe occidentale comme au temps de la Guerre Froide.
En parallèle de cette politique de refoulement des Russes, on peut constater que Washington est de plus en plus engagé dans une politique d’ « endiguement » des Chinois. La montée en puissance de Pékin sur la scène internationale inquiète les Etats-Unis. Tout en maintenant un commerce bilatéral très dynamique avec Pékin, Washington s’appuie dans le même temps sur le Japon, la Corée du Sud et Taiwan pour limiter l’influence régionale chinoise. Notons également que les Etats-Unis s’emploient à consolider ses liens diplomatiques avec l’Inde et le Vietnam alors qu’il était auparavant difficile de concevoir un tel rapprochement. Pour ce qui est du Vietnam les Etats-Unis affichent leur volonté d’aider le pays dans la libéralisation de leur économie et dans l’ouverture de leurs marchés aux investissements occidentaux. Ce rapprochement est sans aucun doute stratégique dans la mesure où Washington considère qu’Hanoi n’a jamais été un véritable allié de Pékin. C’est ce qui explique en partie les négociations d’accords commerciaux avec les vietnamiens que Madeleine Albright est venue signer à Hanoi à l’automne 1999.
Selon C. Revel et E. Dénécé, les Etats-Unis sont dans une logique de division et de neutralisation de l’Europe. Ils ont en effet tout intérêt à soutenir l’élargissement de l’Union Européenne afin que celle-ci ait du mal à parler d’une seule et même voix. Washington exerce une influence majeure dans la défense européenne par le biais de l’OTAN. Celle-ci reste pour les Etats-Unis, le seul outil de stabilisation qui leur permet d’organiser la paix en Europe. En 1999 au Kosovo, Washington aligne autant d’hommes et trois fois plus d’avions que les européens. L’OTAN se heurte cependant à la vision européenne défendant son autonomie en matière de sécurité et de défense. La position américaine a été à ce propos ambigu dans la mesure où Washington a maintes fois affirmé vouloir d’une Europe prenant toutes ses responsabilités dans les affaires de défense, tout en maintenant une forte influence au sein de l’OTAN afin d’éviter une pleine autonomie européenne. Les Etats-Unis ont usé de tout leur poids en Europe et ont montré qu’ils « contrôlaient » l’Union Européenne lors de leur projet d’invasion de l’Irak en 2003 (seules la France, l’Allemagne et la Russie s’y sont opposées).
Washington s’est également investi dans le Pacifique en participant à la création de divers organismes multilatéraux, tels que l’Alliance pour la Coopération Economique dans le Pacifique (APEC). Dans le golfe Persique, on peut relever une série de traités, conclus pour la plupart à l’issu de l’affrontement militaire de 1991, et qui ont transformé cette région (vitale pour l’économie américaine) en « chasse gardée de l’armée américaine ». Au sein même de l’ex-bloc soviétique on trouve des accords renforçant la coopération avec l’OTAN (ex : Partenariat pour la Paix). Enfin, il est important de signaler le déploiement du réseau américain au sein d’organismes spécialisés, et notamment les institutions financières internationales. C’est le cas du FMI et de la Banque mondiale au sein desquels Washington y joue un rôle prépondérant.
3) L’ « hyperpuissance » militaire
La puissance aéronavale est la première manifestation de force militaire des Etats-Unis. C’est également le seul Etat-nation à posséder une force intercontinentale : la flotte de bombardiers stratégiques (B-52, B-1, B-2) est capable d’intervenir sur n’importe quel point de la planète par ravitaillement en vol dans les 24 heures. L’ « hyperpuissance » des Etats-Unis tient surtout d’un budget colossal. Pendant la Guerre Froide, les Etats-Unis sont passés de 4% à 12% de leur PIB au profit de la défense. Les frais d’infrastructures représentent 44% du budget du Département de la Défense. Les moyens financiers considérables dont dispose Washington permettent de renforcer constamment les applications militaires des innovations scientifiques les plus avancées. Ainsi, les Etats-Unis disposent d’un appareil militaire sans équivalent du point de vue technologique ayant un rayon d’action global, d’une quantité très importante de munitions intelligentes. La proportion de types d’armes de pointe n’a fait que progresser (8% durant la 1ère guerre d’Irak contre 65% à la seconde).
