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Les sondages manipulent l'opinion

Publié le 09 mars 2011 par Vindex @BloggActualite
Les sondages manipulent l'opinion-Les sondages sont devenus omniprésents-

On en entend parler partout,tous les jours et sur n’importe quel sujet, de la personnalité préférée des Français à leur plat favori. Je parle bien entendu des sondages. Mais ces derniers sont accusés de manipuler l’opinion publique alors qu’ils sont normalement utilisés soit disant pour l’informer. Mais qu’est ce qu’un sondage ? « C’est une enquête statistique visant à donner une indication quantitative, à une date déterminée, des opinions, souhaits, attitudes ou comportements d’une population par l’interrogation d’un échantillon représentatif de celle-ci (panel) selon la méthode des quotas ou de la méthode aléatoire » (loi de 1977).

Ces sondages prennent la température d’une opinion publique qui a commencé à se forger vers la fin du XVIIIème siècle, avec l’apparition progressive de la presse en France. Cette opinion fut sondée pour la première fois en France vers la fin des années 30, l’IFOP (Institut Français d’ Opinion Publique) étant créée en 1938. Les Etats-Unis furent en la matière des précurseurs, sondant l’opinion dès les années 30 à l’occasion de la politique étrangère et des risques de guerre mondiale. Mais à l’époque, ces « scrutins » se faisaient sur des échantillons plus importants que nos sondages actuels.

Le Sénat a examiné lundi 14 février, une proposition de loi visant à mieux encadrer les sondages politiques. Cette proposition est issue d’un rapport remis à la commission de loi du Sénat en octobre 2010. Il explique tout d’abord, que les sondages faussent la sincérité du débat politique.Premièrement, en l’homogénéisant autour des thèmes supposés majeurs. Les politiques essayent alors de s’adapter à ces thèmes alors qu’ils ne sont pas forcement ceux que les Français préfèrent. Ensuite, ils seraient un instrument de manipulation de l’opinion en mettant en avant les thèmes portés par ceux qui ont les moyens, politiques et financiers, de les faire relayer par le biais d’enquêtes d’opinion.

On peut aussi être en droit de se demander s’ils sont fiables. En effet, les instituts de sondages ont de plus en plus de difficulté à trouver des gens qui veulent bien répondre. Ils ont trouvé la parade en faisant leurs sondages par internet. Pour attirer le client, ils lui offrent des cadeaux. Même si des vérifications sont faites et que le panel est respecté, il peut y avoir des erreurs. Celles-ci sont évaluées à plus ou moins 3-4%. Surtout, le fait de donner des cadeaux pour obtenir une réponse revient à marchander l’opinion !

Les sondages influencent les électeurs. C’est la principale critique qui leur est faite. Ils sont censés les informer mais ils les orientent indirectement. Ensuite, les sondages font les candidats. Il faut savoir que Ségolène Royale a été investie comme candidate par les militants socialistes en 2006, pour les élections présidentielles de 2007, car elle était la mieux placée dans les sondages et les médias par conséquent (Le Monde, 16 février).

Que peut donc la loi contre cela ? La proposition de loi du Sénat vise à limiter le nombre de sondages. Cela obligerait les instituts à se montrer plus soucieux sur la façon de sonder la population. Il faut rappeler que la publication de sondages est interdite la veille et le jour de l’élection mais ça ne change pas grand-chose. Il faudrait peut-être étendre cette durée à quelques semaines voir un ou deux mois avant les élections.

Le plus incroyable est cette succession de sondages pour savoir quelle personnalité politique atteindra le second tour de l’élection présidentielle qui se déroulera au moment où j’écris, dans 14 mois ! Il est bien entendu totalement impossible de se fier à de tels résultats, le vote étant trop éloigné et beaucoup de choses pouvant encore changer. De même, on ne connaît pas tous les candidats. L’expérience prouve que les sondages à un an des élections ne sont pas fiables. Exemple très célèbre de Jacques Chirac qui n’était même pas au second tour des élections présidentielles dans les sondages, un an avant. Il était devancé par Lionel Jospin et Edouard Balladur qui bénéficiait tout de même d’un tiers des intentions de vote. Un sondage original avait été lancé aussi à cette époque. Imaginez que vous soyez en pleine guerre poursuivis par la Gestapo, iriez-vous vous réfugier chez Chirac ou Balladur ? Les vingt personnes qui y ont répondu ont toutes choisi l’ancien président. Un autre exemple encore, en 2002, avec Jean-Marie Le Pen. Ce dernier n’est apparu comme candidat probable au second tour que le vendredi avant les élections et dans très peu de sondages. On connaît le résultat.

L’opinion peut donc basculer jusqu’au dernier moment. C’est pour cela qu’il faut savoir critiquer les sondages et ne pas se reposer entièrement sur eux. Il faut plutôt étudier les grandes tendances qu’ils dégagent comme la progression ou la baisse d’un candidat. Malheureusement, les médias ont rarement cette attitude. Elle est pourtant indispensable pour s’y retrouver dans toutes ces études et cesser de vivre dans la dictature du sondage.

Les sondages occultent qui plus est le débat politique, qui devrait être le seul à orienter les citoyens dans leur vote.

Source : Le Monde

Florian Thomas.


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