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[BD]Young Lovecraft : Cthulhu en culottes courtes

Publié le 10 mars 2011 par Vance @Great_Wenceslas

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Un album écrit par José Oliver et dessiné par Bartolo Torres, édition KettleDrummer Books 2009.

Présentation :Howard Lovecraft est un garçon brillant mais renfermé, élevé par ses tantes à Providence. Il n’aime pas le sport et n’a aucun ami, il leur préfère la lecture des grands classiques de la littérature (auxquels il imagine des fins plus macabres), se promener dans les cimetières et surtout s’adonner à la magie noire…

Une chronique de Vance

Incontestablement, ce petit album au format italien, traduit de l’espagnol et récupérant une grande partie des petits strips qui ont fait le buzz en ligne sur leur propre blog, est un livre qui plaira aux geeks, plus particulièrement aux (anciens ou nouveaux) rôlistes, amateurs de dark fantasy ou complétistes admirateurs de Lovecraft.

Assurément, les deux auteurs peuvent complètement se retrouver dans cette description (j’ai oublié de mentionner les métalleux et gothiques) et ils ne se privent pas d’ailleurs de préciser dans un édito spécifique à l’édition anglaise que, selon leur propre opinion, Lovecraft était déjà un geek. Et, finalement, compte tenu de sa solitude et de son repli sur soi, on n’est pas loin de la vérité, même si les multiples biographies sur le père du Mythe de Cthulhu ont également terni (ou enrichi, suivant le point de vue) son image en abordant ses pathologies refoulées, sa misogynie, sa xénophobie et autres travers liés aux particularités de son existence (imaginez un reclus entouré de chats et élevé par deux femmes, ne communiquant que par lettres avec son entourage). Oliver et Torres ont préféré d’ailleurs se pencher sur cette enfance avec un regard à la fois attendri et respectueux, mais en la transposant à notre époque. Le résultat est étonnant, plus drôle que cynique, empreint d’une forme de poésie quelque part entre les Simpson et Tim Burton : sans doute la conséquence du choix du format (des strips, avec parfois un sujet qui se prolonge sur plusieurs mini-histoires) et du graphisme (noir et blanc et quelques taches de rouge).

 

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Avec la redondance habituelle à ce genre, on assiste à des tranches de vie prises dans une certaine continuité : Howie (le petit Lovecraft), persécuté par Big Joe qui lui pique son goûter, en est réduit à invoquer l’œil de Rammenoth (tout simplement parce qu’il ne sait pas se battre) : la réussite toute relative de son entreprise l’encouragera à persévérer. Il créera un golem pour faire ses devoirs puis se liera d’amitié avec une goule hantant les cimetières (que tout le monde prendra pour un gentil chien-chien), voyagera à dos de Byakhee et ira faire la fête avec les fantômes de Baudelaire, Rimbaud et Poe en compagnie de Siouxie, une fille de son âge pleinde d’émergie mais qui partage certaines de ses passions. De temps en temps, on le surprend à imaginer des fins alternatives à l’Ile au trésor, au Corbeau, à Moby Dick, le Tour du monde en 80 jours ou encore Don Quichotte avec la plupart du temps l’intervention d’un Grand Ancien (très réussies d’ailleurs,  pleines d’humour noir).

 

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Les clins d’œil, s’ils sont légion (a fortiori puisqu’à la base de l’ouvrage), n’empêcheront pas un lecteur profane d’apprécier. Certes, l’auteur citera le Necronomicon et évoquera quelques-unes des figures tutélaires du panthéon lovecraftien (Cthulhu, bien sûr, nommé ici « Cthulhulhu », mais aussi Shub-Niggurath, Yog-Sothoth, Dagon, les Mi-Go, les Byakhees, Ubbo-Sathla), mais on aura aussi droit au… Père Noël. Bien que souvent sanglantes, les illustrations ne sont pas à proprement parler nauséeuses ou glauques et, hormis deux ou trois allusions gentiment sexuelles (comme Rammenoth qui explique comment cette sorcière australienne se fait du bien avec une partie de son corps), il n’y a pas de quoi réserver cela à un public averti.

 

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L’album est complété par une galerie d’illustrations faites par d’autres artistes.

Au final, un petit ouvrage agréable qui ravira les amateurs.

Ma note : 3,8/5


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