4) L’ « hyperpuissance » culturelle
La culture américaine reste le modèle culturel le plus fort au monde. Les Etats-Unis sont la principale zone d’immigration. L’installation universelle de la démocratie et l’économie de marché ont été interprété comme la « fin de l’Histoire » par F. Fukuyama. Des 14 Points Wilson à Nuremberg, la mise en jugement de Milosevic, les interventions militaires américaines ont favorisé la diffusion de la démocratie, régime qui prévaut aujourd’hui sur plus de 70% de la planète. L’idéologie démocratique libérale américaine est reliée à l’idéalisme américain.
Le concept de « soft power » définit par Joseph Nye consiste à envoyer des flux d’information à destination des peuples afin d’assurer l’hégémonie américaine par une normalisation des goûts et comportements. On relève une volonté de suprématie informationnelle par la maîtrise des canaux de diffusion et de leur contenu pour véhiculer les valeurs américaines à travers le monde.
Les Etats-Unis font la promotion de leur style de vie en utilisant la technique du Social Learning, c'est-à-dire, « la conquête des territoires mentaux à travers l’enseignement, la langue, le cinéma ». L’objectif à moyen terme est d’influencer un maximum les territoires mentaux des décideurs politiques, administratifs, culturels, sportifs, économiques, afin de façonner leurs goûts et comportements. Comme le souligne très justement Brzezinski, la stratégie culturelle des Etats-Unis ne doit pas être négligée. Il affirme que la culture de masse américaine séduit fortement la jeunesse. Notons au passage que les programmes américains alimentent les trois quarts du marché mondial de la télévision et du cinéma. De même que la musique « pop » américaine, la mode vestimentaire, alimentaire… se diffusent par imitation partout sur le globe.
Si l’influence de la puissance américaine se retrouve à l’échelle du globe et dans de nombreux domaines, cela ne suppose pas pour autant que cette puissance soit acceptée et légitime partout. Des nuances vis-à-vis de cette vision de la puissance peuvent être apportées.
III/ Vision de la puissance sur le long terme
En théorie des relations internationale, un système bipolaire est considéré comme plus stable qu’un système hégémonique. L’époque de la Guerre Froide semblait donc, paradoxalement, plus « sûre » que l’époque actuelle. L’ennemi était bien distinct, les visions du « bien » et du « mal » relativement clairement définies.
Cette vision manichéenne a profondément marqué la vision de puissance des Etats-Unis. En effet, celle-ci s’inscrit non pas dans la possibilité d’appliquer sa volonté à autrui, mais l’invincibilité, dans le sens de « l’inattaquabilité ». S’ajoute à ce principe le fait que les Etats-Unis ne sont pas historiquement habitués à vivre avec une menace « à leur porte », contrairement à l’Europe qui a subi des animosités frontalières (Guerres Mondiales France, Allemagne, Italie, Espagne, etc…). Le choc créé par les attentats du 11 septembre sur le territoire américain apparaît donc sous un nouvel angle, il a modifié la perception des enjeux de leur puissance. Il s’agit désormais à la fois de protéger le territoire national et de détruire l’altérité à l’extérieur. Tenter de détruire l’altérité, risque pourtant de créer de nouvelles menaces. La situation désastreuse en Iraq en représente un exemple éloquent. Une solution plus viable serait en fait d’essayer de pacifier l’altérité. Cependant, la puissance du lobby politico-militaro-industriel ainsi que les fondements même de l’économie américaine minimisent les dividendes de la paix, qui semblent bien maigres comparés aux bénéfices de la guerre. Ceci semble quelque peu à contre-courant des mouvements dénonçant les coûts de la guerre en Iraq, qui se chiffrent en milliards de dollars. De plus, les bénéfices sont difficilement calculables. Des études contradictoires ont donc été parfois publiées sur les coûts et dividendes de la paix et de la guerre, mais il semblerait que la thèse selon laquelle le vainqueur au final ressort généralement bénéficiaire demeure la plus probante.
