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Les Beaux Mecs

Publié le 08 mars 2011 par Fredp @FredMyscreens

Les Beaux Mecs

Le 16 mars, les Beaux Mecs débarquent sur France 2. Une saga ambitieuse sur le grand banditisme qui n’évite pas les clichés et ne révolutionne pas le genre mais qui se regarde tout de même avec grand un intérêt. C’est bien trop rare dans les productions télé française pour ne pas y prêter attention.

les beaux mecs - affiche
Rares sont les séries TV françaises qui prennent des risques. En effet, à part les feuilletons policiers ou un soap du sud-ouest et quelques tentatives désastreuses dans d’autres genres, nous n’avons pas grand chose à nous mettre sous la dent. Il n’y a guerre que Canal + qui daigne nous proposer des programmes ambitieux et de qualité (Braco, Engrenages, Pigalle ne compte pas pour du beurre). Aussi, lorsque France 2 laisse le champ libre à l’équipe d’Engrenages (la scénariste Virginie Brac et le réalisateur Gilles Bannier), on est piqué au vif. Comment une chaîne vraiment grand public va pouvoir proposer une alternative intéressante au policier du dimanche ?

La réponse est simple : en ne s’intéressant pas aux flics mais aux gangsters. C’est ainsi que Les Beaux Mecs se différencie de la production actuelle tout en s’ancrant dans un genre qui a ses propres codes, repris maintes fois mais archi balisés par le mètre-étalon du cultissime Parrain (si, vous aurez une scène de mariage) ou encore par la série tv Les Sopranos.

les Beaux Mecs - Simon Abkarian
L’histoire est celle de Tony « le Dingue» , ancien gangster respecté des années 70 qui s’évade de prison après 25 ans de détention, en compagnie d’une petite frappe, jeune caïd de banlieue. Leur cavale va les amener à coopérer pour retrouver leurs anciens ennemis et leur entourage tout en échappant aux flics.

Sans trop en révéler sur l’intrigue, on peut déjà déceler dans les premiers épisodes une recette bien rodée  pour raconter l’histoire. Ainsi, à l’instar du procédé narratif utilisé dans la deuxième partie du Parrain, nous évoluerons dans chaque épisode entre ce qui se passe aujourd’hui avec la cavale de nos anti-héros, et les flashbacks sur l’enfance et l’ascension de Tony. Ce n’est pas donc seulement l’histoire de l’évasion d’un ancien gangster mais toute une fresque sur près de 50 ans d’histoire qui est racontée, nous amenant progressivement à mieux comprendre ses actes d’aujourd’hui.

Les Beaux mecs
Le travail sur la narration est donc particulièrement soigné et, ce qui aurait pu être une astuce pour meubler le récit en le plombant est en fait un atout, renforçant l’histoire et les personnages tout en y apportant une bonne dynamique.

Outre l’aspect « fresque historique»  sur le grand banditisme, on peut aussi trouver une autre thématique intéressante dans le choc des générations qui est ici abordé. En effet, le vieux Tony doit faire équipe avec le jeune et fougueux Kenz. Évidemment, au début, l’entente passe moyen mais peu à peu, le jeune des cités (qui risque d’en irriter plus d’un tellement il joue sur le cliché) commence à comprendre le vécu de Tony et va chercher son respect, à apprendre à ses côtés. C’est presque une relation de maître à élève, voire père-fils qui va s’installer au final. Cette différence de travail entre les générations va aussi se retrouver aussi du côté des flics lorsque l’enquêteur en charge de la traque va devoir s’allier à un vieux de la vieille aux méthodes lourdes.

les beaux mecs - soufiane guerrab
D’un autre côté, Les Beaux Mecs a beau être une saga masculine, l’auteur n’en a pas pour autant oublié la présence et le rôle central des femmes. De la mère de Tony à sa femme, en passant par les prostituées et la sœur médecin de Kenz, elles ont toutes leur rôle à jouer dans l’histoire, en bien ou en mal, caution morale ou non. Leur impact n’en est pas moins important sur l’évolution des héros.

Finalement, face à l’ambition affichée de l’histoire, c’est peut être la manière dont elle est racontée qui peut décevoir. En effet, malgré un rythme soutenu avec des rebondissements suffisamment travaillés, le récit et ses révélations sont tout de même assez prévisibles, d’autant plus que la série s’embarque tout de même dans tous les clichés du film de gangster. En effet, du Parrain II (pour la construction du récit), à Mesrine (pour le plus récent), Les Beaux Mecs est une sorte de pot pourri tout public du genre. Si c’est un défaut en soit qui fait que la série ne révolutionne rien, c’est aussi ce qui peut faire sa force en rendant ce genre accessible à un public plus large qui n’a pas vraiment l’habitude de ce genre d’histoire (c’est France 2, pas Canal +). D’autant que la réalisation au pied levé ne cherche pas à en faire des caisses (mais laisse tout de même transparaitre un aspect téléfilm qui n’était pas perceptible chez Canal) et que l’interprétation y est convaincante.

les beaux mecs - victoria abril
Pour ce dernier point, il faut dire que Simon Abkarian est sacrément magnétique dans le rôle phare et emmène avec lui un casting bien rôdé (il faut dire que Victoria Abril, Olivier Rabourdin, Anne Consigny ou l’effrayant Philippe Nahon ne sont pas des bleus !). Seuls les jeunes sont un niveau en dessous, mais largement supportable et parfois justifiable par l’intrigue et l’évolution de leur personnage.

Plus qu’une énième série policière, Les Beaux Mecs est donc un long téléfilm en huit parties sur un genre trop peu abordé en France de nos jours et qui a pourtant toute sa place dans notre culture. Et malgré ses défauts, ce genre de production avec ce niveau de qualité est bien trop rare dans le paysage audiovisuel français pour être ignoré. Sans atteindre pour le moment le niveau de Canal + (sans doute pour rester grand public), on appréciera donc cette histoire de gangsters inter-générationnelle, en espérant que cela incitera les producteurs à faire au moyen aussi bien les prochaines fois.

A noter, après une diffusion sur France 2 en prime à partir du 16 mars, la série sera disponible en dvd le 12 avril. Merci Allocine et France 2 pour l’invitation.


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