Les cicatrices de Jac Barron

Résumé : Région parisienne, de nos jours. Un adolescent porté disparu est retrouvé en vie, mais atrocement torturé. Les blessures infligées montrent sans équivoque qu’il s’agit de l’œuvre d’un tortionnaire et que le bourreau recommencera. 

Dans ce thriller angoissant, chacun a sa place. Serge Miller, chargé de l’enquête, Franck Marshall, le pisteur de psychopathes, Marc Dru, le psychologue. Il y a aussi « la proie », un jeune homme perdu qui passe ses nuits dans un célèbre backroom parisien depuis qu’il a été rejeté par son père. Dans son errance, il rencontre un curieux personnage qui l’invite chez lui et le retient prisonnier dans sa cave. Le jeune homme s’aperçoit vite qu’il n’est pas seul, que son bourreau s’acharne sur d’autres victimes et qu’il insiste pour qu’il y participe en offrant ses tortures en spectacle. Et puis, il y a « le prédateur », qui repense souvent à son père, celui qui l’a aidé très jeune à tuer. De son enfance à ce jour, il remonte le courant de son parcours initiatique, il donne un sens à ses actions, une logique. À son tour, il a envie de « partager » son savoir, mais il lui faut trouver quelqu’un qui le comprenne… 

Mon avis : 

Depuis que j'ai entendu parler de ce livre, de cette trilogie devrais-je dire car il ne s'agit que du premier tome de la trilogie des Pulsions... je n'ai qu'une envie : lire et lire et lire... 

Il y a peu, je me suis décidée à me l'offrir et ensuite, lorsque je suis tombée sur cette vidéo là, je n'ai pas pu retenir mes mains de prendre le livre et mes yeux de le commencer. 

Lorsque l'on dit qu'il y a des livres qui ne sont pas à mettre en toutes les mains... Les Cicatrices en fait parti ! Je ne m'attendais à un tel choc (dans le bon sens du terme, cela va sans dire !).

Rien que la couverture est magnifique, travaillée, harmonieuse, terrifiante et captivante. 

Pour commencer il y a un style, une magnifique écriture franche et tonique. L'auteur ne nous laisse aucun répit dans ce premier opus, il nous plonge dans l'histoire en alternant les différents protagonistes à chaque chapitre mais surtout en écrivant à la première personne du singulier pour chaque : on se plonge dans la tête de chacun, on tente de comprendre les méandres de leurs esprits. Chacun a sa place et il y a une place pour chacun. 

Il en devient vraiment difficile de lâcher le livre et de ne pas avoir la sensation de sortir d'une autre dimension, c'est une immersion totale que j'ai vécu.

L'histoire n'y ait pas pour rien non plus, un "tueur en série" qui sévit, qui s'acharne, des destins qui s'entrechoquent et se confrontent, se mêlent... A partir d'un chaos total, Jac Barron répand l'ordre. C'est ce que j'ai ressenti à la fin de ma lecture, j'en suis restée... je ne trouve pas de terme qui définisse comme il se doit ce que j'ai ressenti mais c'était très fort. 

J'ai été fortement ébranlée, le crescendo de cruauté auquel on assiste : une torture autant morale que psychologique, il faut avoir le coeur bien accroché par moment car on visionne, grâce aux mots qui glissent dans notre esprit, des images incroyablement chocs et trashs, ceux qui aiment le gore vont adorer.

Pourtant, derrière cette histoire, il y a quelque chose de plus profond, de plus véritable : une réflexion sur notre société actuelle : une société de névrosés, de dénis constants, d'égocentricité, de dominations (à contrario d'influençabilités et de suiveurs), une société qui porte des oeillères.

On y parle de l'homosexualité masculine... Ce sujet qui demeure encore à notre époque plus que tabou. Un sujet qui dérange, qui fâche...   

Tout y est apporté de façon très intelligente, tout est tangible et il y a un cliché que j'ai adoré, lorsque l'un des personnages prononce : "Avez-vous un mandat ?"

Juste pour rappel, nous sommes en France !!!!! Les mandats de perquisition et/ou pour rentrer chez une personne, ça n'existe pas ! Il y a bien un papier que l'officier de police judiciaire se doit de faire signer avant de fouiller chez une personne (article 76 du CPP - à exclure lorsque c'est un flagrant délit), et l'OPJ doit être arrivé entre 6h et 21h. 

J'ai ressenti la recherche, le travail de fond qu'a effectué l'auteur, ce qui prouve à quel point il s'est investi dans ce livre. J'ai toujours attendu de pouvoir lire un livre comme celui-ci... 

Je viens d'ailleurs de me commander le deuxième opus qui s'intitule Plasma et ensuite je m'offrirais le tome 3, Impulsions, qui sort le 15 mars ! 

Jac Barron est un auteur français vraiment prometteur !  

Quelques citations : 

* Le Français devient américain, puissant et lâche. Nous savons que l'inhumain et les culs-bénis sont comme un couple de névrosés. Notre pays vit dans la peur : la bonne aubaine pour nos hommes politiques complètement largués qui l'alimentent ! La France a aussi peur de découvrir son propre visage.

* On a tous besoin de penser à quelqu'un pour avoir le courage de rester debout. 

Juste pour allécher, le livre s'ouvre ainsi : 

Mon père le traîne par les cheveux et l'attache autour du chêne avec la corde tressée. Il lui enlève le garrot de la bouche. Il respire à pleins poumons. Il sait que c'est là qu'il va mourir. Il me regarde, ne regarde plus que moi. Je vois ses cheveux de jais, ses cernes et sa bouche rosie par le sang dans sa gorge. "Tu dois faire une incision, juste là", m'avait dit mon père, alors que je tenais la lampe de poche pour éclairer la gorge d'une autre garçon, trois mois plus tôt. Mon père me donne les tenailles et me pousse vers lui. l'adolescent me fixe et je sens une immense tristesse se dégager de son corps. C'est un parfum très spécial, la peur. J'ai vite appris à reconnaître celles et ceux qui en sont imprégnés.