1) Les limites de la puissance américaine :
- La vulnérabilité aux agressions extérieures
Depuis le 11 septembre, le concept de puissance a donc évolué aux Etats-Unis. Cette date marque le début d’une nouvelle ère où les peuples se définiront de plus en plus par leur culture et leur religion (Huntington). Les Etats-Unis souhaitaient montrer une image au-delà de l’intégration culturelle, ils souhaitaient démontrer une certaine assimilation. Le pays bénéficiait d’un taux record d’immigration, et pourtant une « américanisation » avait lieu. Contrairement aux Européens, beaucoup d’Américains déploient un drapeau chez eux, ce qui aurait mauvaise presse en Europe et serait taxé probablement de nationalisme exacerbé. La communauté a donc une identité propre, à l’heure où les Anglais s’interrogent sur le concept d’ « Englishness », et que les Français se demandent ce qu’être français suppose. Toutefois, les Américains ont découvert fin 2001 que leur modèle pêche quelque part. En effet, une faille apparaît dans ce modèle qu’ils pensaient exemplaire. L’ennemi de l’intérieur. Le fait qu’une certaine population s’avère peut-être être plus résistante à l’assimilation au point de se retourner contre le pays d’accueil, qui plus est une démocratie, a choqué les Américains. Ainsi, le Clash des Civilisations de S. Huntington redevient d’actualité, ainsi que ses mises en gardes sur les nouveaux conflits, qui seront d’après lui d’ordre culturel. Cette cuirasse culturelle et idéologique présente donc un défaut intrinsèque, sa supposée universalité.
- La légitimité en tant qu’hyperpuissance et gendarme du monde remise en cause
En pleine Guerre Froide, les Etats-Unis se sont positionnés comme les meneurs du Monde Libre (« Leaders of the Free World »). Deux décennies après, l’Amérique du Nord n’a plus d’opposant de taille, et les superlatifs font légion. Qualifiée d’hyperpuissance, son hégémonie, loin d’être contestée, est remise en cause sur le terrain de la légitimité. En effet, dans une posture du très fort aux faibles, ses prises de position évoluent vers un unilatéralisme à peine dissimulé. Elle entre en guerre sans tenir compte des positions de l’Organisation des Nations Unies et de son conseil de sécurité, elle refuse de signer des traités ratifiés par la plupart des autres pays, comme le protocole de Kyoto. Dans les théories des relations internationales, il n’y a pas d’alliés, que des circonstances. Ainsi, les anciens alliés des Etats-Unis, hormis peut-être la Grande-Bretagne, s’éloignent peu à peu et un grondement se fait de plus en plus audible. Alors que son leadership était reconnu et incontesté à l’époque, ses partenaires deviennent de plus en plus frileux, dans une coopétition dont la rudesse ne cesse d’accroître.
- Antagonismes et paradoxes
Avec ses alliés de la Guerre Froide, Les Etats-Unis entretiennent une relation assez paradoxale. En effet, ils soutiennent l’émergence de l’Union Européenne, mais uniquement à condition de garder une certaine maitrise. L’exemple du conflit Kosovar a prouvé qu’ils souhaitaient un partenaire assez indépendant pour gérer ses affaires « internes », cela dit, ils se sont aussi montré relativement méfiants quant à un challenger européen. Ils prônent le libéralisme, mais se montrent parfois extrêmement conservateurs. Ne dit-on pas dans ses cas là que le libéralisme est utilisé comme une arme du fort au faible ? Enfin, ses relations avec les pays musulmans demeurent relativement difficiles à appréhender. Les Etats-Unis soutiennent l’intégration de la Turquie dans l’Union Européenne car ils la considèrent comme « l’étoile montante de l’Europe ». Cependant, l’intérêt principal réside dans le fait que le déséquilibre induit par la Turquie (géant du Tiers-Monde), sortirait l’Europe de la compétition économique et technologique. Il y a là un paradoxe dans la mesure où des chrétiens néoconservateurs soutiennent un peuple que les chrétiens d’Europe ont combattu lors des croisades. Ainsi, toute morale ou solidarité chrétienne s’effacent devant la Realpolitik. Vis-à-vis du Moyen-Orient, les Etats-Unis souhaiteraient une zone pacifiée, mais entretiennent également une phobie d’un Moyen-Orient unifié. La grande stratégie américaine (Républicains et Démocrates) vise toujours à encercler la Russie, miner le compétiteur européen et à « diviser pour mieux régner » le Moyen-Orient.
