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Retour sur la manifestation de Tunis du 26 février

Par Haykel

965145778-ssssss1111.jpgDe retour de Tunis où il était convié avec une poignée de journalistes suisses à un voyage de travail à l’invitation de l’Office du Tourisme tunisien, le journaliste et écrivain Alain Bossu a bien voulu partager avec PLANETE PHOTOS, son carnet de voyage.
Après une synthèse de l’interview qu’a donné Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme à Tunis. Dans cet article il nous livre son témoignage sur la manifestation de Tunis du 26 février qui a fait cinq victimes.


Des mondes parallèles
Hôtel The Residence à Gammarth. Un petit groupe de presse suisse vient d’arriver. L’établissement, comme la plupart des hôtels tunisiens, est quasiment désert. Nous sommes trois à désirer nous rendre en ville. Les taxis refusent de nous conduire vers l’avenue Bourguiba. «Notre véhicule est notre outil de travail…»

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Nous finissons par trouver un chauffeur. Il nous dépose et attend au niveau des bâtiments de l’ONTT. Les forces de l’ordre nous expliquent que c’est dangereux et qu’il vaut mieux ne pas aller plus loin. Une rue détournée et nous sommes sur l’avenue Bourguiba. Nous montons jusqu’à la cathédrale et l’ambassade de France entourée de barbelés tout neufs.

Des slogans...

Le long de l’avenue, des slogans immortalisent la révolution du Jasmin. «Démocratie et laïcité », « Thank you Facebook », « Fiers d’être Tunisiens » « La femme tunisienne est libre et le restera ». On assiste à un scénario de va-et-vient. Les manifestants descendent de la médina et avancent, la sécurité recule. Elle remontera dans quelques instants.  Elle doit protéger le ministère de l’Intérieur.

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Tout va très vite, une valse à effets lacrymogènes intensifs. Tirs à balles en caoutchouc, en l’air. Nous nous trouvons entre les deux parties, ça va de plus en plus vite. «Trop dangereux maintenant, mettez-vous à l’abri, intime un policier ou un militaire, pas le temps de se rendre compte. Il indique l’entrée d’une galerie marchande. Le ministère de l’Intérieur est pratiquement en face. Nous entrons dans la galerie marchande. Des gens regardent, discutent. Des boutiques, un restaurant sont saccagés.

Des pneus qui brûlent....

A l’intérieur, on cherche des issues, elles sont bloquées, il faut revenir vers celle de l’avenue Bourguiba. Dehors, en haut, il y a de la fumée noire. « C’est l’hôtel International, avoue une dame sur la foi d’un message SMS. » Rumeur. Impossible, il est juste à une centaine de mètres, on le verrait. Des pneus qui brûlent dans une rue, plus haut? Peut-être. Une bombonne de gaz explosera aussi.

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Au milieu des manifestants, jeunes, d’autres sont plus…dangereux. Ils sont là pour casser. Et pire encore. «Regarde, dit la dame,  ces cagoules, ce sont les milices. » Milices Ben Ali ? « Oui, milices Ben Ali. Ils n’ont que des yeux, des yeux de haine.

Notre chauffeur a peur pour nous
Nous sortons de la galerie. Le chauffeur est à notre recherche. Il a peur pour nous. Nous revenons à la voiture. La place du 7 novembre est déjà débaptisée. Une plaque « 14 janvier 2011 » a déjà pris sa place. Mais tout le monde l’appelle place Bouazizi du nom du martyr qui s’est immolé par le feu et qui est le symbole de cette révolution. La voiture reprend la route de Gammarth. Juste de l’autre côté de la place, une fois passé le cordon de sécurité, la vie semble normale. Les kiosques des fleuristes sont ouverts. Les cafés aussi. Hôtel The Residence, le retour. Musique, un mariage tunisien. Quelques rares touristes sortent du centre de tahalasso.
Ce soir-là, il y aura cinq morts avenue Bourguiba.

Alain Bossu

Place du 14 janvier 2011Tunis-ssssss1111.jpg
Et demain est un autre jour!

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