2) Les raisons du succès des USA
- Think global, act local
Un des facteurs clés de succès des Etats-Unis réside dans leur approche globale des enjeux. L’universalité qu’ils revendiquent, bien qu’étant parfois problématique, leur donne une vision globale des intérêts, une analyse planétaire des enjeux. Culturellement et historiquement, cela a toujours été le cas. L’idéologie maîtresse de la civilisation américaine, le manifest destiny, les pousse a une stratégie qui repose sur son leadership revendiqué, en tant que « peuple civilisateur », fer de lance du « monde occidental », et « gendarme du monde », protégeant et promouvant ainsi, selon les mots de bill clinton, « les intérêts et les valeurs américaines dans le monde entier ». La culture et le modèle américain sont donc présents dans le monde entier, même dans les endroits les plus reculés ou historiquement opposés aux valeurs américaines. Des marques représentant le consumérisme et le capitalisme comme Coca-Cola, Mac Donald’s, et autres se retrouvent aussi bien à Moscou, Shanghai, qu’à Bombay.
- Logique d’Etat
L’Etat est omniprésent dans les stratégies de puissance américaines. Que ce soit par la combinaison des dynamiques de l’espace civil et de l’espace militaire, des synergies entre les secteurs public-privé, de l’accompagnement des entreprises, ou encore le soutien massif et constant dans le domaine de la Recherche et du Développement, l’organisation étatique américaine paraît exemplaire. La fuite des cerveaux vers les Etats-Unis est également devenue une logique, qui ne choque plus. Les Etats-Unis ont aussi une étonnante capacité à se fixer de grands projets mobilisateurs, traduisant une culture du défi, ainsi qu’un attrait remarquable pour l’exploit technique. Cet esprit pionnier est soutenu par une réelle cohésion nationale savamment entretenue par l’Etat fédéral.
- Stratégie de Puissance
La stratégie américaine fonctionne donc sur un modèle latéral, comme transcrit dans La Guerre Hors Limites de Qiao Liang et Wang Xiangsui. Il s’agit « d’attaques simultanées sur la toute la profondeur ». En effet, au lieu de chercher à percer sur un front unique, la stratégie américaine consiste à multiplier les champs d’action : sur le plan juridique par l’édiction de normes, d’un point de vue économique par l’étude préliminaire et la pénétration des marchés globaux, par une présence sur tous les marchés avec des standards élevés. Enfin, le monde politique s’efforce d’entraîner le plus d’alliés possible sans pour autant retarder l’attaque. La technologie se trouve également au cœur de la stratégie américaine, qui permet à la fois la simultanéité, et le dépassement des limites.
Conclusion
Ainsi, les Etats-Unis apparaissent comme étant un membre tout à fait singulier de la civilisation occidentale. Bien qu’ayant des principes communs avec le « vieux continent », leur vision du monde et le rôle qu’ils entendent y jouer diffèrent grandement. La puissance américaine tâche de s’inscrire dans un système monde qui l’avantage, elle essaye donc de l’organiser selon ses propres desseins. Nombreux sont ses acteurs au sein des secteurs stratégiques. Diplomatie, technologie, militaire… L’Etat fédéral joue un grand rôle relayé par les lobbies, les « think tanks » voire certaines organisations internationales. La force reste cependant une caractéristique fondamentale de leur modèle.
Depuis la fin de la guerre froide, les particularités de la puissance américaine ont évolué et les Etats-Unis se focalisent sur de nouveaux acteurs. Ils se définissent par rapport à ces derniers et espèrent les faire adhérer à leur propre modèle que ce soit de gré ou de force. Ces pays sont au centre de leurs théories des relations internationales. Il s’agit de l’axe du mal à savoir l’Irak, l’Iran, la Corée du Nord, Cuba, le Lybie, la Syrie et du régime chinois. Le succès de leur doctrine qui repose sur le principe du « think global, act local » connait aujourd’hui de profondes remises en question en raison du succès en demi-teinte des derniers conflits menés par l’armée américaine. Sur le plan intérieur, les fondements de la nation vacillent également, l’obligeant à revoir certains des principes qui étaient jusqu’alors acquis. Il en va de leur unité nationale. L’université idéologique et culturelle se trouve donc remise en cause sur la scène internationale et au sein même de sa nation.
La puissance américaine connait donc aujourd’hui une phase de redéfinition pour préserver son unité et maintenir son rôle d’acteur majeur sur la scène internationale mais ses objectifs restent les mêmes. Les Etats-Unis veulent rester la nation indispensable au monde et sauront se donner les moyens d’arriver à leurs fins. Les décennies prochaines diront si le tournant des années 2000 était une simple phase de remise en question de la puissance américaine ou la fin d’une apogée.
Alan C., Seb D., Alex V.
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